Des photos de journalistes mexicains tués sont placées de manière symbolique sur les portes fermées du bureau du procureur général à Mexico lors d’une veillée à la mémoire de Fredid Román, journaliste tué dans sa voiture à Chilpancingo le 22 août 2022. (Reuters/Henry Romero)

L’Amérique latine a été la région la plus meurtrière pour les journalistes en 2022

Les assassinats de journalistes en 2022 ont augmenté de près de 50 % dans le monde sur fond d’anarchie et de guerre

New York, le 24 janvier 2023—Le nombre de journalistes tués dans le monde a fortement augmenté en 2022 selon un rapport publié mardi par le Comité pour la protection des journalistes. L’Amérique latine a été la région la plus meurtrière pour la presse, avec 30 journalistes tués, soit près de la moitié des 67 journalistes et professionnels des médias tués dans le monde. Le nombre total de 67 journalistes tués dans le monde est le plus élevé depuis 2018 et représente une augmentation de près de 50 % par rapport à 2021.

Plus de la moitié des assassinats ont été commis dans seulement trois pays—l’Ukraine (15), le Mexique (13) et Haïti (7)—où les chiffres annuels enregistrés par le CPJ n’ont jamais été aussi élevés. En effet, bien que les pays d’Amérique latine soient supposément en paix, la région a dépassé le nombre élevé de journalistes tués depuis le début de la guerre en Ukraine.

Avec le plus grand nombre d’assassinats de journalistes depuis 2018, ces chiffres témoignent d’un déclin fulgurant de la liberté de la presse, a déclaré la présidente du CPJ, Jodie Ginsberg. Couvrir la politique, la criminalité et la corruption peut s’avérer tout aussi meurtrier, voire plus, que couvrir une guerre à grande échelle. Pendant ce temps, les gouvernements continuent d’emprisonner un nombre record de journalistes et ne parviennent pas à faire face à la spirale de la violence et au climat d’impunité qui réduisent effectivement au silence des communautés entières à travers le monde.

Sur les 67 journalistes et professionnels des médias tués, le CPJ a révélé qu’au moins 41 avaient été tués en lien direct avec leur travail, les 26 autres décès faisant actuellement l’objet d’une enquête pour déterminer si le travail en était le mobile. La grande majorité des journalistes tués étaient des ressortissants locaux sui couvraient l’actualité de leurs propres communautés.

Dans toute l’Amérique latine, les journalistes qui font enquêtent sur la criminalité, la corruption, la violence des gangs et l’environnement s’avèrent les plus à risque. Au Mexique, le CPJ a documenté un total de 13 journalistes tués, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré en une seule année dans ce pays. Parallèlement à l’anarchie et à l’urgence humanitaire en Haïti, la région est confrontée à une crise des assassinats de journalistes de plus en plus grave qui provoque des déserts d’information et contribue à l’insécurité des communautés locales.

L’impunité pour les assassinats de journalistes persiste dans le monde entier. Au Moyen-Orient, personne n’a eu à rendre de comptes pour le meurtre de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, qui a été abattue alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien dans la ville palestinienne de Jénine, en Cisjordanie.

Pendant ce temps, aux Philippines, où le nouveau président a manifesté son soutien pour une presse libre, les meurtres en 2022 de quatre journalistes de radio qui enquêtaient sur la politique locale et la corruption ont ravivé les craintes que le climat de violence et d’impunité ne perdure.

Le CPJ a constaté que les mécanismes en vigueur destinés à assurer la sécurité des journalistes ne parviennent pas à protéger la presse. Les protections et lois fédérales et d’État visant spécifiquement à protéger les journalistes continuent de s’avérer inefficaces pour assurer leur sécurité.

Peu de gouvernements sont dotés de mécanismes permettant de protéger les journalistes, et ceux qui existent ne tiennent pas leurs promesses, a déclaré Ginsberg. Les gouvernements doivent assurer la protection, mener des enquêtes crédibles et rendre la justice, sans quoi ils s’engagent sur la voie périlleuse des trous noirs de l’information et de l’insécurité publique.

L’analyse du CPJ rend compte du nombre de journalistes tués en 2022. La base de données des journalistes tués en 2022 du CPJ comprend des rapports capsule sur chaque individu et des filtres permettant d’examiner les tendances qui se dégagent des données. Pour en savoir plus sur les données 2022 du CPJ sur les journalistes tués et emprisonnés, consultez notre carte interactive.

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Le CPJ est une organisation à but non lucratif indépendante qui œuvre pour la défense de la liberté de la presse dans le monde entier.

Note aux rédacteurs en chef: Le rapport du CPJ sera disponible sur le site cpj.org en anglais, arabe, chinois, français, portugais, russe, espagnol, turc, ukrainien et ourdou. Les experts du CPJ sont disponibles pour répondre à des interviews.

Méthodologie: Le CPJ dispose d’informations détaillées sur les décès de journalistes depuis 1992. Les chercheurs du CPJ enquêtent et vérifient de manière indépendante les circonstances de chaque décès. Le CPJ considère qu’un cas lié au travail est « confirmé » uniquement lorsqu’il semble certain qu’un(e) journaliste a été tué(e) en représailles directes à son travail ; dans des combats ou des tirs croisés ; ou dans l’exercice d’une mission dangereuse. En savoir plus sur la méthodologie du CPJ