« Nuit et jour » : L’administration Biden et la presse

Le président Joe Biden s’adresse aux journalistes dans la Salle des Colonnes à l’occasion du premier anniversaire de l’attaque du Capitole des États-Unis le 6 janvier 2021 (Ken Cedeno/Pool via REUTERS)

L’approche du président Joe Biden à l’égard des médias américains contraste fortement avec la rhétorique vicieuse de Donald Trump. Cependant, un an après la prise de fonction de l’administration Biden, les défenseurs de la liberté de la presse restent préoccupés par des questions telles que la disponibilité limitée du président pour les journalistes, la lenteur des réponses de l’administration aux demandes d’information, son projet d’extradition de Julian Assange, les restrictions sur l’accès des médias à la frontière sud des États-Unis et l’aide limitée apportée aux journalistes afghans. Un rapport spécial de Leonard Downie Jr.pour le CPJ.

La première année des relations de l’administration Biden avec la presse américaine a été un renversement presque total de l’hostilité omniprésente et préjudiciable sans précédent de l’administration Trump qui a gravement nui à la crédibilité des médias d’information et a souvent contribué à répandre la désinformation dans le monde. 

Dans un style radicalement opposé, le président Joe Biden, l’attachée de presse de la Maison-Blanche Jen Psaki et les responsables du gouvernement ont souligné à maintes reprises l’importance de travailler avec les médias pour tenir les Américains informés. Bien que les journalistes rencontrent encore des problèmes pour accéder au président et à certains responsables du gouvernement et à l’information, il n’y a eu aucunes attaques vicieuses à l’encontre les journalistes les qualifiant d’ennemis du peuple ni accusations de « fausses informations ». 

« Le changement le plus flagrant est le changement de rhétorique », m’a confié Jonathan Peters, professeur en droit des médias à l’Université de Géorgie. « Ce qui a disparu, c’est la rhétorique du président ou des responsables du gouvernement visant à délégitimer les médias d’information. »

Dans l’ensemble, les journalistes m’ont dit que les relations informationnelles quotidiennes avec les médias s’étaient nettement améliorées. Les points de presse réguliers ont été rétablis à la Maison-Blanche et aux départements d’État et de la Défense – éléments essentiels pour réparer les préjudices causés à la liberté de la presse aux États-Unis et renforcer la crédibilité lorsque les responsables du gouvernement défendent la liberté de la presse à l’étranger.  

Au département de la Justice, le procureur général Merrick Garland – sur instruction de Biden – a mis fin aux ordonnances de production fédérales des relevés téléphoniques et courriers électroniques des journalistes ayant pour but d’identifier, au sein du gouvernement, les sources qui communiquent des  informations classifiées, dont un nombre sans précédent ont été poursuivies et emprisonnées sous Trump et Obama. À ce jour, aucune nouvelle poursuite fédérale n’a été intentée contre de telles sources sous la présidence Biden. Par contre, le département de la Justice enquête sur les personnes ayant agressé physiquement des journalistes lors de l’invasion violente et inspirée par Trump du Capitole américain à Washington le 6 janvier 2021, et engage des poursuites à leur encontre. Il enquête également sur le traitement abusif des journalistes par la police à Minneapolis, à Louisville et à Phoenix.

Biden a également rétabli l’indépendance éditoriale de l’Agence des États-Unis pour les médias internationaux, siège de Voice of America, que l’administration Trump avait tenté de transformer en agence de propagande. Le site Web de l’Agence de protection de l’environnement, largement purgée sous Trump de toute information fiable sur le changement climatique et autres enjeux environnementaux, a rétabli ces ressources.

Non pas que tout soit à au goût des médias d’information ou dans l’intérêt du public. 

Bien que Biden et les responsables du gouvernement semblent surtout éviter la désinformation délibérée qui caractérisait la Maison-Blanche de Trump, les vérificateurs de faits des médias d’information ont identifié de nombreuses allégations trompeuses et fausses à la fois dans les commentaires préparés et impromptus de Biden. Celles-ci étaient particulièrement fréquentes dans ses explications et sa défense du retrait chaotique des troupes américaines en Afghanistan.

D’autres questions ont été soulevées au cours de mes interviews avec plus de 30 journalistes, des observateurs des médias universitaires, des défenseurs de la liberté de la presse et des responsables de l’administration Biden.

Jen Psaki, secrétaire de presse, répond aux questions des journalistes de la Maison-Blanche. Psaki a rétabli les points de presse quotidiens après un long hiatus sous l’administration Trump (REUTERS/Jonathan Ernst)

La Maison-Blanche de Biden et la presse

L’une des principales préoccupations des journalistes de la Maison-Blanche est leur accès limité à Biden. Ce dernier a donné beaucoup moins de conférences de presse et d’interviews que Barack Obama ou Donald Trump dans leurs premières années au pouvoir, et a répondu à moins de questions impromptues de journalistes à la Maison-Blanche ou lors d’événements publics.  

Par contre, la secrétaire de presse Jen Psaki, ou l’un de ses adjoints, organise des points de presse télévisés quotidiens pour les journalistes de la Maison-Blanche, ce qui n’était plus arrivé depuis des mois à la Maison-Blanche sous Trump.  

Psaki, porte-parole chevronnée des campagnes présidentielles démocratiques, de la Maison-Blanche d’Obama et du département d’État, est bien préparée pour son rôle et représente un contraste saisissant avec les quatre secrétaires de presse moins expérimentés et particulièrement combatifs de Trump. D’une certaine manière, Psaki est en quelque sorte devenue, après Biden, le deuxième visage public de son administration, recevant même certaines attentions comme un profil favorable dans le magazine Vogue, en plus de ses interviews fréquentes à la télévision et à la radio.

Biden n’a tenu qu’une seule conférence de presse en solitaire à la Maison-Blanche et quatre lors de déplacements à l’étranger au cours de sa première année au pouvoir, selon des dossiers de référence tenus par la politologue Martha Kumar, directrice du White House Transition Project au cours de plusieurs administrations. Selon le décompte de Kumar, à la fin de 2021,  Biden n’avait accordé que 22 interviews en qualité de président à des membres des médias, soit une fraction des 92 de Trump ou des 150 d’Obama au cours de la même période de leurs présidences.

Biden s’appuie davantage sur des commentaires préparés qu’il lit à la télévision sur un prompteur, répondant à peu ou pas de questions des journalistes tenus à distance, derrière le prompteur et les caméras. « S’il ne veut pas répondre à d’autres questions, » m’a confié Zeke Miller, correspondant de l’Associated Press à la Maison-Blanche, « il se retourne et s’en va ».

« Bien que le président Biden ait répondu plus souvent à des questions que ses prédécesseurs à l’occasion d’événements, il y consacre moins de temps », a déclaré Kumar. « Il donne des réponses courtes avec peu de suivi lorsqu’il répond à des questions à la fin d’un discours préalablement programmé. Il répond souvent à une ou deux questions tandis que ses prédécesseurs répondaient à plus de questions lors d’un plus petit nombre d’événements. »

Kumar croit que le personnel de la Maison-Blanche cherche à minimiser les commentaires impromptus de Biden en raison de sa tendance à faire des erreurs qu’il doit corriger par la suite. « Ils essayent de le contenir », a déclaré Kumar qui travaille dans un bureau situé au sous-sol de la Maison-Blanche. « Le président est plus enclin à commettre une erreur vers la fin d’une conférence de presse. »

Lorsqu’il a interrompu les questions des journalistes après un discours télévisé à la Maison-Blanche au sujet de la flambée de la COVID le 21 décembre, Biden leur a dit « Je ne suis pas censé donner cette conférence de presse maintenant. »

« Les tactiques diffèrent d’une administration à l’autre », m’a dit Psaki. « Dans l’ensemble, le président répond probablement à plus de questions. Il fait de courtes séances de questions et réponses deux fois par semaine. Il prend deux à dix questions à chaque fois. » Les journalistes de la Maison-Blanche pourraient ne pas être d’accord avec ce dernier chiffre. « Nous avons une conversation ouverte à ce sujet », a ajouté Psaki.

« Nous avons besoin d’un plus grand accès à Biden lui-même », a déclaré Jonathan Karl, correspondant d’ABC News à la Maison-Blanche et ancien président de l’Association des correspondants de la Maison-Blanche. « Jusqu’à présent, la presse a un accès très limité au président. Les conférences de presse sont rares. Son équipe semble le tenir à l’écart de la presse. »

Le président Biden part sans répondre aux questions des journalistes après quelques observations sur l’économie à la Maison-Blanche. 16 septembre 2021. Biden a donné moins de conférences de presse que Barack Obama ou Donald Trump dans leurs premières années au pouvoir. (REUTERS/Leah Millis)

Le service de presse de la Maison-Blanche contrôle également étroitement l’accès des journalistes aux responsables gouvernementaux. Les bureaux de presse de la Maison-Blanche et du Cabinet présidentiel organisent trop de briefings et de conversations « non attribuables » avec des « hauts responsables gouvernementaux ; autrement dit, les responsables ne peuvent être ni identifiés, ni cités, à l’exception des citations approuvées par le service de presse avant publication. « Ils sont très contrôlés pour la plupart », a déclaré Dan Balz, correspondant politique en chef de longue date du Washington Post. « Les premiers jours de l’administration ont été très chorégraphiés – avec une majorité d’événements scénarisés. »

Cette scénarisation minutieuse s’étend aux messages de Biden sur les réseaux sociaux, un contraste frappant avec la pléthore de tweets qui reflétait le courant de conscience de Trump. Il y a aussi beaucoup moins de fuites sur les délibérations ou les désaccords internes dans les médias que dans la Maison-Blanche antagoniste de Trump.

Les assistants de Biden « ne sont pas en guerre les uns contre les autres », m’a dit Ashley Parker, correspondante du Washington Post à la Maison-Blanche. « Très peu d’entre eux dérapent. C’est un peu comme la discipline de l’administration Obama », a-t-elle ajouté. « Ils vous donnent des détails sanctionnés par la Maison-Blanche. Ils ne veulent pas vous parler de désaccords. »

« C’est la nuit et le jour », m’a dit Karl d’ABC. « Nous sommes revenus à la normale. Vers la fin de l’ère Trump, aucun responsable ne voulait s’exprimer publiquement. » 

Selon Steve Coll, doyen de la Columbia University Journalism School, Biden a pris des mesures pour restaurer les normes détruites par l’administration Trump. « S’agissant des relations traditionnelles entre la Maison-Blanche et la presse, c’est un président qui est de la vieille école », m’a dit Coll.  

« Le service de presse de la Maison-Blanche est une opération beaucoup plus robuste », a déclaré Miller, correspondant de longue date de la Maison-Blanche pour l’AP. Beaucoup plus de personnels. Plus d’informations sur le papier. Plus préparé. »

Quand Biden l’a choisie comme secrétaire de presse, Psaki m’a confié dans une interview pour ce rapport : « Je me suis entretenue avec le président pendant la transition et nous avons discuté de sa vision du rôle du corps de presse et du rôle des points de presse de la Maison-Blanche. Le plus important pour lui, c’était d’avoir le bon ton et de fournir autant d’informations que possible. » 

Dans ses points de presse, Psaki communique des informations fiables et soigneusement circonscrites. Elle croise le fer de manière ferme mais amicale avec les journalistes, remettant parfois en question les hypothèses sous-jacentes de leurs questions avec une vivacité d’esprit qui lui a valu le hashtag #PsakiBomb sur les réseaux sociaux. Elle a également tenu à la présence de journalistes de Fox News et d’autres médias de droite critiques de Biden. Se remémorant ses discussions avec Biden au sujet des points de presse, elle a ajouté : « Il était important de répondre aux questions de tout le monde. »

Psaki « mérite d’être félicitée pour avoir réintroduit les points de presse quotidiens et réduit les critiques sournoises lancées du podium » m’a dit Frank Sesno, ancien directeur de la George Washington University School of Media and Public Affairs. « C’est une relation respectueuse même si elle est contentieuse. »

 « Il existe encore une distance très saine », selon Miller. « Ce n’est pas parce que la température est redescendue d’un cran qu’il n’y a plus de relation litigieuse sous-jacente. »

« Nous sommes revenus à une certaine base de coopération », même si « les membres de la presse ne sont pas toujours satisfaits », a déclaré Psaki. « Cet échange est sain. J’espère que nous avons une ligne de communication ouverte. »

Miller ajoute que « Psaki fait régulièrement venir des secrétaires de Cabinet et d’autres responsables dans la salle de presse » pour des briefings sur les mesures et les politiques du gouvernement. « Je suis fière de faire venir fréquemment des experts et des membres du Cabinet du gouvernement » m’a confié Psaki.

D’autres briefings et interviews avec des « hauts responsables gouvernementaux » sont proposés sur la base d’informations « non attribuables », ce qui signifie que les journalistes ne peuvent les identifier ou les citer.

« Tout doit se dérouler sur la base d’informations non attribuables », a déclaré Anita Kumar (sans lien de parenté avec Martha Kumar), rédactrice en chef de Politico qui a couvert la Maison-Blanche pendant neuf ans. « Des briefings officieux avec des représentants de la Maison-Blanche ou des agences. » 

Selon Psaki, les décisions concernant les briefings officieux dépendent du niveau de confort de la personne qui parle au journaliste. « Bon nombre d’entre eux sont uniquement à l’aise pour parler de manière officieuse », m’a-t-elle dit. 

Cependant, Kumar de Politico a remarqué que les journalistes devaient demander au service de presse de la Maison-Blanche « d’approuver les citations » pour tout ce qui se dit lors d’un briefing ou d’un entretien officieux qu’ils souhaitent utiliser et attribuer dans leurs reportages. « Ils approuvent de nouveau le contenu pour une deuxième fois », a-t-elle déclaré.

Parker m’a dit que l’équipe de journalistes de la Maison-Blanche du Washington Post avait décidé de son propre chef « de ne pas permettre aux responsables de la Maison-Blanche de s’exprimer de manière officieuse pour ensuite approuver des citations officielles. Nous parlons toujours aux sources de manière officieuse lorsque cela s’impose. Ce que nous ne faisons pas, c’est parler à des sources de manière officieuse, et leur demander ensuite d’approuver les citations qui leur seront officiellement attribuées ». 

« Le service de presse contrôle l’accès aux hauts responsables », a déclaré Parker. « Il faut passer par le service de presse. Ils posent des questions sur ce que vous voulez savoir en détail – plutôt à la façon Obama. Vous négociez à l’avance la durée et les modalités avec le service de presse ou les adjoints des responsables. Ils sont souvent au téléphone pour contrôler le temps. »

« Si vous appelez un membre du personnel de la Maison-Blanche de Biden, voire un allié de Biden à l’extérieur de la Maison-Blanche », déclare Karl d’ABC News, « vous recevez fréquemment un appel du service de presse vous demandant ce que vous voulez, quelle histoire vous couvrez. Ils finissent généralement par vous mettre en contact avec le responsable – sous la supervision du service de presse, et quelqu’un qui assiste à l’interview. »

« Parfois, les responsables veulent savoir de quoi retourne l’histoire », a répondu Psaki lorsque j’ai posé la question. « Ils comptent sur le bureau de presse pour leur donner le contexte. » Une personne du service de presse surveille souvent les interviews, a-t-elle reconnu, « pour mieux savoir de quoi retourne l’histoire ».

Miller, un autre ancien président de l’Association des correspondants de la Maison-Blanche, m’a dit qu’il ne passe pas tout le temps par le service de presse pour les responsables qu’il connaît. Selon lui, « il y a encore des sources qui acceptent de vous parler de manière non scénarisée ». Mais souvent, elles ne s’exprimeront pas officiellement. « Le service de presse est toujours le gardien des hauts responsables de la Maison-Blanche. »

Qu’est-ce que Miller changerait s’il le pouvait ? « Des échanges plus approfondis avec le président pour révéler ce qu’il pense », a-t-il dit. « Et l’abandon de l’étiquette de haut responsable du gouvernement » en organisant plus de briefings et d’entretiens officiels dans lesquels les noms des responsables peuvent être cités. 

« Comme l’administration Obama, l’équipe de presse de Biden veut contrôler l’histoire, bien qu’elle ne soit pas aussi argumentative que l’administration Obama, dont les membres de l’équipe de presse étaient hypersensibles », m’a dit Karl. « Ils se disputaient vigoureusement avec les journalistes. Ils n’hésitaient pas à appeler les rédacteurs en chef ou les producteurs exécutifs lorsqu’ils n’aimaient pas une histoire. Ce n’est pas vraiment le cas dans l’administration Biden. »

« Quand c’est important pour eux, ils peuvent argumenter », a déclaré Anita Kumar de Politico, ajoutant qu’il est très rare que le service de presse de Biden ne lui réponde pas, même lorsqu’il ne veut pas faire de commentaire. « Il y a tellement de discipline dans cette Maison-Blanche », a-t-elle ajouté. « Ils ont un message qu’ils veulent diffuser chaque jour. Ils ne veulent pas s’en écarter. »

Les responsables de la Maison-Blanche et du Cabinet font également la promotion de ce message plus directement auprès des électeurs par le biais d’interviews avec des médias nationaux et locaux dans tout le pays. À la mi-été, selon Reliable Sources de CNN, des responsables de la Maison-Blanche et du Cabinet, dont Psaki, avaient donné plus de 1 000 interviews avec des médias locaux, principalement des stations de télévision locales, depuis un studio situé dans l’Executive Office Building à côté de la Maison-Blanche.

« Il y a moins d’accès avec Biden qu’avec Trump », m’a dit Parker du Post. « Quelques-uns lancent des questions après ses apparitions et ses discours, et lorsqu’il se dirige vers Marine One et qu’il en revient. Seul un groupe de 12 personnes [des journalistes] est autorisé pour les réunions avec le Cabinet ou les dignitaires en visite, et il est escorté rapidement vers la sortie. Trump les laissait souvent entrer, et répondait à de nombreuses questions lorsqu’il se dirigeait vers Marine One. »

La réponse de Psaki : « Si nous essayions d’empêcher [Biden] de communiquer avec la presse, alors nous ne faisons pas du très bon travail. »

Au-delà de la Maison-Blanche

Les journalistes qui couvrent les départements du cabinet présidentiel et les agences de l’administration Biden ont également constaté à la fois des améliorations et des limites dans leur accès aux responsables et à l’information.  

Les journalistes affirment avoir un « bon accès » au secrétaire d’État américain Antony Blinken (Andrew Caballero-Reynolds/Pool via REUTERS)

Au département d’État, les points de presse quotidiens ont repris après un long hiatus pendant l’administration Trump. Contrairement à l’hostilité franche et souvent colérique de l’ancien secrétaire d’État Mike Pompeo envers les journalistes, Antony Blinken, secrétaire d’État de Biden, a déclaré, dès son premier jour en poste, que les médias sont une « pierre angulaire de notre démocratie » et a promis de coopérer avec eux.

« Les hauts responsables sont encouragés à passer des appels à titre officieux pour expliquer les problèmes », à faire des entretiens télévisés et à apparaître devant les journalistes dans la salle de briefing m’a confié Ned Price, porte-parole du département d’État. « Nous sommes disposés à dire oui dans la mesure du possible. »

« C’est une amélioration considérable pour les journalistes qui couvrent le département d’État », a déclaré Shaun Tandon de l’Agence France-Presse, président de l’Association des correspondants du département d’État. « Nous avons un bon accès au secrétaire Blinken qui tient régulièrement des points de presse, ainsi qu’un accès informel lorsqu’il voyage à l’étranger. »

Cependant, les journalistes doivent toujours passer par le service de presse du département d’État pour parler à d’autres responsables. « Le message est très bien géré », m’a dit Tandon, « mais le ton général est positif. La situation est gérée avec politesse. Ils ne vous insultent pas. »

John Hudson, journaliste au département d’État pour le Washington Post, est d’accord. « Il y a beaucoup de choses dont on ne nous parle pas, alors il faut beaucoup creuser », m’a-t-il dit. « Les responsables sont disponibles pour les briefings, ce qui est une bonne chose. Le service de presse ne s’abat pas sur les gens comme une tonne de briques, même si les conversations peuvent parfois être difficiles. »

Au département de la Défense, après le peu de coopération affiché par le Général James Mattis,  premier secrétaire à la Défense du président Trump, avec les médias, son successeur Mark Esper a considérablement augmenté l’accès à la presse. La transition pour les journalistes du Pentagone a été moins perceptible avec le secrétaire à la Défense de Biden, Lloyd Austin III. Cependant, Missy Ryan, correspondante du Washington Post pour la sécurité nationale, a déclaré qu’il y avait « moins de tension et plus d’accès à l’information » dans le Pentagone d’Austin.

Le secrétaire de presse du Pentagone, John Kirby, s’entretient quotidiennement avec les journalistes et a « augmenté la disponibilité des responsables et a levé les restrictions » sur l’accès à l’information, et « échangera avec vous lorsque vous l’interpellerez sur un sujet », m’a dit Ryan. Austin s’est également rendu plus disponible pour la presse. Cependant, pour interviewer d’autres responsables civils et militaires, « il faut encore passer par les services de presse, qui sont nombreux au Pentagone pour les différents services. »

Siège de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) à Washington, D.C. L’EPA a réintégré sur son site Web les informations sur le changement climatique et d’autres enjeux environnementaux largement purgés sous Trump. (REUTERS/Andrew Kelly)

Aucune partie de l’administration Trump n’était aussi combative et peu coopérative avec la presse que l’Agence de protection de l’environnement. Elle a publié à plusieurs reprises des communiqués de presse attaquant journalistes et organisations de presse suite à des reportages critiques sur l’agence. Sous Trump, le site Web de l’EPA a été purgé d’informations et de ressources sur le changement climatique et d’autres enjeux environnementaux.

Toutes ces informations, et plus encore, sont de retour sur le site de l’EPA sous Biden, et son service de presse est beaucoup plus coopératif avec les journalistes. « Je suis prudemment optimiste », m’a confié Sadie Babits, présidente de la Society of Environmental Reporters. « Il a été assez réactif, et la plupart des journalistes ont une expérience plus normale avec l’agence. »

« Les principaux membres de l’équipe de presse de l’EPA et (du département de) l’Intérieur ont, pour la plupart, fait preuve d’une extrême franchise », a déclaré Juliet Eilperin, journaliste environnementale de longue date pour le Washington Post. Les responsables de l’EPA et de l’Intérieur contactés par le biais des services de presse se rendent disponibles pour s’assurer que les reportages sont exacts, a-t-elle ajouté, bien que « leur insistance sur l’anonymat demeure un problème majeur. » 

Une enquête interne de la Society of Environmental Journalists sur les journalistes environnementaux d’organisations de presse nationales a révélé que « la plupart d’entre eux ont obtenu ce qu’ils voulaient la plupart du temps » après avoir reçu « peu ou pas de réponse sous l’administration Trump », a déclaré l’ancien président de la SEJ, Tim Wheeler. Bien que « le service de presse insiste toujours pour que l’on passe par lui pour obtenir des informations ou un entretien », a-t-il ajouté, « il est plus professionnel dans la façon dont il traite les journalistes et les réponses aux demandes d’entretien avec les responsables politiques ».

« Nous voulions vraiment que notre relation avec les médias d’information reparte sur de bonnes bases », m’a dit Lindsay Hamilton, administratrice associée de l’EPA pour les affaires publiques. « Nous avons commencé par contacter directement les principaux journalistes qui nous couvrent le plus. Nous leur avons dit que nous voulions avoir une relation professionnelle et positive. »

Hamilton a dit avoir dispensé une formation sur les médias aux experts de l’agence pour qui les relations avec les journalistes « peuvent parfois être inconfortables ». Et d’ajouter « nous demandons toujours aux journalistes de s’adresser aux Affaires publiques pour leur parler. Nous déterminons la manière dont chaque entretien est géré. »

Par rapport à l’administration Trump, la couverture de l’actualité du département de la Sécurité intérieure et du rôle qu’il joue dans la gestion du nombre record de migrants essayant de traverser la frontière sud des États-Unis a été ironiquement plus difficile, si ce n’est aussi combative, au cours de la première année de l’administration Biden, selon le journaliste du Washington Post Nick Miroff. « Le DHS de Trump était moins discipliné, il était donc plus facile de développer des sources et d’avoir accès à la frontière, » m’a-t-il confié, « même s’ils se livraient à de la désinformation et ripostaient lorsqu’une histoire leur déplaisait ».

« C’est dur » avec l’administration Biden, a déclaré Miroff. « Ils ont resserré l’accès à l’information et exercent un contrôle plus professionnel des messages. Les journalistes sont donc désavantagés lorsqu’il s’agit d’informer le public. Ils sont moins transparents », bien qu’il n’y ait « pas de confrontation ». 

« Les journalistes sont frustrés par le manque d’accès à la frontière », a ajouté Miroff. Lorsqu’on leur a refusé l’accès à l’immense campement de migrants haïtiens à la frontière entre le Mexique et le Texas en octobre, « les journalistes ont dû se rendre au Mexique et traverser le Rio Grande avec les Haïtien ». 

Des agents de la patrouille frontalière regardent des migrants cherchant refuge aux États-Unis traverser le Rio Grande à Ciudad Acuna, au Mexique, le 20 septembre 2021. Les journalistes disent qu’ils ont eu du mal à couvrir les événements à la frontière sous l’administration Biden. (REUTERS/Daniel Becerril)

Le contrôle exercé par les services de presse des départements du Cabinet et des agences sur l’accès aux responsables gouvernementaux – et les restrictions sur le fait de les nommer et de les citer dans des reportages – étaient les principales préoccupations des journalistes que j’ai interviewés dans le cadre de ce rapport. L’identification des sources et l’attribution des citations et des informations rendent les reportages plus crédibles. Leur absence peut être utilisée pour lancer des accusations mensongères de « fausses informations ». 

Les obstacles à l’accès aux documents gouvernementaux et à d’autres informations continuent également à frustrer la presse. Malgré les engagements publics de Biden et du procureur général Garland d’accroître la transparence du gouvernement, les experts de la Loi sur l’accès à l’information constatent peu d’amélioration dans la réponse lente et souvent peu coopérative des agences gouvernementales aux demandes d’information des journalistes en vertu de la FOAI. Des lettres officielles adressées à Biden et à Garland par des groupes de défense de la liberté de la presse et de la société civile, assorties de propositions spécifiques d’améliorations, sont restées sans réponse. L’administration n’a annoncé aucune directive concernant les réponses aux demandes formulées en vertu de la FOIA.

Sous les gouvernements Obama et Trump, « il y avait des retards et des lenteurs, des documents entièrement expurgés ou rien du tout », m’a dit le professeur Peters de l’Université de Géorgie. « Il y a eu une augmentation du nombre d’affaires judiciaires en instance relatives à la FOIA, et ils mettent plus de temps à les clore. J’aimerais beaucoup que l’administration Biden change cela. Mais il n’existe encore aucun signe de changement. »

« Je n’ai rien entendu qui puisse indiquer une quelconque amélioration pour les journalistes », a déclaré Adam Marshall, avocat principal du Reporters Committee for Freedom of the Press, qui est engagé dans de nombreux litiges opposant les médias d’information et la FOIA. « Peu de choses ont changé concernant les retards et refus des demandes d’information de journalistes dans le cadre de la FOIA par rapport aux gouvernements précédents », a déclaré Marshall. « C’est en grande partie une continuité de ce que nous avons connu. Il n’y a aucune information sur la façon dont la FOIA va fonctionner dans cette administration. »

Le département de la Justice de Biden et la presse       

Le président Biden a pris l’une des décisions les plus importantes en matière de liberté de la presse au cours de la première année de son administration à l’occasion d’une réponse improvisée à la question d’un journaliste à la Maison-Blanche. Biden a été interrogé le 21 mai au sujet des ordonnances émises par le ministère de la Justice et les saisies des relevés téléphoniques et des courriers électroniques des journalistes, qui étaient courantes sous les gouvernements Obama et Trump.

            « C’est absolument, positivement inacceptable », a répondu le président. « C’est tout simplement, tout simplement inacceptable. »

            « Donc, vous ne laisserez pas votre département de la Justice faire cela ? » a persisté le journaliste.

            « Je ne laisserai pas cela se produire, » a déclaré Biden.

Le journaliste a posé la question parce que le département de la Justice avait récemment informé trois journalistes du Washington Post et le correspondant du Pentagone pour CNN que le département de la Justice, dans les derniers jours de l’administration Trump, avait secrètement obtenu leurs relevés téléphoniques et courriers électroniques dans le cadre d’enquêtes sur des fuites d’informations confidentielles sur le gouvernement dont ils avaient pris connaissance. Quelques jours après les déclarations de Biden, le département de la Justice a informé le New York Times qu’il avait également obtenu secrètement les relevés téléphoniques de quatre de ses journalistes. Aucune des saisies de documents n’avait été révélée ou annulée par le département de la Justice sous Biden.

Le procureur général Merrick Garland a ordonné aux procureurs fédéraux de cesser de saisir les relevés téléphoniques et les courriers électroniques des journalistes « agissant dans le cadre d’activités de collecte de l’information » (Carolyn Kaster/Pool via REUTERS)

À la mi-juin, le procureur général Merrick Garland a rencontré des cadres dirigeants du Post, du Times et de CNN. Il a convenu avec eux que le département de la Justice (DOJ) devrait établir des « règles solides et durables » pour respecter la promesse faite par Biden que les relevés téléphoniques et courriers électroniques des journalistes ne seraient plus saisis. Le 19 juillet, Garland a publié une note de service à l’intention des procureurs fédéraux leur ordonnant de mettre fin à cette pratique.

« Le département de la Justice n’aura plus recours à un processus juridique obligatoire pour obtenir des informations ou des documents de membres des médias se livrant à des activités de collecte de l’information », a écrit le procureur général. Il a ajouté que le département de la Justice réviserait en conséquence ses lignes directrices destinées aux procureurs fédéraux.

La note de service prévoit des exceptions dans le cas de journalistes faisant l’objet d’une enquête pour un crime non lié à leur couverture de l’actualité, ou de journalistes considérés comme des agents de puissances étrangères, ou lorsqu’il s’avère nécessaire de « prévenir un risque imminent de mort ou de préjudice physique grave, y compris des attaques terroristes, des enlèvements, des infractions spécifiques contre un mineur » ou des attaques contre des infrastructures essentielles. La nouvelle interdiction n’a aucune incidence sur la saisie de documents de tout employé du gouvernement « qui a divulgué illégalement des informations sur le gouvernement. »

« La note de service est un véritable changement de politique », a déclaré d’un ton approbateur Bruce Brown, directeur exécutif du Reporters Committee for Freedom of the Press. « Nous avons beaucoup aimé ce qu’a fait Biden », m’a-t-il dit. « Nous avons beaucoup aimé ce qu’a fait le DOJ. »

Brown ajoute que lui-même et un groupe composé de dirigeants des médias et d’avocats qui avaient rencontré Garland avant que la note de service ne soit rendue publique prévoient de rencontrer de nouveau le DOJ pour discuter de la façon dont elle sera traduite en lignes directrices à l’intention des procureurs fédéraux. Brown s’est dit particulièrement préoccupé par le caractère éventuellement restrictif des exemptions à l’interdiction de saisie des documents des journalistes.

Le directeur des affaires publiques du département de la Justice, Anthony Coley, m’a confirmé que « nous rencontrerons de nouveau le groupe de dialogue sur les médias d’information ». Et d’ajouter « l’une des grandes questions est : comment identifie-t-on un journaliste ? »

« Nous ne savons pas exactement quelles seront les révisions », m’a dit Peters de l’Université de Géorgie. « Il y a des trous dans la note de service de Garland. Qu’entend-il par « participer à une collecte de l’information » ? Qui est un « membre des médias d’information » ? Le DOJ a beaucoup de pouvoir discrétionnaire. Nous espérons que cela sera précisé dans les lignes directrices. »

« L’administration Biden s’éloigne non seulement de ce que faisait Trump, mais aussi de ce que faisait Obama », a déclaré Trevor Timm, directeur exécutif de la Freedom of the Press Foundation. « Mais pour le moment, ce ne sont que des paroles. Il faut que cela soit inscrit dans les lignes directrices du département de la Justice. Et le Congrès doit prendre les paroles de Garland et les transformer en loi. »

Sous le gouvernement Obama, le département de la Justice a poursuivi un nombre sans précédent de 10 employés et contractants du gouvernement pour avoir divulgué des informations classifiées aux médias, y compris des enquêtes du département de la Justice lancées sous le président George W. Bush. Des ordonnances de production ont été secrètement émises pour obtenir et, dans plusieurs de ces cas, saisir les relevés téléphoniques et les courriers électroniques des journalistes. Sous Donald Trump, le département de la Justice a poursuivi huit autres employés et contractants du gouvernement pour des fuites dans la presse. En outre, il a mis en examen Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, pour avoir obtenu et publié des documents militaires et diplomatiques secrets sur le site Web de WikiLeaks, les rendant accessibles aux médias d’information du monde entier.

Sous la pression de Trump, le département de la Justice a également ouvert des enquêtes sur des fuites concernant les saisies secrètes en 2020 de relevés téléphoniques et courriers électroniques de 2017 de journalistes du Post, du Times et de CNN. Le département de la Justice de l’ère Biden n’a dévoilé ces saisies qu’après en avoir informé les journalistes concernés en mai et juin 2021. Bien que Garland ait endossé la responsabilité, Brown, du Comité des journalistes, a déclaré que les dirigeants des médias d’information et les avocats qui ont rencontré Garland « ont clairement indiqué que le DOJ devait rendre des comptes » concernant l’opacité et le retard dans les notifications.

Brown et d’autres défenseurs de la liberté de la presse demeurent également préoccupés par ce que le département de la Justice de Biden fera de l’inculpation de longue date d’Assange en vertu de la Loi sur l’espionnage de 1917, qui a été utilisée par les administrations Obama et Trump pour engager de nombreuses poursuites à l’encontre d’employés et de contractants du gouvernement qui ont divulgué des informations classifiées à la presse. 

Sous l’ère Trump, Assange a été accusé d’avoir conspiré avec l’analyste du renseignement de l’armée américaine Chelsea Manning dans le but d’obtenir et de publier des informations militaires et diplomatiques classifiées sur WikiLeaks.

Les partisans de Julian Assange protestent devant la Cour Royale de Justice de Londres contre une décision de justice stipulant que le fondateur de Wikileaks pourrait être extradé vers les États-Unis. Les groupes de défense des droits de l’homme craignent que l’utilisation par l’administration Biden de la Loi sur l’espionnage pour poursuivre Assange ne pose un grave problème danger pour la liberté de la presse. (REUTERS/Henry Nicholls)  

En février 2021, le département de la Justice a soumis un argumentaire interjetant appel d’une décision de la cour britannique qui avait bloqué l’extradition d’Assange du Royaume-Uni. « Nous continuons de demander son extradition », a déclaré à cette époque le porte-parole du département de la Justice, Marc Raimondi. Le 10 décembre, la Haute Cour de Grande-Bretagne a statué qu’Assange pourrait être extradé après avoir reçu l’assurance de l’administration Biden que s’il était reconnu coupable, Assange ne serait pas envoyé à la prison de haute sécurité des États-Unis ni placé à l’isolement. Les avocats d’Assange ont déclaré qu’ils lanceraient d’autres recours fondés sur la liberté d’expression et les droits de l’homme. Un porte-parole du département de la Justice s’est refusé à tout autre commentaire.

Une coalition de groupes de défense de la presse, des libertés civiles et des droits de l’homme a exhorté l’administration Biden à abandonner ses efforts d’extradition estimant que les poursuites contre Assange constituent un grave danger pour la liberté de la presse. De nombreuses organisations  craignent que si les poursuites engagées contre lui aboutissent, elles pourraient entraver les reportages d’investigation dans le monde entier en qualifiant d’espionnage la manière dont les journalistes recherchent souvent à obtenir des informations auprès de sources gouvernementales.

« Ce qui est écrit dans l’acte d’accusation est une menace pour les journalistes du monde entier – qui obtiennent et publient des informations classifiées », m’a dit Timm de la Freedom of the Press Foundation. « Les poursuites engagées contre Assange feraient des reportages sur la sécurité nationale un crime. Elles pourraient criminaliser les reportages d’investigation. L’administration Biden devrait abandonner les accusations. »

Coll de la Columbia Journalism School est d’accord. « L’affaire Assange devrait être abandonnée », m’a-t-il dit. L’acte d’accusation « est truffé de malentendus sur la façon dont les reportages fonctionnent – des reportages très ordinaires ».

« Le fait que les reportages de base aient été qualifiés de complot dans l’acte d’accusation est vraiment troublant », a déclaré Peters de l’Université de Géorgie.

« Comment l’administration concilie-t-elle les nouvelles protections pour les journalistes avec les mesures qu’elle prend contre Assange ? » a demandé le professeur Jameel Jaffer de la Columbia Law School. « La réponse fera la lumière sur la portée de ces protections. »

D’autres problèmes persistent également dans les vestiges de l’environnement anti-press toxique de l’ère Trump. Parmi eux, la poursuite d’actions agressives contre les journalistes par des responsables de la force publique et des membres du public. En 2021, 59 journalistes ont été arrêtés ou détenus par la police, selon le U.S. Press Freedom Tracker, après les 142 arrêtés en 2020. 142 autres journalistes avaient été agressés par des membres des forces de l’ordre ou du public, ce qui représente une nette baisse par rapport aux 436 journalistes agressés en 2020, mais reste un signe inquiétant d’hostilité. 

Le Reporters Committee for Freedom of the Press et une coalition réunissant 91 organisations de médias d’information ont demandé au procureur général Garland le 29 avril d’enquêter sur le traitement de la presse par les forces de l’ordre dans le cadre des nouvelles enquêtes sur les droits civils diligentées par le département de la Justice dans les services de police locaux de Minneapolis, de Louisville et de Phoenix lors des manifestations de Black Lives Matter qui ont balayé le pays après le meurtre de George Floyd.

Des agents des forces de l’ordre fédérales tirent des gaz lacrymogènes et d’autres munitions pour disperser les manifestants lors d’une manifestation contre la violence policière et l’inégalité raciale à Portland, en Oregon, le 30 juillet 2020. Une coalition d’organisations de presse a demandé au procureur général Merrick Garland d’enquêter sur le traitement de la presse par les forces de l’ordre pendant les manifestations. (REUTERS/Caitlin Ochs)

En plus des arrestations de membres des médias couvrant les manifestations dans les villes américaines en 2020, la lettre du groupe adressée à Garland indiquait que : « des dizaines d’autres journalistes ont été frappés par des armes moins létales, exposés à des munitions chimiques, ou soumis à une force injustifiée. »

Coley du département de la Justice m’a dit que ces enquêtes porteraient notamment sur la façon dont les services de police ont traité les journalistes qui couvraient des manifestations dans ces villes. « Nous avons contacté les groupes de journalistes » pour obtenir des informations, a-t-il dit, et CNN est en train de compiler des informations pour la division des droits civils du département de la Justice. « C’est quelque chose auquel le procureur général attache une grande importance », a ajouté Coley.

En juillet, le département de la Justice a commencé à arrêter et à poursuivre des individus qui avaient attaqué des journalistes et détruit du matériel photo lors de l’invasion du Capitole américain le 6 janvier. « Nous nous réjouissons des mesures prises par le département de la Justice visant à s’assurer que les individus ayant agressé des journalistes et endommagé leur équipement alors qu’ils couvraient l’une des pires attaques contre notre démocratie répondent de leurs actes », a déclaré Brown, du Comité des journalistes à l’époque. « Ces chefs d’accusation envoient un message très clair que le département de la Justice protègera les journalistes qui font leur travail pour nous tenir informés. »

La Liberté de la presse dans le monde

Les responsables de l’administration Biden  affichent leur soutien public à la liberté de la presse dans le monde dans une époque marquée par la répression des médias d’information et des attaques contre les journalistes dans de nombreux pays, que Trump  semblait encourager lors de ses rencontres avec des dirigeants étrangers autoritaires. Cependant, jusqu’au Sommet pour la démocratie de Biden en décembre, peu de mesures avaient été prises pour transformer les paroles de l’administration en actes, et on attend de voir comment les initiatives du sommet seront mises en œuvre.

La décision de Biden prise le premier jour de son mandat de révoquer Michael Pack, nommé par Trump au poste de PDG de l’Agence américaine pour les médias internationaux, a été particulièrement importante pour la liberté de la presse. L’USAGM est une agence fédérale indépendante composée de Voice of America, Radio Free Europe/Radio Liberty, Radio Free Asia, Middle East Broadcasting Networks et Office of Cuba Broadcasting. Elle a toujours eu pour mission de fournir des informations précises et non censurées aux pays du monde entier, notamment à ceux qui n’ont pas de presse libre.

Après une bataille de deux ans, le président Trump avait réussi, en juin 2020, à obtenir la confirmation de Pack au Sénat sous contrôle républicain. Pack a immédiatement commencé à réorienter l’agence pour forcer ses réseaux d’information longtemps autonomes à promouvoir Trump et son programme politique « America First ». Pack a suspendu une grande partie des cadres supérieurs de l’USAGM, congédié les directeurs de chacune de ses cinq organisations de presse, refusé de renouveler les visas de nombreux journalistes étrangers et ordonné des enquêtes sur leurs journalistes et les décisions concernant la couverture de l’actualité. Il a supprimé le principe de « pare-feu » de l’USAGM qui empêchait toute tentative de la part de son leadership « de diriger, de faire pression, de contraindre, de menacer, d’interférer avec ou d’influencer de manière inadmissible les réseaux d’USAGM. »

Certains des responsables de l’USAGM suspendus et toujours en poste ont engagé des poursuites devant la Cour fédérale. En novembre 2020, la juge en chef de la Cour de district des États-Unis, Beryl Howell, a prononcé une injonction préliminaire contre Pack pour s’être ingéré dans les décisions concernant les effectifs des cinq réseaux d’USAGM ou ordonné des enquêtes sur le contenu journalistique, les rédacteurs ou les journalistes. Pack a ignoré l’injonction, tandis que le département de la Justice de Trump a fait appel.

Après avoir demandé la démission de Pack le jour de l’inauguration, Biden a immédiatement nommé la directrice de Voice of America, Kelu Chao, au poste de PDG par intérim de l’USAGM. Chao, qui s’était associée à l’action en justice contre Pack, a réintégré tous les cadres supérieurs de l’USAGM et les directeurs de ses cinq réseaux d’information. Elle m’a dit qu’elle avait également renouvelé les visas de leurs journalistes étrangers et rétabli le principe de pare-feu « dans la pratique », alors qu’il est en cours de révision.

« Chaque niveau de la population doit savoir qu’il est bien en place et que l’indépendance de nos journalistes a été restaurée », m’a dit Chao. « Je veux que les gens sachent que l’USAGM n’est rien sans nos journalistes et leur liberté. Nous avons eu de la chance que Biden gagne. »

Le secrétaire d’État Blinken a rencontré Chao le 6 avril « pour discuter du rôle vital que jouent les médias libres et indépendants dans la préservation et la promotion des principes démocratiques dans le monde entier ». La réunion a porté sur la décision de la Russie de qualifier le contenu d’actualité de Voice of America et de Radio Free Europe/Radio Liberty comme étant produit par des agents étrangers. Mais le département d’État a également profité de l’occasion pour déclarer dans un communiqué que « la couverture indépendante sur le plan éditorial de ces (cinq) réseaux (de l’USAGM) est particulièrement importante dans les pays confrontés à des environnements médiatiques répressifs, notamment lorsque le journalisme indépendant est censuré ou la liberté d’expression est restreinte ou punie. »

Blinken et Biden se sont exprimés à d’autres reprises sur la nécessité de renverser la tendance mondiale à la répression de la liberté de la presse et aux attaques contre les journalistes, Biden ayant déclaré à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse que les États-Unis renouvelaient leur engagement « à protéger et à promouvoir des médias libres, indépendants et diversifiés dans le monde entier. »

Dans ses observations faites à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Blinken a fait référence aux « journalistes courageux confrontés aux intimidations, au harcèlement, aux arrestations et à la violence dans l’exercice de leurs droits. »

« L’une des principales mesures prises par l’administration Biden est de parler respectueusement de la presse », m’a dit le professeur Peters de l’Université de Géorgie à la fin du mois d’août. « Mais il reste encore du travail à faire au-delà du traitement rhétorique. »

Cependant, pour de nombreux militants de la liberté de la presse, la rhétorique du gouvernement n’a pas été à la hauteur lorsqu’il s’agit de soutenir la liberté de la presse dans le monde.  

Les personnes évacuées d’Afghanistan prennent place à l’intérieur d’un avion militaire le 19 août 2021, après avoir fui la prise de contrôle par les talibans. L’administration Biden a été critiquée pour l’aide limitée qu’elle apporte aux journalistes afghans. (Sergent-chef Brandon Cribelar/Corps des Marines des États-Unis/photo remise par REUTERS)

Michael DeDora, responsable plaidoyer à Washington pour le Comité pour la protection des journalistes, a cité le sort des journalistes américains et afghans après la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans. L’administration a été critiquée pour l’aide limitée qu’elle apporte aux journalistes en danger, Ben Smith, chroniqueur du New York Times, rapportant que même les journalistes afghans travaillant pour des organisations de presse financées par les États-Unis, comme Radio Free Europe, ont dû prendre leurs propres dispositions pour fuir le pays.

DeDora m’a dit que les médias américains, le Comité pour la protection des journalistes, et d’autres groupes de presse travaillant avec des gouvernements étrangers et les Nations Unies, ont dû faire une grande partie du travail pour extraire les journalistes américains et afghans pendant et après l’évacuation chaotique des forces américaines.  

« Il n’y avait aucun interlocuteur central au département d’État pour gérer les défis en Afghanistan », a déclaré DeDora, qui a participé aux efforts du CPJ. « L’administration pourrait se montrer plus ferme pour faire en sorte que les journalistes soient en sécurité. »

« Je ne comprends pas la critique », a répondu Price. « Nous avons mis sur pied un groupe de travail dans le seul objectif de faciliter l’extraction » des journalistes américains et afghans, des traducteurs et des chauffeurs de journalistes américains. Selon lui, environ 500 personnes ont quitté l’Afghanistan à ce jour.

Parmi les personnes toujours en Afghanistan se trouvent plusieurs journalistes de l’USAGM et leurs familles, m’a confié Martins Zvaners, directeur adjoint de Radio Free Europe pour les affaires extérieures. « Il y a encore des gens qui ont besoin d’aide pour sortir », a-t-il ajouté, en raison des problèmes de passeport et de visa. Il a cité à titre d’exemple trois veuves de journalistes de l’USAGM tués par les talibans, qui ne peuvent pas prétendre à elles seules à des visas spéciaux. « Nous ne pouvons pas obtenir l’aide des États-Unis pour elles », a-t-il déclaré.

Le département d’État a facilité la réinstallation des journalistes de l’USAGM et de leurs familles « une fois que nous les avons fait sortir » d’Afghanistan, a ajouté Zvaners. « L’USAGM a fait beaucoup de choses par elle-même. »

Le 10 septembre, le sénateur Benjamin Cardin, du Maryland, et le membre du Congrès Steve Cohen, du Tennessee, ont envoyé une lettre au secrétaire d’État Blinken exprimant « notre grande inquiétude pour les employés de l’USAGM et leurs familles qui sont toujours en Afghanistan ». Naz Durakogu, responsable du département d’État, a répondu le 20 décembre que le département d’État « poursuit ses efforts pour aider ceux qui sont toujours dans le pays. »

En mai, des groupes de défense de la liberté de la presse, emmenés par le Comité pour la protection des journalistes, se sont entretenus avec le Conseil de sécurité nationale et ont formulé des recommandations sur les mesures que l’administration Biden pourrait prendre pour accroître et protéger la liberté de la presse à l’échelle nationale et internationale. Celles-ci portaient notamment sur le renforcement des capacités du Conseil de sécurité nationale et du département d’État en matière de liberté de la presse qui avaient été détruites par l’administration Trump.

« À ma connaissance, très peu de recommandations ont été mises en œuvre », m’a dit DeDora du CPJ. La réunion du CSN « devait mener à une série de réunions avec les décideurs. Mais cela n’a pas été le cas. »

Cependant, à l’occasion de son Sommet international virtuel pour la démocratie en décembre, le président Biden, la Maison-Blanche et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) ont annoncé un certain nombre de mesures principalement financières pour « soutenir les médias libres et indépendants » dans le monde. 

Le président Biden et le secrétaire d’État Blinken assistent au Sommet virtuel pour la démocratie avec des dirigeants à la Maison-Blanche le 9 décembre 2021. Biden a annoncé un certain nombre de mesures financières pour aider les médias indépendants à l’occasion de ce sommet. (REUTERS/Leah Millis)

L’USAID « contribuera à hauteur de 30 millions de dollars » au nouveau Fonds international multidonateurs pour les médias d’intérêt public « afin de renforcer l’indépendance, le développement et la durabilité des médias indépendants, notamment dans les environnements fragiles et pauvres en ressources », a déclaré la Maison-Blanche. Le fonds indépendant est coprésidé par la journaliste philippine Maria Ressa, lauréate du prix Nobel, et l’ancien PDG du New York Times et directeur général de la BBC, Mark Thompson, qui ont salué l’aide promise par Biden. 

Biden a annoncé que l’USAID allait également créer un fonds de défense contre la diffamation pour les journalistes auquel il allait contribuer à hauteur de 9 millions de dollars « afin d’aider à protéger les journalistes d’investigation contre les poursuites nuisibles visant à les empêcher de faire leur travail – le travail essentiel qu’ils font dans le monde ». L’administratrice de l’USAID, Samantha Power, a déclaré que le fonds protègerait les journalistes contre les « autocrates et les oligarques » qui utilisent souvent les poursuites judiciaires comme « une tactique grossière mais efficace pour tuer des histoires qui leur déplaisent ».

La Maison-Blanche a déclaré, sans donner de détails, que l’USAID consacrerait également jusqu’à 5 millions de dollars pour lancer un accélérateur de viabilité des médias « afin d’améliorer la viabilité financière des médias indépendants dans les marchés des médias sous-développés et plus développés ». Elle a déclaré que l’administration Biden « renforcera son engagement auprès de la Coalition pour la liberté des médias, un partenariat intergouvernemental qui œuvre pour la liberté des médias et la sécurité des journalistes dans le monde entier ». Elle a également ajouté que le département d’État consacrerait près de 3,5 millions de dollars à la mise en place d’une plateforme de protection du journalisme, « qui permettra aux journalistes en danger de recevoir une formation sur la sécurité numérique et physique, des soins psychologiques, une aide juridique et d’autres formes d’assistance. »

DeDora du CPJ a salué ces annonces. « Dans l’ensemble, l’administration a fait un excellent travail en formulant des engagements percutants pour la liberté de la presse dans le monde », m’a-t-il confié. « L’une des recommandations formulées à l’occasion de la réunion de mai visait à augmenter le montant que les États-Unis versent aux organisations internationales qui travaillent sur la liberté de la presse dans le monde. C’est le résultat le plus clair et le plus concret jusqu’à présent. »

Dans le même temps, DeDora continue à critiquer ce qu’il considère comme l’incapacité du département d’État à créer des capacités institutionnelles spécifiques pour répondre aux menaces croissantes contre la liberté de la presse dans le monde. Les médias d’information et les reportages du CPJ documentent des prises de contrôle et des fermetures généralisées de médias indépendants par des régimes autoritaires – et l’assassinat et l’emprisonnement de dizaines de journalistes – y compris dans des pays invités par l’administration Biden à participer au Sommet pour la démocratie. DeDora a reconnu que les responsables du département d’État tendent souvent la main aux journalistes, aux organisations de presse et aux groupes internationaux de défense de la liberté de la presse affectés.  

« Le département d’État s’exprime régulièrement dans des déclarations lorsque des journalistes du monde entier sont menacés, voire pire », m’a dit le porte-parole du département d’État, Ned Price. « C’est aussi quelque chose que nous abordons en privé avec nos homologues du monde entier. » Et d’ajouter que le Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail du département d’État « rencontre régulièrement des journalistes et des médias qui ont été expulsés d’autres pays ».

L’administration Biden a également été vivement critiquée par les médias et les groupes de défense de la liberté de la presse pour ne pas en avoir fait assez pour que le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman réponde du meurtre du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi par les Saoudiens. « Le dirigeant d’une puissance mondiale est resté impuni après le meurtre d’un journaliste », m’a dit DeDora.

« Le message qu’il a envoyé était que si vous êtes suffisamment important pour l’économie américaine, alors tout va bien », a déclaré la chroniqueuse du Post, Margaret Sullivan. « Nous devrions isoler MBS et les membres de sa famille, au lieu d’entretenir une relation normale avec eux. » 

L’administration a annoncé des sanctions contre plusieurs Saoudiens, ainsi que des restrictions de visas, appelées « l’interdiction Khashoggi », qui pourraient être imposées « aux agents de tout gouvernement étranger » qui « répriment, harcèlent, surveillent, menacent ou blessent les journalistes ».

Price a déclaré que 76 Saoudiens ont été sanctionnés à ce jour. « C’est quelque chose qui a été abordé lors de discussions de haut niveau avec les Saoudiens », m’a-t-il dit. « Cela a été également abordé avec MBS lui-même. »

Un manifestant portant un masque à l’effigie du le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman participe à une manifestation devant le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. L’administration Biden a été critiquée pour ne pas en avoir fait assez pour que bin Salman réponde du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. (REUTERS/Osman Orsal)

Cependant, l’administration n’a pas sanctionné personnellement Mohammed bin Salman. Le président Biden a refusé de dialoguer avec lui, mais le conseiller à la sécurité nationale de Biden, Jake Sullivan, a rencontré à plusieurs reprise bin Salman et son frère, le prince Khalid bin Salman, ministre adjoint de la Défense de l’Arabie saoudite.

Début novembre, l’administration Biden a imposé des contrôles à l’exportation au groupe NSO, une société israélienne qui fournit une technologie de surveillance sophistiquée, appelée Pegasus, à des gouvernements étrangers, dont l’Arabie saoudite, qui l’ont utilisée pour cibler les téléphones de journalistes, de chefs d’État, de dissidents, de défenseurs des droits de l’homme et d’autres, y compris trois membres de la famille de Khashoggi. Une collaboration internationale d’organisations de presse avait rapporté en juillet que le logiciel Pegasus avait été utilisé pour cibler au moins 180 journalistes dans 20 pays, y compris ceux travaillant pour le New York Times, le Wall Street Journal, l’Associated Press, CNN et Bloomberg News. Les sanctions interdisent aux entreprises américaines de faire des affaires avec NSO à moins d’obtenir une autorisation explicite.

« Le département d’État a déterminé qu’ONS avait participé à des activités qui contrevenaient à la sécurité nationale », a déclaré Price, ce qui a conduit le département du Commerce à prendre des mesures contre cette entreprise. « Nous ne tolèrerons aucun effort visant à cibler les activités journalistiques des journalistes dans le monde », m’a-t-il dit.  

L’avenir de l’administration Biden et de la presse

Avec au moins trois ans restant à la présidence Biden, il y a encore beaucoup à faire pour atténuer certains des préjudices persistants causés aux médias par Trump, son administration et ses partisans dans et hors de la politique et des médias. 

Les sondages d’opinion reflètent toujours une méfiance généralisée à l’égard des médias d’information factuels, notamment parmi les sondés se réclamant républicains. Les attaques contre la presse factuelle par les politiciens et les personnalités médiatiques de droite se poursuivent sans relâche. Trop de journalistes américains,  surtout des femmes, sont encore victimes d’abus et de menaces numériques de la part du public. Les médias et médias sociaux de droite continuent de répandre mensonges et désinformation, y compris le « gros mensonge » affirmant que les élections de 2020 ont été volées, qui pourraient miner la démocratie américaine elle-même. Un nombre croissant de gouvernements autoritaires à travers le monde censurent et prennent possession des médias d’information et arrêtent et assassinent des journalistes.

La façon dont l’administration Biden répond à ces défis en paroles et en actes permettra de déterminer l’avenir du rôle d’une presse libre dans une période turbulente.  

Leonard Downie Jr., ancien rédacteur en chef du Washington Post, est titulaire de la chaire de journalisme Famille Weil à la Walter Cronkite School of Journalism and Mass Communication de l’Université d’État d’Arizona. Downie a également rédigé les rapports du CPJ sur L’Administration Obama et la presse et L’Administration Trump et les médias.

Recommandations

Le Comité pour la protection des journalistes adresse les recommandations suivantes à l’administration Biden : 

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