Les autorités burundaises sévissent contre les medias en amont des élections

Nairobi, le 29 avril 2015 — Le Comité pour la protection des journalistes condamne le harcèlement des journalistes et des organes de presse au Burundi et appelle les autorités à leur permettre de couvrir les manifestations en amont des élections prévues en mai et en juin. La police a interrompu la transmission d’au moins trois stations de radio et les sociétés des télécommunications ont reçu l’ordre de suspendre l’accès des téléphones portables aux médias sociaux, selon les informations et les journalistes locaux.

Des manifestants ont protesté samedi à Bujumbura, la capitale, contre une décision du congrès permettant à Pierre Nkurunziza, le président du parti au pouvoir, de se présenter pour un troisième mandat, ont rapporté les bulletins d’information. Selon des informations citant des manifestants, cette décision viole l’accord de paix signé en l’an 2000, limitant le président à deux mandats de cinq ans. Les manifestations de groupes de la société civile et du public depuis samedi ont entraîné au moins six morts et plus de 300 arrestations, selon les informations. Les élections législatives du Burundi se tiendront au mois de mai et les élections présidentielles, en juin.

Les autorités ont ordonné ce lundi la fermeture de Radio Publique Africaine (RPA), la principale station de radio privée à Bujumbura, l’accusant « d’incitation au soulèvement » pour avoir couvert les manifestations dans la capitale, ont rapporté les informations. La police a interrompu la transmission de la station, a indiqué au CPJ son directeur Bob Rugurika. La station était absente des ondes mercredi.

Depuis dimanche, les autorités ont ordonné à deux autres stations de radio indépendantes privées, Bonesha FM et Isanganiro, de cesser leur retransmission en direct des manifestations et de couper leurs relais, réduisant ainsi la portée de leur diffusion pour ne plus couvrir que Bujumbura, ont affirmé au CPJ les journalistes locaux.

Lundi matin, la police a pris d’assaut la maison de la presse, où se trouve le bureau de l’Union burundaise des journalistes, selon les bulletins d’information et les journalistes du centre qui ont communiqué avec le CPJ. Les sources ont indiqué que la police n’était pas en possession d’un mandat. Cinq stations de radio, notamment les trois stations dont la transmission est affectée, fournissent des informations sur les élections à l’émission Synergie des médias et se servent de la maison de la presse comme base pour son enregistrement.

« Les autorités burundaises tentent ouvertement d’empêcher les médias de couvrir les tentatives d’opposition à l’obtention d’un troisième mandat par le président Pierre Nkurunziza ; mais étouffer la couverture ne fera pas disparaître l’opposition, a déclaré Tom Rhodes, représentant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. La crédibilité des élections burundaises repose largement sur la liberté de leur couverture médiatique et nous appelons les autorités à laisser les journalistes et les organes de presse faire leur travail. »

Ce mardi, sur ordre des autorités, les sociétés des télécommunications ont bloqué l’accès des téléphones portables aux sites de médias sociaux comme Facebook, Twitter, WhatsApp et Tango, selon les informations. Les journalistes locaux ont dit soupçonner que les services de messagerie des médias sociaux étaient suspendus depuis que les citoyens s’en étaient servis pour coordonner les manifestations.

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