Attaques contre la presse en 2013: Burundi

En 2013 au Burundi, sous la présidence de Pierre Nkurunziza, la liberté de la presse s’est gravement détériorée. En juin, le président a promulgué une loi extrêmement restrictive, qui oblige les journalistes à révéler leurs sources, et inflige de lourdes amendes assorties de peines de prison pour tout reportage que le gouvernement estimerait préjudiciable à la sécurité de l’Etat ou à l’économie nationale. En avril, dans une lettre ouverte au président, le CPJ a décrit cette loi comme un « affront à la constitution du Burundi », et a mis en exergue certains articles qu’il juge particulièrement restrictifs pour les journalistes. Au cours de l’année écoulée, plusieurs journalistes ont été agressés, dont certains, par la police qui tentait de réprimer une manifestation hebdomadaire, organisée par des journalistes qui demandaient la libération de leur collègue, le correspondant Bonesha FM, Hassan Ruvakuki, emprisonné depuis novembre 2011 pour « collaboration avec un groupe criminel ». En mars, Ruvakuki a été libéré sans aucune explication. Il aura passé 463 jours en prison.

Burundi

PRINCIPAUX DEVELOPPEMENTS:

» Une nouvelle loi plus restrictive imposée à la presse

» Libération d’un journaliste après 463 jours en prison

En 2013 au Burundi, sous la présidence de Pierre Nkurunziza, la liberté de la presse s’est gravement détériorée. En juin, le président a promulgué une loi extrêmement restrictive, qui oblige les journalistes à révéler leurs sources, et inflige de lourdes amendes assorties de peines de prison pour tout reportage que le gouvernement estimerait préjudiciable à la sécurité de l’Etat ou à l’économie nationale. En avril, dans une lettre ouverte au président, le CPJ a décrit cette loi comme un « affront à la constitution du Burundi », et a mis en exergue certains articles qu’il juge particulièrement restrictifs pour les journalistes. Au cours de l’année écoulée, plusieurs journalistes ont été agressés, dont certains, par la police qui tentait de réprimer une manifestation hebdomadaire, organisée par des journalistes qui demandaient la libération de leur collègue, le correspondant Bonesha FM, Hassan Ruvakuki, emprisonné depuis novembre 2011 pour « collaboration avec un groupe criminel ». En mars, Ruvakuki a été libéré sans aucune explication. Il aura passé 463 jours en prison.



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    Attaques contre la presse
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    Années en prison
  • 463

    Jours en prison
  • 1.2%

    De pénétration d'Internet
 

Au cours de l’année, au moins quatre journalistes ont révélé avoir été agressés par des assaillants qu’ils suspectent d’être liés aux forces gouvernementales. Ces agressions ont eu lieu dans une période de trois mois.


Chronologie des attaques:

17 février 2013:

Alexis Nibasumba, journaliste à Bonesha FM, a été agressé alors qu'il couvrait l’élection du forum des femmes de la commune de Rumonge, située au sud du Burundi. Alexis Nibasumba a assuré avoir été traité pour des blessures à la tête. Des journalistes locaux ont déclaré que cette agression avait probablement eu lieu en représailles à la ligne éditoriale de Bonesha FM, critique à l’égard du gouvernement.

19 février 2013:

La police a agressé des journalistes et tiré des grenades lacrymogènes sur ces derniers, alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour demander la libération de leur collègue, Hassan Ruvakuki, emprisonné depuis novembre 2011. Le correspondant de Bonesha FM et Radio France Internationale (RFI) a été libéré en mars 2013.

27 mars 2013:

Patrick Niyonkuru, reporter à Radio Publique Africaine (RPA), a été blessé d’une balle dans le bras et a été passé à tabac, alors qu'il tentait d'interviewer des vendeurs de rue qui se plaignaient d’avoir été forcés de payer des pots de vin à la police. Le journaliste a été soigné dans un hôpital local. Le rédacteur en chef de la RPA a déclaré au CPJ que les autorités ont arrêté Pierre Havyarimana, un policier, et l’ont condamné à 15 ans de prison pour l'agression de Niyonkuru.

25 avril 2013:

A 01h30, des assaillants ont pris d’assaut la maison de Willy Abagenzinikindi, le journaliste de Radio Télévision Renaissance. Ce dernier a déclaré que les policiers l'ont forcé à s’allonger sur le sol, et ont saisi des cassettes audio, utilisées lors d’une interview destinée à recueillir l’avis de l'opinion publique relatif à un texte de loi sur la presse, qui venait d’être adopté. Les hommes, armés de fusils AK-47 et de machettes, lui ont assené trois coups de machette à la main gauche, avant de quitter les lieux avec les cassettes, son portefeuille et ses téléphones cellulaires. Selon des journalistes locaux, Abagenzinikindi aurait fui le pays un mois plus tard.
 

Au Burundi, les nouvelles dispositions restrictives en vigueur concernant la loi sur la presse, prescrivent qu’en cas de violation, les journalistes écoperont d’une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans, de 8 millions de francs burundais ($ 5198 dollars) et d’une suspension indéfinie des organes de presse.

Aux termes de la loi, l'État a les pleins pouvoirs, dont celui d’interdire la publication de toute information qu'il juge préjudiciable à la sécurité nationale, la sécurité publique, la morale et l'économie nationale ; de contrôler la couverture de l’actualité, et surtout, selon les recherches menées par le CPJ, celui exorbitant, de délivrer les cartes de presse et l’accréditation aux journalistes.

En avril, le CPJ a exhorté le président burundais à rejeter le projet de loi, soulignant que certains articles constituent une violation de la Constitution du Burundi et des normes internationales en matière de liberté d'expression. Deux mois plus tard, le Président Nkurunziza l’a promulgué.


Trois articles restrictifs de la nouvelle loi sur la presse:

L'article 18

oblige les journalistes à s'interdire de publier tout contenu que l'État considère préjudiciable, basé sur l’utilisation de termes ambigus tels que : l’unité nationale, la sécurité publique, la morale et l'honneur et la dignité.

L'article 19

qui confère à l’État le pouvoir exclusif de déterminer les informations que le public peut recevoir, concernant, entre autres, la sécurité nationale, l'économie nationale, et tout ce qui peut être considéré comme une offense au chef de l'État, au public et aux personnes publiques, prive les journalistes du droit d’invoquer l’intérêt public pour justifier la publication d’informations.

L'article 20

contraint les journalistes à révéler leurs sources, lorsque les autorités estiment que les informations sont susceptibles de constituer une menace à l'ordre public, la sécurité nationale ou « l'intégrité morale et physique d'une ou plusieurs personnes ». Cet article est, pour tout citoyen, qui souhaiterait dénoncer la corruption ou exprimer un point de vue différent à travers les médias, un avertissement d’autant plus dissuasif, que son identité ne pourra pas être protégée.
 

Le 6 mars 2013, les autorités ont libéré Hassan Ruvakuki. Le journaliste a passé 464 jours en prison, pour « collaboration avec un groupe criminel ».

Ruvakuki, correspondant de Bonesha FM et >Radio France Internationale, a été arrêté le 28 novembre 2011, après avoir interviewé le chef d'un nouveau groupe rebelle en Tanzanie. Condamné dans un premier temps, à la prison à perpétuité pour « participation à des actes terroristes », sa peine a été réduite en appel, à trois ans d’emprisonnement, en janvier.

Les autorités n'ont pas révélé la raison de la libération anticipée de Ruvakuki.

L'emprisonnement de Ruvakuki a suscité un tollé considérable tant au niveau national qu’international. Les journalistes burundais ont organisé des manifestations hebdomadaires pour protester contre son emprisonnement, tandis que plusieurs organisations internationales, dont le CPJ, ont réclamé sa libération.

 

Le Burundi a le plus faible taux de pénétration d'Internet en Afrique de l'Est avec 1,2 pour cent, loin derrière son voisin, le Rwanda, qui est à 8 pour cent, selon l'Union internationale des Télécommunications (UIT).

Taux régionaux de pénétration d'Internet, selon l'UIT:
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