New York, le 5 janvier 2012– Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) salue la décision vendredi d’un juge d’Abidjan d’accorder la libération sous caution à Hermann Aboa, journaliste de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI). Le CPJ demande aux procureurs d’abandonner les poursuites politisées retenues contre lui.
M. Aboa avait été incarcéré pendant 163 jours à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) sous une série d’accusations de menées antiétatiques. Les poursuites contre ce journaliste étaient fondées sur son rôle en tant que modérateur d’une émission-débat politique sur la RTI durant le règne du président destitué, Laurent Gbagbo.
Les accusations portées contre Aboa, notamment celles d’atteinte à la sûreté de l’État et à l’ordre public, de participation à une insurrection et d’incitation à la haine ethnique, n’ont pas été abandonnées, a déclaré le procureur adjoint Noël Djè, cité par des médias. Sur la base des séquences de l’émission controversée intitulée Raison d’État, le CPJ a déterminé que les accusations liées au rôle de M. Aboa en tant que journaliste étaient sans fondement. Il convient de souligner que parmi les quatre modérateurs de ladite émission, seul M. Aboa a été poursuivi.
« Nous sommes soulagés que les autorités ivoiriennes aient finalement accordé à Hermann Aboa sa liberté », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Les chefs d’inculpations contre M. Aboa, si ils sont bien liés à l’exercice de sa profession de journaliste, n’ont aucun fondement et nous demandons au procureur de la République de Côte d’Ivoire de les abandonner immédiatement », a-t-il martelé.
Le Comité ivoirien pour la protection des journalistes (CIPJ), une organisation locale de défense de la liberté de la presse, a annoncé la nouvelle vendredi, remerciant le journaliste chevronné Eugene Dié Kacou pour son intervention auprès des autorités pour obtenir la libération de M. Aboa. Ce dernier a été libéré avec deux personnalités proches de l’ancien président déchu: l’ancien médecin de M. Gbagbo, Christophe Blé, et l’ancien journaliste Franck Anderson Kouassi, selon des médias.
Après avoir pris le pouvoir avec l’appui des forces françaises, mettant ainsi fin à cinq mois de lutte pour le pouvoir avec M. Gbagbo, le président Alassane Ouattara avait promis la démocratie et la réconciliation avec les partisans de son rival. Toutefois, des recherches du CPJ ont noté une vague de censure et de harcèlement des médias et des journalistes et anciens journalistes pro-Gbagbo, tandis que la justice tarde à demander des comptes aux forces pro-Ouattara responsables d’abus contre la presse.