New York, le 15 février 2013–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a aujourd’hui exhorté les autorités judiciaires de la République démocratique du Congo (RDC) à accorder la liberté provisoire à un journaliste emprisonné mardi dernier dans une affaire de diffamation.
La police judiciaire de Kinshasa, la capitale congolaise, a arrêté Joachim Diana Gikupa, directeur de publication du quotidien privé La Colombe avant de le transférer à la prison centrale de Malaka, selon des médias locaux. L’arrestation fait suite à la décision du tribunal de paix de Gombe de condamner Gikupa à six mois de prison ferme pour diffamation contre le centre hospitalier Gen Taï, situé à Kinshasa. Le patron de Gen Taï avait porté plainte contre Gikupa à la suite d’un article paru le 9 février 2012 qui remettait en cause la qualité des soins dans cet hôpital, alléguant, entre autres, la vente de médicaments périmés. Le responsable dudit hôpital a nié les allégations et porté plainte contre Gikupa, a confié au CPJ, Scotty Kalonji, le coordonnateur de La Colombe. Le journaliste a également été condamné à payer 20.000 dollars américains de dommages et intérêts au patron de Gen Taï, ont rapporté des groupes locaux de défense de la liberté de la presse.
Les avocats de Gikupa ont fait appel de la condamnation qui aurait été prononcée depuis fin décembre dernier, selon la radio onusienne Okapi. Ils ont également demandé la libération sous caution du journaliste qui serait en mauvais état de santé.
« Nous condamnons l’utilisation continue de dispositions pénales réprimant la diffamation contre les journalistes qui font des reportages indépendants sur les questions d’intérêt public telles que la qualité des soins dans un hôpital en République démocratique du Congo », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ basé à New York. « Joachim Diana Gikupa devrait être libéré sous caution en attendant son appel, et nous exhortons les autorités judiciaires de la RDC à déférer les affaires de diffamation devant des tribunaux civils. Les journalistes qui émettent des critiques ne sont pas des criminels », a-t-il martelé.