U.S. President Joe Biden leaves without taking questions from reporters after delivering remarks on the economy during a speech in the East Room of the White House in Washington, U.S., September 16, 2021. REUTERS/Leah Millis - RC27RP9HCXOI

Un rapport sur la liberté de la presse révèle à la fois des problèmes et des progrès sous l’administration Biden

New York, le 13 janvier 2022 – Un an après sa prise de fonction, l’administration du président Joe Biden a souligné l’importance de la liberté de la presse dans le monde et de l’amélioration des relations quotidiennes avec les médias américains, mais n’a toujours pas concrétisé nombre de ses promesses. selon un rapport spécial de Leonard Downie Jr. pour le Comité pour la protection des journalistes.

Le rapport ‘Night and day’: The Biden administration and the press, constate un renversement presque total de la rhétorique hostile de l’administration Trump à l’égard des médias et un retour à des relations plus traditionnelles entre la presse et la Maison-Blanche. Cependant, bien que les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse se félicitent de l’engagement de l’administration à tenir le public informé, le rapport relève des problèmes persistants, notamment les retards dans le traitement des demandes d’accès à l’information, les restrictions imposées aux journalistes à la frontière sud des États-Unis et l’utilisation à la Loi sur l’espionnage à l’encontre du fondateur de Wikileaks, Julian Assange.

« L’administration Biden a mis un terme à la rhétorique toxique à l’égard des médias des années Trump. C’est un bon début. Elle doit maintenant aller plus loin en élargissant l’accès rapide des journalistes à l’information et en éliminant la menace de poursuites en vertu de la Loi sur l’espionnage. » Les États-Unis ne peuvent pas se présenter comme un champion efficace des libertés des médias à l’échelle mondiale s’ils ne défendent pas vigoureusement ces libertés à l’échelle nationale », a déclaré Robert Mahoney, directeur exécutif adjoint du CPJ.

Les obstacles à l’accès aux documents gouvernementaux et à d’autres informations continuent également de frustrer et de préoccuper les journalistes, tout comme les craintes que l’acte d’accusation pour espionnage contre Assange pourrait créer un dangereux précédent pour les journalistes d’investigation dans le monde entier. Malgré les engagements publics pris par Biden et le procureur général Merrick Garland d’augmenter la transparence du gouvernement, les experts de la Loi sur l’accès à l’information (FOIA) constatent peu d’amélioration dans la réponse lente et souvent peu coopérative des agences gouvernementales aux demandes d’information des journalistes.

Selon le rapport, il n’y a pas suffisamment de changements structurels ou substantiels pour faire face au sort des journalistes menacés. Les défenseurs de la liberté de la presse ont particulièrement critiqué l’évacuation et le traitement chaotique des visas de Priorité 2 (P-2) des journalistes menacés en Afghanistan suite au retrait des États-Unis et à la prise de contrôle des Taliban en août 2021, alors que des entreprises et organisations médiatiques comme le CPJ ont dû travailler avec d’autres gouvernements pour extraire des journalistes exposés à un danger imminent.

« L’administration Biden a encore la possibilité d’aider les journalistes afghans en traitant rapidement les visas P-2 et en apportant une aide aux personnes qui ont fui pour se mettre en sécurité ou qui sont restées dans le pays pour couvrir l’actualité en défiant la répression des Taliban », a déclaré M. Mahoney. « Les États-Unis peuvent également tirer les leçons de cette tragédie en prenant l’initiative d’établir des visas d’urgence pour les journalistes en danger, un outil essentiel que le CPJ tente de faire adopter à l’échelle mondiale. »

Du côté positif, les journalistes interviewés dans le cadre du rapport ont déclaré que la collecte quotidienne d’informations après de la Maison Blanche, du département d’État, du département de la Défense et de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) s’était nettement améliorée. Biden a également rétabli l’indépendance éditoriale de l’Agence des États-Unis pour les médias internationaux, siège de Voice of America, que l’administration Trump avait tenté de transformer en agence de propagande. Cependant, l’accès au président est limité, Biden n’ayant donné que 22 interviews sur l’actualité à la fin 2021, contre 92 pour Donald Trump, et 150 pour Barack Obama au cours de la même période de leurs présidences.

L’héritage de la rhétorique anti-presse vitriolique de l’ancien président Donald Trump persiste également sous la forme d’actions agressives contre les journalistes. Au moins 59 journalistes ont été arrêtés ou détenus par la police en 2021, selon l’U.S. Press Freedom Tracker, et 142 journalistes ont été agressés par des agents des forces de l’ordre ou par des membres du public alors qu’ils couvraient des événements comme des manifestations ou des rassemblements anti-vaccins.

Le rapport comprend également un ensemble de recommandations détaillées de politique générale du CPJ à l’attention de l’administration Biden visant à améliorer le respect et la transparence des demandes formulées en vertu de la loi sur l’accès à l’information (FOIA), à mettre un terme aux fouilles non autorisées d’appareils électroniques et à interdire la prise à partie des journalistes en lien avec leur travail, entre autres sujets de préoccupation. Le CPJ a envoyé aujourd’hui une lettre à la Maison-Blanche accompagnée d’une copie du rapport, des recommandations et d’une demande de réunion avec Biden.

Note aux rédacteurs en chef :

Le rapport ‘Night and day’: The Biden administration and the press a été rédigé par l’ancien directeur de la rédaction du Washington Post, Leonard Downie Jr., titulaire de la chaire de journalisme Famille Weil à la Walter Cronkite School of Journalism and Mass Communication de l’Université d’État d’Arizona et directeur de la rédaction du Washington Post de 1991 à 2008. Il s’appuie sur des entretiens avec plus de 30 journalistes, des observateurs des médias universitaires, des défenseurs de la liberté de la presse et des responsables de l’administration Biden. Downie a également rédigé le rapport 2013 du CPJ sur l’administration Obama et le rapport 2020 sur l’administration Trump.

Le rapport est disponible sur le site Web du CPJ. Une vidéo sur les points saillants du rapport est disponible ici et peut être rediffusée dans des reportages à condition de mentionner le CPJ.

Pour toute question ou pour solliciter une interview avec des experts du CPJ, envoyez un courriel à [email protected].