Préval promet justice pour journalistes haïtiens assassinés

New York, 27 septembre 2007— Le Président Haïtien René Préval a promis de soutenir une commission indépendante pour évaluer les enquêtes retenues d’une série d’assassinats non résolus de journalistes au cours de cette décennie. Il a déclaré que tous les obstacles politiques à la justice ont été retirés.

Au cours d’une réunion avec une délégation du Comité pour la Protection des Journalistes mercredi, Préval a garanti son « soutient complet » pour la commission et il a dit que le gouvernement haïtien « veut que la justice triomphe ». Préval est à New York pour participer à la 62ème Assemblé Générale des Nations Unies.

« Nous félicitons de la détermination et l’engagement du Président Préval à poursuivre la justice dans les crimes contre la presse », a déclaré le Directeur Exécutif du CPJ, Joel Simon. « Sans des obstacles politiques, le gouvernement haïtien doit maintenant presser fortement pour des enquêtes exhaustives dans les cas des journalistes assassinés. Haïti doit rompre le cycle d’impunité pour pouvoir restaurer la confiance dans le système judiciaire du pays ».

Des fonctionnaires du CPJ et Préval ont examiné les conditions de la liberté de presse en Haïti au long de leur réunion et ont discuté sur le futur de la commission de journalistes créée récemment pour examiner l’état des enquêtes officielles sur les assassinats non résolus de journalistes en Haïti entre 2000 et 2007. Préval parcourt sa deuxième année à la présidence après l’expulsion de Jean-Bertrand Aristide et une administration intérimaire chaotique. 

« Les politiciens et les enquêteurs n’étaient pas intéressés à poursuivre la justice dans les cas des journalistes assassinés car quelques uns d’entre eux étaient impliqués dans les meurtres », Préval a expliqué au CPJ par moyens d’un interprète. « Mais la situation a changé maintenant. Nous avons une volonté politique qui nous permettra progresser ».

La délégation du CPJ comprenait Simon, Franz Allina, membre du conseil d’administration du CPJ, et le Coordinateur du Programme des Amériques, Carlos Lauría.

Préval a reconnu qu’il y aura des difficultés pour rendre la justice, spécialement dans les cas plus vieux. Mais le président a expliqué que la commission est une « signale qui nous permettra résoudre quelques crimes ». Préval a dit que « la liberté de la presse est essentielle pour le développement d’une démocratie ». 

Le président haïtien a noté que le climat de violence qui avait menacé Haïti depuis l’année 2000 s’est allégé. « L’atmosphère est différente maintenant, et la presse peut travailler dans un milieu relativement libre », a déclaré Préval. Selon les recherches du CPJ, les attaques contre la presse haïtienne ont diminué significativement au cours des deux dernières années.

La délégation du CPJ a demandé à Préval de soutenir les efforts pour renforcer le travail de la commission indépendante et a exhorté au gouvernement à fournir les ressources nécessaires pour que les policiers, juges et procureurs puissent faire leur travail. Le CPJ a aussi demandé à Préval qu’il renouvelle le mandat du Juge Bernard Saint-Vil qui est responsable de l’enquête sur le meurtre du correspondant espagnol Ricardo Ortega, abattu par des bandits qui ont tiré sur des manifestants en avril du 2004 à Port-au-Prince, la capitale haïtienne.

La commission indépendante est une initiative commune de Préval et le groupe local de liberté de la presse S.O.S. Journalistes. La commission a accès aux dossiers policiers et de justice sur les meurtres d’au moins 10 journalistes. Elle étudie les cas un par un pour déterminer où les enquêtes ont eu des problèmes

La commission est dirigée par le journaliste et activiste pour la liberté de la presse Joseph Guyler Delva. Les journalistes suivants y font aussi partie : Euvrard Saint-Armand de Radio Caraïbes; Anne Marguerite Auguste de Radio Solidarité; Dieudonné Saincy de Radio Métropole; Jean Wilmer Morin de Tropic FM et de la chaîne de télé Télémac; Louis Gary Cyprien du journal Le Nouvelliste; Marie Nick Marcelin de Radio Ibo; et Idson Saint-Fleur de Signal FM.

« Nous avons déjà vu du progrès », a indiqué Préval. Le président a fait allusion au cas de Jacques Roche, rédacteur culturel du journal Le Matin de Port-au-Prince, qui a été assassiné à la capitale haïtienne en juillet 2005. Le 30 Août, un juge à Port-au-Prince a condamné Alby Joseph et Chéry Beaubrun, deux membres du gang local Solino, à prison à perpétuité pour l’enlèvement et le meurtre de Roche. « Il s’agit d’un pas en avance », a noté le président.

La commission cherche à identifier des problèmes concrets dans les enquêtes pour faciliter des solutions. Dans un cas, par exemple, la commission a découvert un document juridique vital pour le cas de Brignol Lindor, assassiné en 2001, qui avait « disparu » et l’a renvoyé aux enquêteurs qui s’occupent actuellement du cas.

Delva a indiqué au CPJ que la commission commencera avec l’étude du dossier du journaliste haïtien Jean-Léopold Dominique, propriétaire et directeur de la station Radio Haïti-Inter et un des journalistes les plus renommés du pays. Dominique a été abattu le 3 avril 2000, à l’entrée de sa station de Port-au-Prince. Ce cas longtemps négligé se caractérise par l’incompétence et le manque de volonté politique, qui ont fait que le meurtre de Dominique continue à être impuni, selon les recherches du CPJ.

Depuis l’année 2000, trois journalistes ont été tués en représailles directes pour leur travail en Haïti. Le CPJ continue à étudier les circonstances autour des meurtres de cinq autres journalistes pour déterminer si ses assassinats ont des liens avec leurs activités professionnelles.