New York, le 10 avril 2007 – Le parquet de la capitale camerounaise, Yaoundé, a engagé aujourd’hui des poursuites pénales à l’encontre du directeur de publication d’un tabloïd privé, arrêté depuis samedi à la suite d’un reportage sur un présumé scandale homosexuel, selon des sources locales et l’association de défense de la liberté de la presse Journaliste En Danger.
Georges Gilbert Baongla, le patron de l’hebdomadaire Le Démenti, a été inculpé de publication obscène, outrage public aux moeurs et atteinte à la pudeur sous le code pénal du Cameroun, a rapporté au CPJ son avocat Joseph Kenmoé. Les poursuites encourent une peine de prison pouvant atteindre deux ans et une amende qui pourrait s’élever à 2 millions de francs CFA (4 000 dollars américains), a-t-il dit. Baongla a été transféré à la prison centrale de Kondenguy, en attente d’un procès mercredi.
« L’utilisation du code pénal dans ce domaine met en danger la liberté de la presse au Cameroun » a dit Joël Simon, le directeur exécutif du CPJ. « Les journalistes ne devraient pas être emprisonnés pour leur travail, et nous demandons avec insistance à la partie plaignante d’abandonner toutes les poursuites à l’encontre de Georges Gilbert Baongla. »
Les inculpations ont fait suite à un article du 27 mars claironnant un supposé « scandale homosexuel » mettant en cause un ministre du gouvernement non identifié, d’après les journalistes locaux. L’homosexualité est un crime au Cameroun et les reportages sur le sujet demeurent très délicats, selon JED et des journalistes locaux. En 2006, plusieurs directeurs de publication de journaux qui avaient publié des listes de présumés « homosexuels secrets » ont aussi été inculpés , d’après des recherches du CPJ.
Baongla a été arrêté à son domicile samedi par des policiers en civil qui avaient un mandat d’amener du parquet, d’après Kenmoé. Il a été amené a un commissariat de police et a subi des pressions pour qu’il révèle ses sources, a-t-il dit.
Ce n’est pas la première fois que Baongla est emprisonné pour son travail. Il a été emprisonné en 2001 et en 2002 à la suite d’un article sur un supposé scandale de corruption gouvernementale, d’après des recherches du CPJ.