Dakar, le 8 octobre 2024 – Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités tchadiennes à autoriser le journal privé Le Visionnaire à reprendre ses activités après la suspension de sa publication pendant trois mois en raison d’un article portant sur la mauvaise gestion du gouvernement.
Deux cadres supérieurs ont également été interdits d’exercer le métier de journaliste parce qu’ils ne détenaient pas de carte d’identité de presse.
« Les autorités tchadiennes doivent lever la suspension du journal Le Visionnaire et arrêter d’utiliser l’accréditation de presse comme instrument de censure », a déclaré Angela Quintal, responsable du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les dirigeants politiques et les responsables gouvernementaux doivent être capables de répondre aux critiques des médias sans essayer de réduire la presse au silence. »
Le 4 octobre, la Haute Autorité des médias et de l’audiovisuel (HAMA) du Tchad a suspendu Le Visionnaire, son directeur de publication Christian Allahdiguissem et le consultant éditorial Romingar Bendibaye suite à un article du 9 septembre sur des allégations de détournement de fonds dans la gestion d’un projet de la Banque mondiale par le ministre de l’Urbanisme, Mahamat Assileck Halata.
Halata a déposé plainte auprès de la HAMA, qui a déclaré que les auteurs de l’article « n’ont fourni aucune preuve de leurs allégations » et que « l’article querellé renferme des propos injurieux, insultants et diffamatoires ».
Citant la loi sur la presse au Tchad, la HAMA a interdit à Allahdiguissem et à Bendibaye d’exercer toute « activité journalistique » jusqu’à ce qu’ils obtiennent des cartes d’identité de journaliste professionnel, que la loi définit comme « obligatoires pour tout journaliste exerçant dans un organe de presse ».
Le propriétaire du journal Le Visionnaire, Judah Allahondoum, a déclaré au CPJ que le journal avait fait appel de la décision.
Les demandes de commentaires du CPJ auprès du ministère de l’Urbanisme et du président de la HAMA, Abderamane Barka, sont restées sans réponse.