La police dans la province de Ngozi au nord du Burundi, a arrêté les journalistes Emmanuel Ndayishimiye et Juma Zuberi ainsi que le chauffeur Aimé Masabo, qui travaillent tous pour le réseau de radiodiffusion privée, Radio Publique Africaine (RPA), ont déclaré les journalistes locaux au CPJ.
Par ailleurs, Alexis Sinduhije, le fondateur de RPA devenu politicien qui a été libéré de prison la semaine dernière, voyageait à bord d’un autre véhicule avec ces journalistes. Ils rentraient ensemble de la province voisine de Kirundo où M. Sindujije était parti soutenir la famille d’un membre de son parti politique qui a été arrêté.
M. Sindujije a dit que la police avait fouillé le véhicule des journalistes au moins trois fois avant de déclarer y avoir découvert un fusil d’assaut de type AK-47. Il a été libéré cet après-midi, mais les journalistes, leur chauffeur et quatre autres personnes, dont un militaire qui a déclaré avoir été pris en cours de route par ces journalistes, vont devoir passer la nuit en garde à vue.
« Nous sommes profondément troublés par ces arrestations et demandons la libération immédiate d’Emmanuel Ndayishimiye, de Juma Zuberiet d’Aimé Masabo», a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. «Ces arrestations visent à effrayer les médias couvrant les activités d’un dissident politique », a-t-il martelé.
Par ailleurs, un tribunal de la capitale burundaise, Bujumbura, a rejeté aujourd’hui les accusations de diffamation contre Jean-Claude Kavumbagu, l’éditeur de l’agence de presse en ligne Net Press, a déclaré au CPJ l’avocat de la défense, Gabriel Sinarinzi.
M. Kavumbagu, qui a été emprisonné pendant six mois, devrait être libéré demain en attendant les formalités administratives, selon son avocat.
S’adressant aujourd’hui au CPJ depuis la prison de Mpimba, M. Kavumbagu a dit que son acquittement était le fruit de la pression locale et internationale.
«Nous nous félicitons de la libération de Jean-Claude Kavumbagu, qui n’aurait jamais du passer six mois derrière les barreaux », a déclaré Tom Rhodes du CPJ. « Les autorités du gouvernement burundais ne devraient pas traduire les médias en justice sur la base d’accusations de diffamation », a-t-il ajouté.
M. Kavumbagu a été arrêté le 11 septembre 2008, sur la base d’un article citant des sources anonymes du gouvernement burundais et déclarant que le président burundais, Pierre Nkurunziza, aurait dépensé 100.000 dollars américains lors de son voyage en Chine pour les Jeux olympiques d’été de 2008. Le secrétaire général du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba, qui a introduit la plainte contre le journaliste, a soutenu que le président n’avait dépensé que la moitié de ce montant, selon les médias locaux.
Dans le recensement annuel des journalistes emprisonnés à travers le monde pour leur travail au 1er décembre 2008, mené par le CPJ, M. Kavumbagu était le seul journaliste en ligne incarcéré en Afrique sub-saharienne. Les recherches du CPJ ont ainsi décelé que l’emprisonnement de journalistes en ligne est une tendance croissante dans le monde entier.