Le dirigeant d’un groupe de presse privée est emprisonné en République centrafricaine après avoir critiqué un organisme de médias officiel

New York, le 13 mars 2007—Le dirigeant d’un groupe local d’ éditeurs de presse privée a été jeté en prison lundi dans la capitale de Bangui pour avoir énoncé des critiques contre le Haut Conseil de la Communication (HCC).

Le directeur de publication Michel Alkhaly Ngady de l’hebdomadaire privé Les Temps Nouveaux et le président du Groupement des Editeurs de la Presse Privée Indépendante de Centrafrique (GEPPIC), a été convoqué et mis en prison dans une station de police proche du port de Bangui, selon les dires de journalistes et des bulletins d’informations. Dans une interview par téléphone accordée à l’Agence France-Presse, Ngady a confié que la convocation avait un rapport avec une plainte du président du HCC Pierre Sammy-Mackfoy accusant le GEPPIC de « saboter les actions du HCC. » Il est resté en garde à vue, d’après des journalistes locaux.

Quelques semaines auparavant, Ngady avait mené le GEPPIC ainsi que d’autres associations de presse locale à déposer une autre plainte à l’encontre du HCC à propos de soit-disantes irrégularités dans la désignation de certains de ses neuf membres, selon les medias et journalistes locaux. Les groupes de presse locale avaient avancé que l’autorité du HCC était illégale pour cause de violations présumées de son règlement interne, ont révélé les mêmes sources. Les tentatives du CPJ de joindre des représentants du HCC afin d’obtenir un commentaire ont été infructueuses. Une décision par le conseil d’état est attendue.

« Nous condamnons l’emprisonnement de Michel Alkhaly Ngady » a déclaré Joël Simon, le directeur exécutif du CPJ. « Nous demandons aux autorités de le relâcher immédiatement. »

Le mois dernier, le HCC, qui avait à l’origine été créé en tant qu’organisme indépendant avec des pouvoirs de réglementation, avait déjà ordonné la suspension de l’hebdomadaire privé Le Centrafriqu’Un’ pour un mois, ont dit des journalistes de la région. Cette décision faisait suite a un article critique sur le rôle du Tchad voisin dans le conflit avec les rebelles dans la partie nord du pays. Depuis plus d’un an, la République centrafricaine lutte pour contenir une rébellion dans son nord-ouest.

Le lendemain de la décision du HCC, un communiqué de presse du GEPPIC a déclaré cette décision « nulle » et a autorisé au journal de continuer sa publication du fait d’ « irrégularités dans les nominations de certains membres [du HCC] », d’après le quotidien privé Le Confident. Mais le journal n’a plus été publié, a dit au CPJ le reporter Jean-Magloire Issa de Radio Ndéké Luka, une station privée de premier rang. Issa a déclaré que le GEPPIC s’est réuni aujourd’hui pour préparer un communiqué.

En novembre dernier, Ngady était parmi quatre éminents directeurs de publication menacés de mort par un ministre du gouvernement à cause de leur couverture critique du conflit au nord du pays.