Lagos, Nigeria, le 12 septembre 2012 – Les agents de sécurité d’un membre du gouvernement ivoirien ont agressé un journaliste couvrant l’expulsion de la famille d’un haut fonctionnaire vendredi dernier, saisissant son matériel et le laissant ensanglanté et contusionné, selon des médias. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) condamne cette agression et demande aux autorités ivoiriennes de veiller à ce que les auteurs soient traduits en justice.
Un policier, un militaire et des agents en civil ont agressé Anderson Diédri, journaliste du quotidien privé Le Nouveau Courrier, pour avoir interviewé et photographié une femme et ses cinq enfants alors qu’on les expulsait de leur maison à Abidjan, selon des journalistes locaux et des médias. Le mari de la femme, Albert Toikeusse Mabri, ministre ivoirien de la Planification et du développement, aurait réclamé cette expulsion après avoir demandé le divorce en juin dernier.
M. Mabri avait envoyé les assaillants pour superviser l’expulsion, bien qu’une cour d’appel ait annulé un ordre d’expulsion délivré plus tôt par un tribunal inférieur, selon des médias.
M. Diédri a dit qu’il s’était identifié comme journaliste à ses assaillants, mais que ces derniers ont continué à le rouer de coups de poing et de pied, le laissant avec une lèvre ensanglantée et des contusions sur son corps, selon des médias. Il a souligné que les hommes avaient aussi saisi son appareil photo et son téléphone portable, ont rapporté des médias. Stéphane Bahi, directeur de publication du quotidien Le Nouveau Courrier a déclaré au CPJ qu’un des assistants de M. Mabri a rendu plus tard l’appareil photo au journaliste, précisant que toutes les photographies avaient été supprimées.
Personne n’a été arrêté pour cette agression, selon des journalistes locaux. M. Bahi a dit au CPJ que le journal comptait déposer une plainte officielle.
Edmond Doua, le chargé de communication de M. Mabri, a déclaré au CPJ que le ministre n’avait pas ordonné l’agression. M. Doua a aussi dit que les images avaient été supprimées parce que le journaliste avait pris des photographies d’une affaire privée sans aucune autorisation. Il a ajouté qu’il avait personnellement présenté des excuses au journal Le Nouveau Courrier et avait garanti la restitution du matériel du journaliste.
« Nous condamnons l’agression d’Anderson Diédri pour un reportage concernant un fonctionnaire », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ basé à New York. « Si le ministre ivoirien Albert Toikeusse Mabri n’a pas ordonné l’agression, il est d’autant plus impératif qu’il fasse tout en son pouvoir pour identifier les agresseurs de M. Diédri et les traduire en justice », a-t-il martelé.
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