Le Comité pour la protection des journalistes est indigné par les reportages selon lesquels un journaliste a été admis en soins intensifs après avoir été sévèrement brutalisé le 5 décembre dans l’enceinte de la présidence du Gabon où il avait été convoqué.
Le journaliste du nom de Habib Papy Boubendji, a déclaré au CPJ qu’il a été convoqué à la présidence pour un interrogatoire suite à la parution, Le Nganga, a dit qu’il a été agressé à coup de matraques par des membres de la garde présidentielle. Il a précisé qu’il n’est plus en soins intensifs mais qu’il est toujours hospitalisé à la capitale gabonaise, Libreville, du fait de plusieurs douleurs persistantes, des côtes brisées et des contusions.
Dans un entretien téléphonique avec le CPJ aujourd’hui, Raphaël Ntoutoume Nkoghe, le conseiller spécial du président gabonais chargé des relations avec les médias, a déclaré qu’il n’était pas au courant de cette bastonnade, mais a reconnu avoir vu M. Boubendji peu avant l’incident dans le bureau d’un garde présidentiel qu’il ne saurait identifier. Il a cependant souligné que son bureau va ouvrir une enquête sur cette affaire.
« Nous appelons les autorités gabonaises à expliquer comment Habib Papy Boubendji a été si sévèrement brutalisé à la présidence », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ , Tom Rhodes. «Nous demandons également au procureur de la république d’ouvrir immédiatement une enquête sur cette affaire et de traduire en justice tous les auteurs de ce crime », a-t-il martelé.
Selon des journalistes sur place, des gendarmes en civil ont ensuite pris M. Boubendji de la présidence et auraient fait une descente à son domicile, y saisissant des documents, des appareils photos, un magnétoscope et une clef USB , avant de l’emmener à l’hôpital. Ces agents auraient exigé une copie de l’édition du 27 novembre du journal Le Nganga, qui n’est pas paru depuis la bastonnade de M. Boubendji. Les employés du journal ont fermé les bureaux et se sont dispersés par crainte de menaces ou d’arrestations, selon un membre du personnel qui s’est adressé au CPJ sous le couvert de l’anonymat de peur de représailles de la part du gouvernement gabonais.
Dans sa dernière édition, Le Nganga avait publié à la Une un article qui a soulevé des interrogations sur le rôle de la fille du président Bongo dans un prétendu détournement de deniers publics d’un montant de 600 millions de francs CFA (1,2 million de dollars américains), selon des recherches du CPJ . Le président Bongo n’a pas publiquement réagi à cet article, mais le Conseil national de la communication du Gabon avait convoqué le directeur de la rédaction dudit journal, Loïc Biteghe, pour un interrogatoire le 1er décembre, selon des journalistes locaux.
M. Boubendji est le troisième journaliste agressé cette année à Libreville dans l’exercice de sa fonction, selon des recherches du CPJ . En avril dernier, des agents de police avait agressé le cameraman Claude Ada Mboula de la chaîne privée, Télé Africa, au cours d’une marche anti-gouvernementale, ce qui lui causé six jours d’hospitalisation, selon des médias locaux. Le mois dernier, le journaliste Sydney Ivembi du quotidien en ligne, GabonPage, a été agressé par la police pendant qu’il prenait des photos lors d’une opération de nettoyage de trottoir, selon l’Agence France-Presse.
La presse indépendante du Gabon reste affaiblie par la censure gouvernementale, notamment une tendance récurrente à des suspensions d’organes de presse pour des couvertures critiques à l’égard du président Bongo, qui est au pouvoir depuis 1968, et par la pression financière, selon des recherches du CPJ .