Un journaliste menacé par des hommes armés dans l’enclave angolaise de Cabinda

New York, le 31 octobre 2011–Les autorités de l’enclave angolaise de Cabinda doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du journaliste indépendant José Manuel Gimbi, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), suite à des reportages selon lesquels des hommes armés non identifiés ont attaqué jeudi dernier la résidence de M. Gimbi et ont menacé de porter atteinte à son intégrité physique.

M. Gimbi, correspondant local de La Voix de L’Amérique (VOA), une chaîne financée par le gouvernement américain, est l’un des deux seuls journalistes indépendants basés à Cabinda, une région qui détient la plupart des richesses pétrolières de l’Angola et fait l’objet d’un conflit entre les séparatistes armés et le gouvernement.

Jeudi dernier à 20 heures, heure locale, des hommes armés en civil munis de talkies-walkies sont allés à la résidence de M. Gimbi, où les enfants de ce dernier et un témoin ont entendu les hommes menacer de porter atteinte à son intégrité physique, selon des journalistes locaux et des médias.

Cette descente fait partie d’une tendance consistant à intimider M. Gimbi, qui est également avocat, pour ses reportages sur les violations de droits de l’homme et les abus commis par les forces gouvernementales angolaises et les rebelles indépendantistes, selon des médias et des recherches du CPJ.

Trois jours avant l’incident, M. Gimbi a rapporté que tandis que les autorités angolaises exerçaient des pressions sur les réfugiés revenant de la République démocratique du Congo (RDC), pour démasquer des rebelles soupçonnés de se cacher parmi eux. Le 18 octobre dernier, M. Gimbi a réalisé une interview avec le père Raul Tati, un prêtre et leader déclaré de la société civile, dans lequel Tati a critiqué le président angolais, José Eduardo Dos Santos, pour n’avoir pas abordé le conflit à Cabinda dans un récent discours à la nation, selon des journalistes locaux. Tati avait aussi accusé Dos Santos d’utiliser la justice et les forces de sécurité pour mener une campagne de répression dans la province.

« Nous tenons les autorités de Cabinda responsables de la sécurité de M. Gimbi et demandons à la police de mener une enquête sur cet incident », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Ces tactiques d’intimidation sont une tentative visant à museler une source cruciale d’information indépendante dans cette région », a-t-il martelé.

M. Gimbi a signalé l’incident à la police et est temporairement entré dans la clandestinité, selon des journalistes locaux. La VOA a cité Oliveira da Silva, directeur de la division des enquêtes criminelles de la police, déclarant que le journaliste n’était pas en danger.

« La VOA se préoccupe toujours des allégations de harcèlement et de menaces contre nos journalistes. Nous sommes ainsi en train de mener des recherches sur cet incident »,  a déclaré au CPJ David Borgida, directeur des relations publiques de la VOA.

En 2010, M. Gimbi avait rapporté avoir reçu des menaces de mort pour ses reportages au sujet d’un attentat meurtrier  contre un autocar transportant l’équipe nationale de football du Togo qui se rendait au nouveau stade de Cabinda, selon des recherches du CPJ. En décembre 2009, la police avait détenu M. Gimbi et Benoit Faucon, journaliste de Dow Jones, tandis qu’ils prenaient des photographies de ce stade, selon des médias. En septembre dernier, un communiqué de presse de la VOA avait rapporté que les autorités de ce pays avaient menacé de traduire M. Gimbi en justice pour ses reportages sur la dispersion brutale de manifestations d’étudiants appelant à la paix et le dialogue entre le gouvernement et les séparatistes.