New York, le 28 mars 2011–Les autorités camerounaises doivent mettre fin au harcèlement judiciaire des journalistes qui font des reportages sur des allégations de corruption publique, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) après qu’un tribunal de Douala a infligé une peine de prison avec sursis à un directeur de publication et frappé d’interdiction son journal pour des reportages sur des allégations de mauvaise gestion dans une société de transport.
Vendredi dernier, un panel de trois magistrats de la ville commerciale de Douala a reconnu Jean-Marie Tchatchouang, directeur de publication de l’hebdomadaire Paroles, coupable de diffamation en vertu du code pénal camerounais, et l’a condamné à une peine d’emprisonnement de six mois avec sursis et une amende de 185.200 francs CFA (390 dollars américains). Le tribunal a également ordonné à M. Tchatchouang de payer la somme d’1 million de francs CFA (2.100 dollars américains) en dommages-intérêts et suspendu son journal indéfiniment, selon des journalistes locaux et des médias. Le journaliste dit au CPJ qu’il a fait appel de ce verdict.
« Nous condamnons la peine infligée à Jean-Marie Tchatchoung ainsi que l’interdiction catégorique de son journal », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons à la Cour d’appel de casser ce verdict, qui est synonyme de censure des reportages sur une question d’intérêt public », a-t-il ajouté.
Les accusations sont liées à la publication par l’hebdomadaire Parole de lettres du personnel actuel et ancien de la Société camerounaise de transport urbain (SOCATUR), qui ont fait des allégations de mauvaise gestion et d’abus par son PDG, Jean Ernest Ngallè Bibéhé, et son épouse, également directrice des ressources humaines de ladite société. Le couple a nié toute malversation.
Un autre journaliste camerounais, Raphaël Nkamtchuen, directeur de publication de la revue La Boussole, est également poursuivi pour détention d’un document administratif confidentiel suggérant une prétendue ingérence du pouvoir exécutif dans une enquête officielle sur la corruption.