New York, le 30 janvier 2012– La condamnation de deux journalistes en République centrafricaine pour leurs reportages critiquant un ministre constitue une censure politique, a déclaré le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Vendredi dernier, un juge de Bangui, la capitale centrafricaine, a condamné Ferdinand Samba, directeur de publication de l’hebdomadaire privé Le Démocrate, sous des accusations de diffamation, d’offense et d’incitation à la haine pour une série d’articles remontant à septembre 2011 critiquant le ministre centrafricain des Finances, Sylvain Ndoutingaï, selon des médias. Seule l’accusation d’incitation à la haine est passible d’une peine d’emprisonnement en vertu de la loi sur la presse de 2005 de ce pays, a dit au CPJ l’avocat du journaliste, Nicolas Tiangaye.
M. Samba, qui est emprisonné depuis la mi-janvier sur la base d’une plainte de M. Ndoutingaï, a été condamné à 10 mois de prison ferme et une amende d’1 million de francs CFA (soit 1.976 dollars américains), ont rapporté des médias. Le juge a également ordonné au journaliste de payer 10 millions de francs CFA (soit 19.762 dollars américains) de dommages et intérêts au ministre des Finances et infligé une suspension pour un an à l’hebdomadaire Le Démocrate. Me Tiangaye a dit au CPJ que bien qu’il ait immédiatement interjeté appel après le verdict, les autorités avaient déjà fermé les studios dudit journal et remmené le journaliste à la Prison centrale de Ngaragba à Bangui.
Un autre directeur de publication, Patrick Agoundou du journal progouvernemental La Plume, a été condamné par contumace sous des accusations similaires, selon des médias. Ce journaliste avait rédigé des articles critiquant la gestion des finances publiques par M. Ndoutingaï et avait fait des reportages sur des allégations d’abus de pouvoir et de détournement de la part du ministre, ont dit au CPJ des journalistes locaux. Craignant d’être arrêté, M. Agoundou s’est enfui du pays il y’a quelques semaines, ont déclaré des journalistes locaux.
« La décision du juge de suspendre l’hebdomadaire Le Démocrate pour un an et d’infliger des peines de prison à Ferdinand Samba et Patrick Agoundou a un mobile politique visant à museler les voix indépendantes », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. Nous demandons à la cour d’appel d’annuler la peine de prison contre M. Samba et exhortons les autorités centrafricaines à libérer ce journaliste immédiatement », a-t-il martelé.