Haïti: Six hommes inculpés pour le meurtre d’un journalisteLes présumés commanditaires restent en liberté

New York, le 25 mars 2003—Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) est deçu par le verdict rendu à Haïti, le vendredi 21 mars, qui n’a pas inculpé les cerveaux du crime de l’éminent journaliste haïtien Jean Léopold Dominique. L’inculpation, longtemps attendue, accuse six hommes qui sont déjà en prison depuis plus de deux ans d’avoir commis le crime.

Le 21 mars, le juge Bernard Saint-Vil a envoyé un acte d’accusation de 33 pages au procureur Josué Pierre-Louis mettant en cause Dymsley Millien, Jeudi-Jean Daniel, Philippe Markington, Ralph Léger, Ralph Joseph et Freud Junior Demarat pour ce meurtre, selon des rapports de presse locaux. Dominique, le journaliste le plus cinglant d’Haïti et propriétaire de Radio Haïti-Inter, basée à Port-au-Prince, a été abattu le 3 avril 2000.

Bien que Dany Toussaint, un important sénateur du parti au pouvoir et ancien chef de police ait été considéré comme l’un des suspects principal du crime, Saint-Vil n’a pas trouvé assez de preuves pour l’inculper.

La veuve de Dominique, Michèle Montas, a condamné cette décision parce que ceux qu’elle présume avoir commandité le crime n’ont pas été mis en examen. “C’est révoltant, ce verdict ne répond à aucune question,” a-t-elle déclaré à CPJ.

L’enquête hautement politisée du meurtre de Dominique a été perturbée par des menaces et de la violence. Le 25 décembre 2002, des hommes armés attaquèrent le domicile de Montas, tuant un de ses gardes du corps. Deux mois après, Montas, qui dirige Radio Haïti-Inter depuis la mort de son mari et qui présentait les informations quotidiennes, a arrêté d’émettre à cause de menaces et harcèlements permanents.

“Cette décision a été prise pour empêcher des attaques contre nos employés,” a regretté Montas qui a aussi précisé que la station ne reprendrait pas ses émissions d’ici peu.

“Cette inculpation bafoue la justice,” a affirmé Joel Simon, directeur suppléant de CPJ . “Nous réclamons une enquête plus minutieuse de ce crime. Nous demandons aussi au Président Jean-Bertrand Aristide de faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’assurer que les cerveaux de ce crime soient poursuivis.”