Le journaliste haïtien Roberson Alphonse survit à une attaque armée à Port-au-Prince, un animateur de radio disparu retrouvé mort aux Cayes

Un homme circule en moto à Port-au-Prince, en Haïti le 15 octobre 2022. (AFP/Richard Pierrin)

New York, le 26 octobre 2022- Les autorités haïtiennes doivent immédiatement enquêter sur une attaque armée perpétrée contre le journaliste d’investigation Roberson Alphonse, traduire les responsables en justice et veiller à ce que les journalistes haïtiens puissent travailler en toute sécurité, a déclaré mercredi le Comité pour la protection des journalistes.

Des assaillants non identifiés ont tiré sur la voiture d’Alphonse alors qu’il traversait le quartier Delmas 40B de la capitale, Port-au-Prince, pour se rendre à son travail à la station de radio Magik9 tôt mardi matin, selon les médias

L’attaque, qui a laissé au moins 10 impacts de balles sur la voiture d’Alphonse, a blessé le journaliste aux deux bras, mais il a pu se rendre lui-même à l’hôpital où il a reçu des soins et est dans un état stable, a déclaré Frantz Duval, rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste et Magik9, au Miami Herald.

« Je l’ai vu, je lui ai parlé, il est sous le choc, mais il ne va pas trop mal », a déclaré Duval.

Alphonse, l’un des journalistes d’investigation les plus en vue d’Haïti, est rédacteur en chef pour Le Nouvelliste et directeur de l’information à Magik9, où il anime l’émission matinale Panel Magik, selon ces informations et un communiqué de l’Association des journalistes haïtiens. 

« C’est avec un profond soulagement que nous apprenons que Roberson Alphonse va survive et nous lui souhaitons un prompt rétablissement après l’attaque qui a failli le faire rejoindre la longue liste des journalistes tués en Haïti cette année », a déclaré Natalie Southwick, coordinatrice du programme du CPJ pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Les autorités doivent prendre des mesures décisives pour protéger la presse haïtienne afin que les courageux reporters du pays ne soient pas contraints de risquer leur vie chaque fois qu’ils quittent leur domicile pour travailler. »  

Duval a déclaré au Miami Herald qu’il s’était rendu compte que quelque chose n’allait pas un peu après 7 heures du matin mardi, lorsque le personnel de la station de radio l’a appelé pour lui dire qu’Alphonse n’était pas arrivé pour son émission. Plus tard, il a reçu un appel d’Alphonse, qui était déjà à l’hôpital, lui disant qu’il avait été victime d’une attaque. 

Dans un communiqué, le ministère haïtien de la Culture et de la Communication a qualifié l’attaque de « tentative d’assassinat » sans fournir plus de détails, et a exprimé sa solidarité avec la famille d’Alphonse, ses collègues et « toute la corporation durement touchés par ce malheureux événement qui vient menacer une fois de trop le secteur de la presse en Haïti ».

Le communiqué décrit Alphonse comme une « personnalité très respectée au sein de la presse haïtienne » et d’ajouter : « Sa rigueur, son effort d’impartialité et son sens de perfectionnement font de lui un modèle pour la profession ». 

Dans ses récents articles pour Le Nouvelliste, Alphonse a couvert des sujets tels que la politique nationale, la criminalité et le maintien de l’ordre, les conditions de sécurité en Haïti et la réponse internationale en cours. 

Dans un autre incident, lundi, les autorités de la ville des Cayes, dans le sud d’Haïti, ont retrouvé le corps du commentateur radio Garry Tess, porté disparu depuis le 18 octobre, selon les médias.  Avocat, Tess travaillait également comme analyste politique et animait l’émission de radio populaire « Gran Lakou » sur la chaîne privée Radio Lébon FM aux Cayes, selon les médias. Le CPJ continue d’enquêter sur sa mort, pour déterminer notamment si elle était liée à son travail de journaliste. 

Le commissaire du gouvernement des Cayes, Ronald Richemond, a annoncé mardi que le bureau du procureur général et la police locale avaient ouvert une enquête sur la mort de Tess et avaient déjà interrogé plusieurs personnes dans le cadre de l’affaire, selon les médias

Le CPJ a appelé la police haïtienne et lui a envoyée un courriel pour obtenir des commentaires sur ces affaires, mais n’a reçu aucune réponse. 

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