New York, le 18 avril 2007 – Un tribunal de la capitale Dakar a condamné le directeur de publication d’un quotidien à une peine de prison et des dommages et intérêts lourds dans un procès en diffamation à la suite d’un article claironnant un présumé scandale de corruption dans une affaire politique de haut niveau, selon la presse locale et les journalistes sur place.
Ndiogou Wack Seck du journal privé, mais proche du gouvernement, Il Est Midi a été condamné à six mois de prison ferme et 40 millions de francs CFA (41 000 dollars américains) en dommages et intérêts, d’après les mêmes sources. Seck a été interdit d’exercer comme directeur de publication pendant trois mois et son journal s’est vu infligé une interdiction de parution pendant la même période. Ni le journaliste, ni un avocat de défense n’étaient présents à la cour. Seck est présentement l’objet d’un mandat d’arrêt.
« Nous condamnons la persistance des autorités à infliger des sanctions pénales pour les délits de diffamation; les sanctions de cette nature entraînent l’emprisonnement des journalistes pour leurs écrits » a dit le directeur exécutif du CPJ, Joël Simon. « Nous renouvelons avec insistance notre appel au Président Abdoulaye Wade de respecter son engagement de 2004 de dépénaliser les délits de diffamation ».
Le jugement découle d’une plainte déposée par Ousmane Sèye, conseiller d’état et Alex Ndiaye, directeur de la radio privée Xew-xew FM et un supporter de Wade, à la suite d’un article du 14 novembre 2006, d’après le quotidien privé L’Observateur. L’article faisait état de soit disantes tractations véreuses par Sèye et Ndiaye qui auraient conduit à la relaxation de prison par le gouvernement en février 2006 de l’ancien premier ministre Idrissa Seck, d’après des recherches du CPJ. Idrissa Seck a été libéré soudainement et sans explication après sept mois de prison suite à des inculpations de corruption, selon la presse internationale.
Ndiogou Wack Seck est l’un d’ au moins trois journalistes harcelés, poursuivis en justice ou emprisonnés pour des articles en rapport avec le scandale de l’ancien premier ministre, d’après des recherches du CPJ. En 2005, la police a convoqué l’éditorialiste Abdou Latif Coulibaly et plusieurs autres journalistes pour les interroger à propos de leurs soit-disants liens avec Seck. En février 2006, Moustapha Sow, le directeur de publication du journal privé L’Office a été condamné à la prison et incarcéré quatre mois plus tard pour un article lié au scandale. Il a bénéficié d’une liberté provisoire après deux semaines en prison.
Les autorités sénégalaises ont assidûment appliqué une disposition du code pénal sénégalais régissant les affaires de diffamation, malgré une promesse présidentielle en 2004 d’abroger les sanctions pénales pour les délits de presse, d’après des recherches du CPJ. Le mois dernier, deux journalistes du quotidien privé Walf Grand-Place ont reçu une peine de prison avec sursis à la suite d’inculpations pour diffamation à la suite d’un article sur une plainte de consommateur à l’encontre d’un concessionnaire de voitures.