New York, le 3 août 2009—Deux directeurs de publications nigériens, dont les hebdomadaires ont publié des articles portant sur des accusations de corruption impliquant un ministre et la Commission nationale des droits de l’homme du Niger, sont placés en garde à vue depuis samedi dernier, selon des journalistes locaux et des médias.
Abdoulaye Tiémogo et Ali Soumana, respectivement directeurs de publication des hebdomadaires privés >Le Canard Déchainé et sont détenus au Commissariat Central de Police de Niamey, la capitale nigérienne, et pourraient être officiellement inculpés mercredi prochain, selon l’avocat de la défense, Karim Souley. Ces journalistes ont été arrêtés à la suite de plaintes pour diffamation déposées par le ministre de la Justice et Garde des Sceaux du Niger, Garba Lompo, et la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés fondamentales de ce pays, a souligné Me Souley.
Le Canard Déchainé a publié un article alléguant que M. Lompo, pendant qu’il était président de ladite commission, avait détourné plusieurs millions de francs CFA destinés à une étude sur l’esclavage au Niger. Cependant, le ministre a nié cette accusation. Quant au Courrier, il a publié un article indiquant que ladite commission a détourné 350 millions de francs CFA (environ 760,000 dollars américains) qui devaient être utilisés dans le cadre de la supervision du référendum organisé au Niger ce mardi et portant sur un projet d’amendement constitutionnel visant à lever la limitation nombre de mandats présidentiels dans ce pays, selon des journalistes locaux. Les membres de la commission ont aussi nié cette accusation.
« La détention d’Abdoulaye Tiémongo et d’Ali Soumana entre dans le cadre d’une tendance inquiétante au harcèlement des journalistes indépendants faisant des reportages sur la corruption au Niger », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. « Ils doivent être immédiatement libérés et autorisés à travailler librement », a-t-il martelé.
Samedi dernier, la police nigérienne a interpellé et auditionné Tiémogo, Soumana ainsi que six autres directeurs de publication d’hebdomadaires privés, à la suite de la publication d’articles impliquant le fils du président Tandja dans un scandale de versement de pot-de-vin issus des bénéfices de l’exploitation de l’uranium au nord du Niger, selon des médias et des journalistes locaux. Cependant, ni l’administration nigérienne ni la famille présidentielle n’ont réagi publiquement à cette accusation.
Toutefois, les six autres directeurs de publication–Moussa Aksar de L’Evènement, Zakari Alzouma d’Opinions, Abard Mouddour Zakara de L’Actualité, Oumaro Keita du Républicain, Ibrahim Souley de L’Enquêteur et Assane Sadou du Démocrate–ont été libérés sans inculpation au bout de quelques heures.