Un journaliste togolais tué dans l’attentat de Cabinda

New York, le 11 janvier 2010Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a appelé aujourd’hui les autorités angolaises à assurer la sécurité des journalistes sportifs couvrant la Coupe d’Afrique des nations (CAN), à la suite de la mort d’un reporter sportif togolais vendredi dernier. 

Ce journaliste, Stanislas Ocloo, a été abattu dans l’attaque contre le bus de l’équipe nationale de football du Togo dans l’enclave de Cabinda située au nord-ouest de l’Angola. L’entraîneur adjoint de l’équipe togolaise, Hamelet Abulo, a également été tué dans cette attaque, selon l’Agence angolaise de presse (ANGOP). Au total, trois personnes ont été tuées et neuf autres blessés dans cet incident, a rapporté aujourd’hui la chaîne de télévision américaine, CNN. 

M. Ocloo,  qui était animateur sportif à la chaîne de la Télévision Togolaise (TVT) et le chargé de communication de la fédération  togolaise de football, est décédé à l’âge de 35 ans samedi matin (heure locale), quelques heures avant le coup d’envoi de la CAN qu’il allait couvrir, selon des médias. Blaise Amedodji, qui, depuis 2007, animait avec M. Ocloo une émission sportive hebdomadaire à la TVT intitulée « Club du samedi »,  a déclaré au CPJ que son confrère comptait mener pour la station des entrevues avec des stars africaines du football.

Les autorités angolaises ont annoncé aujourd’hui l’arrestation de deux suspects qui seraient parmi les auteurs de l’attaque, revendiquée par le mouvement séparatiste du Front pour la libération de l’enclave de Cabinda (FLEC), selon des médias. Il convient cependant de souligner que l’insurrection indépendantiste dans cette région a été de faible intensité depuis des décennies.

« Nous pleurons la perte de Stanislas Ocloo, un journaliste sportif qui a été victime d’une violence politique aveugle à Cabinda », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ,  Tom Rhodes. « Les autorités angolaises doivent mener une enquête approfondie sur les circonstances de cet incident odieux pour traduire en justice les auteurs et assurer la sécurité des journalistes couvrant la CAN », a-t-il ajouté. 

Selon des journalistes locaux, le bus de l’équipe togolaise a été mitraillé par des hommes armés cagoulés,  environ 15 minutes après que le véhicule a franchi la frontière de Cabinda, en provenance de  la République du Congo voisine. Ainsi, le Togo s’est retiré du tournoi, décrétant trois jours de deuil national qui a commencé aujourd’hui. L’Union des journalistes indépendants du Togo (UJIT) a qualifié l’incident d’ « agression sauvage », appelant les autorités angolaises à assumer la responsabilité de cette défaillance sécuritaire.

Certains collègues de M. Ocloo qui ont parlé au CPJ aujourd’hui depuis la capitale togolaise, Lomé, ont décrit sa mort comme une grande perte. « Il était très, très intelligent, un homme de combat et de conviction », a déclaré M. Amedodji. Un autre journaliste local, Dimas Dzikodo, un confrère de M. Ocloo à la fédération togolaise de football, a déclaré au CPJ qu’il garde de ce journaliste le souvenir d’« un jeune homme très dévoué », reconnu pour sa maîtrise de l’analyse sportive au niveau national, continental et international. M. Ocloo a commencé sa carrière de journaliste en 1995 comme consultant pour une émission de jeunesse à la radio privée Tropic FM. Il a ensuite travaillé comme reporter à la station Avenir FM avant de rejoindre en 2001 la première radio sportive du Togo, Sport FM, selon M. Amedodji. Le défunt journaliste s’était fiancé le mois dernier, selon des journalistes locaux.