New York, 25 janvier, 2007—Le Comité pour la Protection des Journalistes en appelle aujourd’hui aux autorités haïtiennes pour qu’elles enquêtent sur l’assassinat de Jean-Rémy Badio, qui a été abattu vendredi devant sa maison à Port-au-Prince après avoir reçu des menaces de morts de la part de membres de gangs locaux. CPJ enquête sur des possibles liens entre l’assassinat de Badio et son travail professionnel.
Badio, un photographe freelance, a été abattu à 16h00 à Martissant, une banlieue au sud de Port-au-Prince, a indiqué au CPJ Guyler Delva, défenseur haïtien de la liberté de la presse. Fred Blaise, porte-parole de l’ONU, a dit que des membres de gangs sont suspectés de l’assassinat, d’après l’agence Associated Press. Badio avait été menacé de mort par des membres de gangs locaux depuis octobre, selon ses collègues.
Badio—membre du groupe de presse de Delva, SOS Journalistes, et de l’Association de Photojournalistes Haïtiens (APH)—avait photographié des échauffourées entre gangs à Martissant, où il habitait avec sa famille. APH vendait ses images aux journaux locaux, y compris le journal de Port-au-Prince Le Matin, selon une source du CPJ.
Des gangs rivaux se battent depuis des mois à Martissant, a informé l’AP. Selon la radio de Port-au-Prince, Radio Métropole, la violence intensifiée a fait de Martissant un des quartiers les plus dangereux de la capitale haïtienne. La recherche du CPJ montre que les gangs de Port-au-Prince ne permettent que les journalistes qu’ils considèrent amicales informer sur les zones contrôlée par eux. Selon Delva, les membres des gangs ne permettent que rarement aux journalistes de prendre des photos car ils ont peur d’être identifiés par les autorités locales.
Des collègues de Badio, qui ont demandé l’anonymat par peur de représailles, ont dit que le photographe avait des problèmes avec des membres de gangs locaux qui le croyaient informateur de la police.
« Nous exhortons les autorités locales à mener une enquête rapide et exhaustive de l’assassinat de Jean-Rémy Badio », a signalé le Directeur Exécutif du CPJ, Joel Simon.
Blaise a dit à la presse que personne n’avait été arrêté, selon l’AP. Le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis a indiqué qu’il avait autorisé la Minustah à augmenter les activités de surveillance à Martissant. Cependant, la femme et les enfants de Badio ont du quitter leur maison après avoir reçus de nouvelles menaces, Delva a dit au CPJ.