New York, le 17 mai 2011–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) se félicite de la libération lundi dernier de Jean Claude Kavumbagu, directeur du journal en ligne Net Press, mais remet toujours en cause les accusations initiales portées contre ce journaliste.
Le 13 mai courant, le tribunal de grande instance de Bujumbura, la capitale burundaise, a abandonné les charges de trahison qui pesaient contre M. Kavumbagu et condamné ce dernier à huit mois de prison et une amende de 100.000 francs burundais (soit 80 dollars américains) pour avoir publié des « nouvelles qui portent atteinte au crédit de l’Etat et à l’économie nationale », selon Gabriel Sinarinzi, avocat de la défense. Les autorités burundaises ont ainsi libéré M. Kavumbagu lundi dernier car il avait déjà passé 10 mois en détention provisoire à la prison de Mpimba de Bujumbura.
« Tandis que nous sommes très soulagés d’apprendre que le journaliste Kavumbagu a finalement été libéré, nous estimons qu’il n’y avait aucune raison de le maintenir en détention provisoire », a déclaré Tom Rhodes, consultant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. « Les autorités burundaises doivent dépénaliser les délits de presse et permettre aux journalistes de rendre compte de l’actualité de manière critique, sans avoir recours à des tactiques d’intimidation », a-t-il ajouté.
M. Kavumbagu avait été arrêté le 17 juillet 2010 et accusé de trahison pour un article qui avait mis en doute la capacité des forces de sécurité burundaises à assurer la sécurité nationale. Ce journaliste avait publié cet article le 12 juillet 2010, le lendemain d’un double attentat à la bombe revendiqué par le groupe d’insurgés somaliens d’Al-Shabaab qui avait frappé Kampala, dans l’Ouganda voisin. Cependant, Me Sinarinzi déclaré au CPJ que ces accusations de trahison ne sont applicables qu’en temps de guerre.
Le ministère public avait ainsi placé ce journaliste en détention provisoire, une décision qui n’est applicable qu’aux prévenus s’étant déjà soustraits aux obligations découlant des mesures de contrôle judiciaire prescrites.
En outre, M. Kavumabgu a confié au CPJ que cinq gouvernements successifs l’avaient arrêté pour ses reportages critiques. Toutefois, ce journaliste en ligne n’a été condamné dans aucun de ces cas ni posé aucun risque de fuite.
Bien qu’il ait passé sa plus longue période en détention à la prison de Mpimba, conçue pour 800 détenus mais qui en abrite actuellement 3.500, M. Kavumbagu envisage de reprendre le travail à Net Press la semaine prochaine. « Je suis très heureux de retrouver ma famille et de jouer à nouveau avec mes enfants », a-t-il dit au CPJ.