New York, le 20 février 2004—Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) s’inquiète des récentes menaces de mort qu’a reçues Sony Bastien, qui est président et directeur général de la station de radio privée Radio Kiskeya, basée à Port-au-Prince, à cause de son travail.
Les menaces à l’encontre de Bastien surviennent après la diffusion par le journaliste d’un éditorial, le 5 février, qui critiquait le président Jean-Bertrand Aristide pour avoir accusé l’Association National des Medias Haïtiens (National Association of Haitian Media), une association de propriétaires de medias haïtiens, d’être lié avec les groupes armés qui ont récemment pris d’assaut plusieurs régions d’Haïti.
L’éditorial remettait également en cause le comportement d’Aristide envers le journaliste de Radio Vision 2000, Alex Régis. Le président avait accusé Régis d’avoir été engagé par les partis de l’opposition, puisque le journaliste l’a intérrogé lors d’une conférence de presse sur les récentes manifestations qui revendiquaient sa démission.
Bastien a confié à CPJ qu’il craint pour sa vie et celle de sa famille, après avoir appris de source sure à l’intérieur du Palais National d’Haïti, que des membres du parti au pouvoir Fanmi Lavalas et des groupes militants, ou « organisations populaires » qui soutiennent Aristide, avaient ajouté son nom à la liste des personnes à exécuter.
Selon Bastien, il a reçu, après la retransmission de l’éditorial, des appels anonymes lui disant qu’il devrait commencer à se déplacer avec un cercueil sous le bras. Aux alentours du 14 février, Bastien a remarqué que des organisations de groupes armés populaires prenaient position près de son lieu de résidence et des appels anonymes lui annonçaient que Radio Kisheya allait brûler.
D’après les sources de Bastien à l’intérieur du Palais National, la liste contient également le nom de Lilianne Pierre-Paul de Radio Kiskeya ; Marie Lucie Bonhomme, de Radio Vision 2000 ; Euvard Saint-Armand, de Caraïbe FM ; et Rotchild François Junior, de Radio Métropole.
Haïti est toujours en émoi depuis que des groupes armés qui jadis soutenaient le président Aristide se sont retournés contre lui et ont attaqué plusieurs commissariats de police à travers le pays au début du mois de février. Les groupes armés, qui ont récemment rejoint les forces des anciens leaders paramilitaires, condamnés pour violations des droits de l’homme, contrôlent de larges portions du pays.