Abuja, Nigeria, le 12 décembre 2012–Le procureur de la République de la ville de Bamenda, située au nord-ouest du Cameroun, a menacé de poursuivre un journaliste pour diffamation s’il ne révèle pas ses sources pour une série d’articles, selon des médias. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) demande ainsi aux autorités judiciaires de cette ville de revenir sur cette menace qui ne peut être interprétée que comme une manière d’intimider ce confrère pour avoir mis en cause la gestion d’un service de santé.
La police a arrêté Aaron Kah, directeur de publication du bimensuel récemment créé Kilum 24, vendredi dernier après que la Cameroon Baptist Convention Health Board (CBCHB), un service de santé de l’Eglise baptiste camerounaise basé à Bamenda, a porté plainte contre lui. La plainte est fondée sur les articles publiés par Kah dans le journal Kilum 24 en octobre et novembre derniers qui s’interrogeaient sur les pratiques en matière de recrutement et de gestion du personnel par les responsables de ce service, selon des médias.
Kah, qui a été libéré sous caution lundi dernier, a déclaré au CPJ qu’il avait été convoqué à deux reprises par le procureur de la République qui lui a exigé de révéler les sources de ses articles. Le journaliste a dit avoir refusé, soulignant cependant que la CBCHB pouvait publier un droit de réponse. Le journaliste a également déclaré que le procureur lui a signifié qu’il avait jusqu’au 28 décembre pour révéler ses sources sinon il serait de nouveau arrêté et inculpé de diffamation.
Des journalistes locaux ont dit au CPJ que la CBCHB n’avait pas publiquement réfuté les allégations du journal de Kah. Pius Tih, directeur des services de santé de la CBCHB, n’a pas répondu aux appels du CPJ aux fins de commentaires sur cette affaire. Quant à Godwin Ncham, secrétaire général de ladite organisation, il a refusé de confirmer ou d’infirmer ces allégations et déclaré que Tih était hors du pays.
« Nous condamnons les actes d’intimidation, d’arrestation, et la menace de poursuites pénales contre Aaron Kah pour le forcer à révéler ses sources d’information», a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ basé à New York. «Nous invitons la CBCHB à exercer son droit de réponse ou demander réparation devant un tribunal civil. Kah ne doit pas être emprisonné pour avoir soulevé des questions sur la gestion d’un service de santé », a-t-il ajouté.
- Pour davantage de données et d’analyses sur le Cameroun, veuillez cliquer ici.