New York, le 5 décembre 2022 – Suite à la suspension par les autorités burkinabè des programmes du radiodiffuseur français Radio France Internationale (RFI), le Comité pour la protection des journalistes a publié lundi le communiqué suivant condamnant la décision :
« Les autorités burkinabè doivent revenir sur leur décision de suspendre les programmes de RFI et veiller à ce que les journalistes puissent travailler sans craindre d’être sanctionnés du fait de leur travail, et notamment couvrir les questions de sécurité », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ. « Il est alarmant et regrettable que le Burkina Faso ait rejoint le Mali dans son mépris pour la liberté de la presse et l’accès à l’information en refusant à RFI l’autorisation de diffuser. »
Le 3 décembre, le Service d’information du gouvernement burkinabè a publié un communiqué accusant RFI d’avoir relayé un « message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste » plus tôt dans la journée, et déclaré que le média est en conséquence suspendu.
Ce communiqué ne mentionne pas quel reportage spécifique de RFI du 3 décembre a été à l’origine de la suspension, et accuse également RFI d’avoir diffusé, le 2 décembre, une « information mensongère » concernant Ibrahim Traoré, président par intérim du pays.
Dans son propre communiqué, RFI a qualifié les accusations mettant en cause son travail de « totalement infondées ».
Idrissa Birba, président du groupe de défense des droits de l’homme Nouveaux Droit de l’Homme (NDH-Burkina), a déclaré au CPJ par téléphone lundi que les émissions de RFI n’étaient plus disponibles sur la bande FM et en ondes courtes dans le pays, mais qu’elles étaient toujours accessibles en ligne.
En 2019, le Burkina Faso a modifié son code pénal pour exiger une « autorisation » du gouvernement pour publier des informations sur les lieux d’une attaque terroriste, comme l’avait rapporté le CPJ à l’époque. En mars, les autorités maliennes ont également suspendu RFI et France 24, autre filiale de la société France Médias Monde détenue par l’État Français.