En RDC, le gouvernement de Kabila interdit une station qui soutient Étienne Tshisekedi

New York, le 13 juillet 2011–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) condamne l’interdiction de diffusion en République démocratique du Congo (RDC) d’une station privée qui soutient le chef de fil de l’opposition à la prochaine présidentielle, Étienne Tshisekedi. L’interdiction, depuis samedi dernier, de cette station est une violation des lois sur la presse du pays, a souligné le CPJ.

Le signal de la Radio Lisanga Télévision (RLTV), émettant à Kinshasa, la capitale congolaise, a été coupé sans mise en demeure, a dit au CPJ le directeur général de ladite station, Basile Olongo Pongo. Le même jour, le ministre congolais de la Communication, Lambert Mendé, a publié un décret interdisant indéfiniment la station sur toute l’étendue du territoire congolais pour « des émissions qui font l’apologie de la violence et contribuent à troubler l’ordre public », selon les to médias.

Dans une interview avec le CPJ aujourd’hui, le ministre Mendé a déclaré que la station avait « appelé les jeunes à descendre dans la rue et expliqué comment faire des cocktails Molotov ». Selon l’organisation locale de défense de la liberté de la presse, Journaliste en Danger (JED), qui a suivi de près les émissions de la RLTV, les accusations du gouvernement sont infondées. La RLTV s’est attirée le courroux du gouvernement du fait de la diffusion d’une émission-débat nocturne intitulée «Soutien à Etienne Tshisekedi», dont les animateurs et les invités sont critiques à l’égard du président Joseph Kabila, qui sollicite un deuxième mandat de cinq ans aux élections présidentielles de novembre prochain, selon JED et des journalistes locaux.

Baby Balukuna, un des présentateurs du programme, a été blessé dans une agression le 19 juin dernier perpétrée par des hommes non identifiés armés de machettes alors qu’il sortait des studios de la RLTV, a rapporté Radio Okapi, une station parrainée par l’ONU.

 « L’interdiction sommaire de la RLTV n’est rien d’autre qu’une censure politique », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Les autorités ont coupé le signal de la station sans suivre la procédure régulière. Elles doivent lever cette interdiction immédiatement», a-t-il martelé.

Le gouvernement a coupé le signal de la RLTV un jour après que la station a largement couvert une marche le 9 juillet courant des militants du parti de M. Tshisekedi, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS),  qui portaient le corps d’un de leurs membres, Serge Lukusa, selon des journalistes locaux. Les militants soutiennent que M. Lukusa est décédé après avoir inhalé du gaz lacrymogène lors de la dispersion violente par les forces de sécurité d’un sit-in qui s’était tenu plus tôt devant le siège de la Commission nationale électorale indépendante. Cependant, M. Mendé a déclaré à la presse que M. Lukusa est mort d’une «mort naturelle», selon des médias.