New York, le 13 juin 2013–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a aujourd’hui demandé à la cour d’appel du Cameroun d’annuler en appel la condamnation pour diffamation prononcée contre un journaliste le 5 juin courant.
Charles Fils Élangué, chef du desk Culture de la chaîne de télévision privée ABK TV, a été reconnu coupable de diffamation par des magistrats du tribunal de première instance de Ndokotti à Douala, la capitale économique du Cameroun, et condamné à une peine de prison avec sursis de 12 mois et une amende de 500.000 francs CFA (soit 1.010 dollars américains), selon le journaliste et des médias. Élangué a également été condamné à payer 2 millions de francs CFA (soit 4.000 dollars américains) de dommages et intérêts à Lisa Anye, la plaignante qui est par ailleurs l’épouse du musicien camerounais Francis Victor Njoh, plus connu sous le nom de Njohreur, selon les mêmes sources. Le journaliste avait été déféré par la police à la prison de New Bell immédiatement après sa condamnation, ont-elles précisé.
Toutefois, Élangué a dit au CPJ qu’il a été libéré le 11 juin après avoir payé l’amende. Quant à son avocat, Henry Ngomsu, il a déclaré avoir fait appel de la condamnation.
Cette condamnation découle d’une plainte de Mme Anye contre Élangué suite à un article que ce dernier avait publié en mai 2011, alors qu’il était reporter du défunt site d’information Kaï Walaï, selon des journalistes locaux. L’article avait rapporté l’arrestation de Mme Anye dans le cadre d’un litige portant sur la vente d’un véhicule, a déclaré Élangué au CPJ. La plaignante a nié avoir été arrêtée, selon des médias. Le journaliste a déclaré au CPJ qu’il avait des preuves, dont une vidéo de l’arrestation, pour justifier ses affirmations.
«Les personnes qui pensent avoir ont été diffamées ont évidemment le droit de demander réparation devant les tribunaux civils, mais la diffamation ne doit pas être une affaire criminelle », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons à la cour d’appel d’annuler la condamnation de Charles Fils Élangué et exhortons les autorités camerounaises à dépénaliser la diffamation », a-t-il ajouté.
Un autre journaliste camerounais, Jean-Marie Tchatchouang, directeur de publication de l’hebdomadaire Paroles, a été libéré de prison le 24 mai dernier après avoir purgé une peine de deux mois qui lui avait été infligée en mars. Le journaliste a été reconnu coupable de diffamation pour avoir rapporté des allégations de détournement de fonds à la Société camerounaise de transport urbain (SOCATUR).
- Pour plus de données et d’analyses sur le Cameroun, veuillez cliquer ici.