Lagos, Nigeria, le 11 mars 2013 – Les autorités maliennes doivent mener une enquête sur la tentative d’assassinat d’un animateur de radio dans la ville de Niono, a déclaré aujourd’hui le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Le journaliste a été agressé deux semaines après qu’il a reçu des menaces lui intimant de démissionner de sa station.
L’agresseur s’est rendu le 2 mars courant au domicile de Dramane Traoré, animateur à Radio Kayira, une chaîne privée proche de l’opposition, sous prétexte de lui remettre une lettre à diffuser sur Radio Kayira. L’homme a tenté de poignarder le journaliste mais ce dernier a pu se défendre et n’a été atteint que sur la partie supérieure de la tête, selon des médias. L’agresseur s’est ensuite enfui. M. Traoré, qui a eu des traumatismes crâniens, s’est fait soigner dans un hôpital local, ont rapporté des médias.
Ce journaliste a souvent fait une analyse critique de la situation politique au Mali. Il a fréquemment fait des reportages sur des sujets sensibles tels que la corruption, la gouvernance locale et la guerre qui sévit dans le Nord du Mali.
«Les autorités maliennes devraient prendre des mesures plus soutenues pour assurer la sécurité de tous les journalistes » a déclaré Robert Mahoney, directeur adjoint du CPJ. « Les auteurs de cette agression doivent répondre de leur acte afin que cela soit un signal fort indiquant qu’un tel comportement contre la presse ne sera pas toléré », a-t-il martelé.
Deux semaines avant l’agression, un homme non identifié avait averti M. Traoré qu’il serait tué dans une semaine à moins qu’il ne démissionne de la Radio Kayira et qu’il ne coupe tout lien avec la Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI), un parti d’opposition qui a été fondé par le propriétaire de ladite station, Oumar Mariko, selon des médias. L’appartenance de Traoré au SADI n’a pas été clairement établie mais des journalistes locaux ont déclaré que la ligne éditoriale de Radio Kayira est conforme à la position du parti politique. En outre, la station a souvent fait des reportages sur des sujets relatifs à l’opposition.
Le coordinateur général de Radio Kayira, Mamadou Diarra, a déclaré au CPJ que l’agression et les menaces ont été signalées à la police et au Premier ministre, Cissoko Django. Il a aussi affirmé que l’identité de l’agresseur avait été communiquée aux autorités, mais que la police n’a procédé à aucune arrestation. Bally Idrissa Sissoko, chargé de communication à la primature, n’a pas répondu aux appels ni aux messages du CPJ.
Radio Kayira a été la cible de menaces et d’attaques depuis le coup d’État de mars 2012. En avril, les studios de la station ont été saccagés et en mai, des hommes non identifiés ont incendié la station, selon l’Agence France-Presse (AFP). Aucune poursuite n’a été engagée en dépit des plaintes contre les menaces et les attaques persistantes contre le personnel de Radio Kayira, a déclaré M. Diarra au CPJ.
- Pour plus de données et d’analyses sur le Mali, veuillez consulter le rapport du CPJ Attaques contre la presse.