New York, le 26 août 2010–Le Comité pour la protection des .journalistes (CPJ) condamne la décision mercredi dernier d’un juge d’un tribunal correctionnel de Lomé d’interdire un journal sur l’étendue du territoire togolais. Le journal avait soulevé des interrogations sur l’implication présumée d’un demi-frère du président Faure Gnassingbé dans une affaire de trafic de drogue.
L’interdiction de Tribune d’Afrique, un bimensuel privé basé au bénin et ayant un bureau à Lomé, était fondée sur une plainte déposée par Mey Gnassingbé, un conseiller du président, pour publication de fausses nouvelles et diffamation en vertu du code de la presse du Togo de 1998 ainsi que du code pénal, selon l’avocat de la défense, Me Darius Atsoo.
Le juge a également ordonné au journal de payer 60 millions de francs CFA (environ 113.000 dollars américains) de dommages et intérêts à M. Gnassingbé. Il a également infligé à Aurel Kedoté, Cudjoe Amekudzi, Marlène de la Bardonnie, respectivement directeur de publication, reporter et directrice générale dudit journal, une amende de 2 millions de francs CFA (environ 3.800 dollars) chacun, a dit Me Atsoo, qui a indiqué que la défense ferait appel du verdict. Il a également souligné que le procès s’est tenu sans la présence d’un avocat pour le journal et que ce dernier n’était pas ainsi en mesure de présenter sa défense.
« Nous condamnons cette décision sévère contre Tribune d’Afrique qui constitue un acte de censure sur des reportages indépendants », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons à la cour d’appel d’annuler ce verdict », a-t-il ajouté.
M. Gnassingbé a intenté un procès contre Tribune d’Afrique en mai dernier, suite à la publication du premier article d’une série d’enquêtes en trois volets intitulée « La poudre blanche qui noircit les palais présidentiels: Le trafic de drogue au sommet de l’État. Mey Gnassingbé indexé », selon le directeur de la rédaction et fondateur du journal, Max Carmel. Cependant, M. Gnassingbé a nié les allégations dans une interview avec le journal en mai dernier.
Lancé en 2005, Tribune d’Afrique est vendu et distribué dans sept pays ouest-africains, dont le Togo, où il avait le plus grand tirage, selon M. Carmel. Ses reportages critiquant la gestion du gouvernement togolais lui auraient valu un harcèlement des autorités togolaises, notamment des mises en gardes de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) contrôlée par l’État, ainsi que la perte de recettes publicitaires provenant du gouvernement.