Un journaliste burundais arrêté par le service national de renseignement

Nairobi, le 17 juin 2013 Les autorités du Burundi détiennent un journaliste depuis jeudi dernier sous de vagues accusations d’atteinte à la sécurité nationale, selon des médias. Le Comité pour la protection des journalistes a ainsi exprimé sa préoccupation et demandé aux autorités burundaises de divulguer les raisons de cette détention.

Le Service national de renseignement (SNR) du Burundi a arrêté Lucien Rukevya, journaliste et producteur de la Radio Télévision Nationale du Burundi, selon des médias et des journalistes locaux. Le porte-parole du SNR, Telesphore Bigirimana, a déclaré que Rukevya était en possession de «documents compromettants», mais n’a pas donné plus de détails, ont rapporté des médias. Cependant, aucune accusation n’a été portée contre le journaliste.

Le président de l’Union burundaise des journalistes, Alexandre Niyungeko, a déclaré que Rukevya est accusé d’implication dans le mouvement rebelle du M23, ont rapporté des médias. Les rebelles du M23 sont d’anciens militaires congolais qui se sont mutinés contre le gouvernement de la République démocratique du Congo en 2012 pour réclamer le respect de l’accord signé en 2009 entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de l’ancien général Laurent Nkunda et le pouvoir de Kinshasa. Selon les mêmes sources, Rukevya a été arrêté avec un ancien ministre et deux hommes congolais qui sont supposés être membres dudit groupe rebelle.

L’ampleur et la nature de la présence du M23 au Burundi ne sont pas claires.

Des journalistes locaux ont dit au CPJ que leur confrère est détenu au bureau du SNR à Bujumbura, la capitale burundaise. Des agents de sécurité ont aujourd’hui perquisitionné le domicile et le bureau de Rukevya, qui ne bénéficie que d’un accès limité à un avocat, selon les mêmes sources.

« Nous craignons que les autorités burundaises utilisent les lois vagues sur la sécurité nationale pour détenir arbitrairement un journaliste qui cherche à rendre compte d’un sujet d’actualité sensible », a déclaré Tom Rhodes, Consultant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. « Elles devraient divulguer les preuves contre Lucien Rukevya ou le libérer immédiatement », a-t-il martelé.
 
L’arrestation de Rukevya fait suite à l’adoption d’un nouveau code de la presse au Burundi qui oblige les journalistes à révéler leurs sources et pénalise la couverture de toute information que l’État juge préjudiciable, sur la base de termes vagues tels que la sécurité nationale et la sécurité publique.

Une semaine après que le président Pierre Nkurunziza a promulgué le nouveau code de la presse, les autorités judiciaires ont convoqué au moins deux autres journalistes pour les interroger, selon des médias. Le 11 juin courant, la police de Bujumbura a interrogé Janvier Harerimana, journaliste de la station indépendante Radio Isanganiro, et exigé qu’il révèle ses sources pour un reportage au sujet d’un prétendu assassinat commis par les Imbonerakure, ligue des jeunes affiliés au parti au pouvoir, ont dit au CPJ des journalistes locaux. Deux jours plus tard, un procureur de la République a convoqué Evariste Nzikobanyankain, journaliste de la même station, dans le cadre d’un reportage jugé «préjudiciable à la sécurité publique», a dit Niyungeko. Nzikobanyanka avait diffusé un reportage sur des allégations de mauvaise gestion par la Commission nationale des terres et autres biens (CNTB), ont des journalistes locaux au CPJ.

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