Un journaliste centrafricain inculpé d’incitation à la haine

New York, le 7 juin 2011–Les autorités de la République centrafricaine ont inculpé Faustin Bambou, directeur de publication de l’hebdomadaire indépendant The Hills of Bangui, d’incitation à la haine et au désordre parmi les forces militaires et d’outrage au gouvernement, a dit au CPJ le journaliste. M. Bambou a été directement transféré à la prison de Ngaragba à Bangui, la capitale. Il a été arrêté par quatre gendarmes à son bureau le 27 mai dernier et détenu sans chef d’accusation pendant dix jours à la Section de recherches et d’investigations (SRI) de la gendarmerie nationale, selon des journalistes locaux.

Entre avril et mai 2011, M. Bambou avait écrit quatre articles au sujet du ministre centrafricain de la Défense, Francis Bozize, alléguant que ce dernier avait détourné des fonds octroyés par l’Union européenne. Ces fonds étaient destinés au paiement des pensions des militaires et gendarmes retraités, selon un communiqué conjoint publié par l’Union des journalistes centrafricains et l’Observatoire des médias centrafricains. Le ministre Bozize, qui est aussi le fils du président centrafricain, est soupçonné d’avoir ordonné l’arrestation de M. Bambou, a dit ce dernier au CPJ. La République centrafricaine a dépénalisé les délits de presse en 2005: il n’existe donc aucun fondement juridique pour justifier la détention de M. Bambou.

Le 17 mai dernier, le porte-parole du gouvernement Alain-Georges Ngatoua avait critiqué sur les ondes de la radio nationale The Hills of Bangui ainsi que deux autres publications indépendantes, les accusant de mener une « campagne de dénigrement » contre le ministre de la Défense, selon des médias locaux.

«L’emprisonnement de Faustin Bambou défie les propres lois de la République centrafricaine, qui a dépénalisé les délits de presse il ya six ans », a déclaré Tom Rhodes, consultant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. «Les autorités doivent immédiatement accorder la liberté sous caution  à M. Bambou », a-t-il martelé.

Il convient de rappeler que M. Bambou avait été condamné à six mois de prison en janvier 2008 par le tribunal correctionnel de Bangui pour incitation à la révolte, outrage et diffamation. Le journaliste avait prétendument diffamé le ministre centrafricain des  Mines (actuellement ministre des Affaires étrangères) dans un article alléguant qu’il avait détourné des fonds. Cependant, M. Bambou a été gracié par le président le mois suivant.