New York, le 17 juin 2011–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) condamne la détention par la Guinée-Équatoriale d’une équipe de télévision allemande et la saisie et la destruction de pellicules de vidéo que les autorités ont jugé susceptibles de ternir l’image du pays.
le 11 juin dernier, des agents de sécurité d’État en civil, dirigés par Teobaldo Nchaso Matomba, directeur de la chaîne de télévision publique de la Guinée-Équatoriale, TVGE, ont arrêté Jörg Brase, Michael Berger et Stanley Oriaro, respectivement reporter, caméraman et assistant caméraman de la deuxième chaîne de télévision allemande, ZDF, ainsi que leur guide-interprète, identifié uniquement sous le nom de « Robert », alors qu’ils filmaient un concert au centre culturel français à Malabo, a dit au CPJ Christine Otieno, productrice de la dite chaîne allemande. L’équipe de tournage de la ZDF a été emmenée dans les studios de la TVGE où des agents de sécurité et M. Matomba leur ont ordonné de remettre toutes leurs images vidéo, selon un communiqué.
Les trois journalistes et leur guide-interprète ont été détenus pendant cinq heures, tandis que M. Matomba a ordonné à deux hommes, qui prétendaient travailler pour une société de production espagnole appelée Elipse, de supprimer toute séquence susceptible de ternir l’image du pays, notamment une interview avec un leader de l’opposition et des images d’enfants jouant dans des bidonvilles, selon M. Otieno. Les journalistes ont été conduits à l’aéroport quelques heures plus tard. Les autorités du pays ont alors confisqué les cartes mémoire contenant des images d’une interview avec un avocat des droits humains. Leur accompagnateur local aurait par la suite signalé avoir été brièvement détenu et menacé menacé de ne pas travailler avec les journalistes étrangers, a dit M. Otieno.
Le 5 juin courant, le jour où l’équipe de la ZDF est arrivée en Guinée-Équatoriale, le président de ce pays Teodoro Obiang a déclaré dans un discours marquant son 69ème anniversaire qu’il n’ya pas de violations des droits humains dans son pays.
« Les actions des agents de sécurité d’État contre l’équipe de la ZDF sapent l’affirmation du président selon laquelle la Guinée-Équatoriale est un pays où les droits humains ne sont pas violés », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Ce n’est qu’une dernière tentative arbitraire de censurer l’image que le monde peut avoir de ce pays. Nous appelons les autorités équato-guinéennes à rendre les cartes de mémoire de la ZDF immédiatement », a-t-il martelé.
Les autorités équato-guinéennes à Malabo et à Washington n’ont pas immédiatement répondu aux tentatives répétées du CPJ de les joindre par téléphone et par courriel pour des commentaires sur ces allégations.
L’équipe de la ZDF est arrivée en Guinée-Équatoriale pour faire des reportages sur le football féminin et l’état général des affaires du pays, a déclaré ladite station dans un communiqué cette semaine. Ils ont souligné qu’ils travaillaient avec une accréditation officielle mais sous une étroite surveillance du gouvernement.
Le gouvernement du président Teodoro Obiang, qui est aussi président en exercice de l’Union Africaine, est l’un des dix pays maîtres de la censure dans le monde, selon une étude de la CPJ publiée en 2006.