Les meurtres non élucidés de journalistes

Indice de l’impunité du CPJ en 2011

Publié le 1er juin 2011

NEW YORK
La Russie et le Mexique, deux des pays les plus meurtriers au monde pour la presse, ont pris des directions différentes dans la lutte contre la violence meurtrière impunie contre les médias, souligne le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) dans son nouvel Indice de l’impunité. En effet, cet Indice, qui calcule le pourcentage des meurtres non élucidé de journalistes par rapport à la population de chaque pays, note une amélioration en Russie en 2010, où le nombre de meurtres de journalistes a diminué et deux condamnations très médiatisées ont été obtenues. Cependant, la violence meurtrière contre la presse a continué d’augmenter au Mexique, où les autorités semblent impuissantes à traduire les assassins en justice.

La Colombie est restée dans une dynamique d’amélioration comme depuis plusieurs années, révèle l’Indice du CPJ, alors que la situation au Bangladesh a reflété une légère recrudescence. Cependant, dans les pays qui sont en tête de l’Indice, notamment l’Irak, la Somalie et les Philippines, la situation ne s’est soit pas améliorée ou a même empiré. L’Irak, avec un pourcentage d’impunité trois fois plus élevé que ceux de tous les autres pays, s’est classé premier pour la quatrième année consécutive. Bien que les décès liés à des tirs croisés ou à d’autres conflits aient diminué en Irak ces dernières années, les assassinats ciblés de journalistes ont augmenté dans ce pays en 2010.

« Les conclusions de l’Indice de l’impunité en 2011 dévoilent le dilemme auquel les gouvernements sont confrontés: attaquer de front la question de la violence contre les journalistes ou observer la continuation des assassinats et la propagation de l’autocensure», a déclaré le directeur exécutif du CPJ, Joël Simon. « Les condamnations en Russie sont un signe d’espoir après des années d’indifférence et de déni. Mais la situation au Mexique est profondément troublante, avec la violence qui s’intensifie tandis que le gouvernement n’a toujours pas tenu sa promesse de prendre des mesures », a-t-il ajouté.
 
L’Indice annuel de l’impunité du CPJ, publié pour la première fois en 2008, identifie les pays où les journalistes sont assassinés régulièrement et où les gouvernements ne parviennent pas à élucider ces crimes. Pour ce dernier indice, le CPJ a fait une analyse des meurtres de journalistes commis dans la période du 1er janvier 2001 au 31 décembre 2010 et qui demeurent non résolus. Seuls 13 pays enregistrant au moins cinq cas non résolus sont inclus dans cet indice. Les cas sont considérés comme non résolus si aucune condamnation n’a été obtenue.

L’impunité est un indicateur clé pour évaluer les niveaux de liberté de la presse et de liberté d’expression dans les pays à travers le monde. Les recherches du CPJ montrent la violence meurtrière, impunie contre les journalistes conduit souvent à une large pratique de l’autocensure par d’autres confrères. De la Somalie au Mexique, les recherches du CPJ montrent que les journalistes évitent les sujets sensibles, quittent la profession ou s’enfuient de leurs patries pour échapper aux représailles violentes.

L’année dernière, des délégations du CPJ ont rencontré les chefs d’Etat des Philippines, du Mexique et du Pakistan, ainsi que de hautes autorités policières en Russie, pour demander des réformes systémiques et des condamnations dans des affaires non résolues. Dans chaque cas, de hauts responsables se sont engagés à inverser la tendance à l’impunité dans leur pays, mais cette tâche est lourde. Les recherches du CPJ ont montré, à maintes reprises, qu’une corruption endémique et un dysfonctionnement dans l’application de la loi ont fait obstacle à la justice dans les meurtres de journalistes. Les suspects ont été publiquement identifiés dans des dizaines de cas non résolus analysés par le CPJ pour cet indice, mais les autorités ont été incapables ou peu désireuses d’obtenir des condamnations.

Au Mexique, l’administration du président Felipe Calderón Hinojosa a adopté des réformes de grande envergure, notamment le renforcement du bureau du procureur spécial pour les crimes contre la liberté d’expression, pour ne citer que celle-ci, mais les procureurs n’arrivent toujours pas à obtenir des condamnations dans un système judiciaire rongée par la corruption. Aux Philippines, le président Benigno Aquino s’est engagé à poursuivre avec succès les responsables du massacre en 2009 de dizaines de journalistes et d’autres individus dans la province de Maguindanao. Mais les poursuites ont jusqu’à ce jour été entachées de menaces et de pots de vin ciblant les témoins.

Les recherches du CPJ montrent également que parmi les 13 pays qui figurent sur l’indice de 2011, la Russie a fait des progrès mesurables. Suite à une rencontre avec une délégation du CPJ en 2010, de hauts responsables des services d’investigation ont rouvert plusieurs affaires de meurtres non résolues de journalistes et, en avril, les procureurs ont obtenu des condamnations pour l’assassinat en 2009 du journaliste Anastasiya Baburova à Moscou.

« Afin de mieux se classer sur l’Indice de l’impunité, les gouvernements doivent faire deux choses: élucider les crimes et empêcher de nouvelles violences contre les journalistes. Une stratégie pour y parvenir est de faire en sorte que la loi soit appliquée sévèrement lorsque les journalistes sont menacés », a déclaré M. Simon du CPJ. « Il faut soigneusement enquêter sur ces menaces et, le cas échéant, il faut fournir aux journalistes menacés la sécurité et l’assistance nécessaires tout en les déplaçant temporairement de leurs résidences habituelles. Le gouvernement colombien a pris un engagement important pour la protection des journalistes, et cet engagement s’est traduit par un meilleur classement sur l’indice », a-t-il ajouté.

Voici, entre autres, les conclusions de l’Indice de l’impunité:

  • Le Brésil est de retour sur Indice, alors qu’il n’y figurait pas l’année dernière. Tandis que les autorités brésiliennes ont eu du succès dans leurs poursuites contre les auteurs de meurtres de journalistes, en obtenant plusieurs condamnations ces dernières années, la violence contre la presse est encore persistante dans ce pays. Le meurtre en octobre 2010 d’un journaliste de la presse à scandales est le cinquième cas non résolu dans ce pays au cours de la dernière décennie.
  • Les journalistes locaux sont les victimes dans la grande majorité des cas non résolus dans le monde entier. Seulement 6 pour cent de cas non résolus de l’indice concernent des journalistes internationaux tués alors qu’ils travaillaient à l’étranger.
  • Des menaces antérieures contre un journaliste sont de puissants indicateurs d’une violence imminente. Plus de 40 pour cent des victimes de cet indice avaient reçu des menaces avant d’être tués.
  • Dans les pays où il ya une défaillance notoire dans l’application de la loi, le reportage politique est l’activité la plus périlleuse. Parmi les cas non résolus sur cet indice, près de 30 pour cent des victimes avaient fait des reportages politiques.
  • Environ 28 pour cent des victimes avaient fait des reportages sur des conflits armés, ce qui reflète un phénomène de longue durée qui a été documenté par le CPJ. Même dans les zones de guerre, les assassinats ciblés de journalistes sont fréquents, montrent les recherches du CPJ.
  • Comme indiqué dans les éditions précédentes de l’indice, le niveau d’impunité est grave à travers l’Asie du Sud. Six pays de cette région, le Sri Lanka, l’Afghanistan, le Népal, le Pakistan, le Bangladesh et l’Inde, figurent sur l’indice 2011.

Le CPJ publie l’Indice de l’impunité 2011 à la 17ème assemblée générale de l’Echange internationale de la liberté d’expression (IFEX) à Beyrouth, qui regroupe des défenseurs de la liberté de la presse du monde entier.  L’Indice de l’impunité du CPJ est compilé dans le cadre de la campagne mondiale contre l’impunité de cette organisation. Financée par la Fondation John S. et James L. Knight, cette campagne est axée sur deux des pays qui violent le plus les droits des journalistes au monde, la Russie et les Philippines.

 

L’INDICE

Voici les 13 pays où les journalistes sont assassinés de façon récurrente et où les gouvernements sont incapables ou peu désireux de traduire les assassins en justice. L’indice couvre la période de 2001 à 2010.

1. L’IRAK

Le fléau de l’impunité s’est aggravé en Irak, un pays dont le pourcentage dans ce domaine est bien pire que ceux de tous les autres pays du monde. Aucun des 92 meurtres de journalistes enregistrés en Irak dans la dernière décennie n’a été résolu. En outre, après une brève baisse des assassinats ciblés, il y’a eu une recrudescence des meurtres de journalistes en 2010. Parmi les quatre victimes d’assassinats en 2010, figure Sardasht Osman, un collaborateur de plusieurs médias qui avait reçu de nombreuses menaces pour des reportages qui avaient accusé des responsables des collectivités régionales du Kurdistan de corruption. L’enquête sur son assassinat est emblématique de la culture de l’impunité profondément ancrée en Irak. Les autorités irakiennes n’avaient pris aucune mesure perceptible dans cette affaire jusqu’à ce qu’elles aient subi une forte pression internationale. C’est alors que les enquêteurs ont produit un rapport précipité de 430 mots qui a vaguement accusé M. Osman d’avoir eu des liens avec un groupe extrémiste qui aurait conduit à son assassinat. Le rapport, qui n’a cité aucune preuve pour étayer ses allégations, a été largement dénoncé pour son manque de crédibilité et de transparence.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 2,921 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 1er avec un pourcentage de 2,794.

2. LA SOMALIE

Avec 10 meurtres non résolus au cours de la dernière décennie, la Somalie enregistre le pire pourcentage en Afrique et se classe deuxième dans le monde entier. Parmi les victimes, figure Sheikh Nur Mohamed Abkey, qui a été torturé et tué de plusieurs balles en mai 2010. Les militants du groupe d’insurgés d’Al-Shabaab ont revendiqué le meurtre de M. Abkey, qui était l’un des journalistes les plus chevronnées du pays, en représailles à son travail à la station de radio d’Etat, Radio Mogadishu. Le pourcentage de l’impunité de la Somalie n’est qu’un élément du paysage médiatique dévasté dans ce pays : près de 60 journalistes somaliens se sont enfuis de ce pays durant la dernière décennie suite à des menaces ; et ceux qui sont restés au pays pratiquent encore une extrême autocensure pour survivre, selon des recherches du CPJ.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 1,099 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 2ème avec un pourcentage 1,000.

3. LES PHILIPPINES

En 2010, une délégation du CPJ s’est longuement entretenue avec de hauts fonctionnaires judiciaires des Philippines pour discuter du problème de l’impunité. Le président Aquino s’était ainsi personnellement engagé à inverser le triste record de ce pays en matière de violence impunie contre la presse. Cependant, les autorités philippines ont également souligné la lourdeur de cette tâche dans un pays où 56 journalistes ont été tués en toute impunité au cours de la dernière décennie. L’affaire concernant des dizaines d’accusés dans le massacre de 2009 dans la province de Maguindanao, où 32 journalistes et travailleurs des médias ont été tués, reflète une tendance générale dans laquelle les autorités philippines identifient souvent des suspects mais obtiennent rarement des condamnations. Les poursuites contre les auteurs des meurtres de Maguindanao ont été entachées par des menaces et des pots de vin ciblant des témoins ainsi que par l’incompétence et la corruption des enquêteurs locaux. Jusqu’ici, les lentes poursuites judiciaires n’ont abouti à aucune condamnation. Pendant ce temps, la violence meurtrière se poursuit: les journalistes de radio Joselito Agustin et Desidario Camangyan ont été assassinés en 2010 après avoir enquêté sur des affaires de corruption locale présumée.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,609 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 3ème avec un pourcentage 0,609.

4. LE SRI LANKA

La Colombie, historiquement l’un des pays les plus meurtriers dans le monde pour les journalistes, s’est encore très mal classée sur l’indice. Mais ce pays a enregistré pour la quatrième année consécutive une certaine amélioration, avec la réduction des violences meurtrières contre la presse et un certain succès enregistré par les autorités dans leurs poursuites contre les auteurs des meurtres de journalistes. Cependant, beaucoup de travail reste à faire: onze meurtres de journalistes commis au cours de la dernière décennie restent non résolus. Parmi ceux-ci,  l’assassinat  en mars 2010 du rédacteur en chef du journal basé à Montería, Clodomiro Castilla Ospino, qui a été abattu suite à ses reportages sur les liens présumés entre des groupes paramilitaires illégaux de droite et des politiciens locaux. Les journalistes colombiens, en particulier ceux dans les zones provinciales, ont dit qu’ils travaillent encore sous la contrainte extrême et pratiquent souvent l’autocensure.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,241 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 5ème avec un pourcentage 0,292.

5. LA COLOMBIE

La Colombie, historiquement l’un des pays les plus meurtriers dans le monde pour les journalistes, s’est encore très mal classée sur l’indice. Mais ce pays a enregistré pour la quatrième année consécutive une certaine amélioration, avec la réduction des violences meurtrières contre la presse et un certain succès enregistré par les autorités dans leurs poursuites contre les auteurs des meurtres de journalistes. Cependant, beaucoup de travail reste à faire: onze meurtres de journalistes commis au cours de la dernière décennie restent non résolus. Parmi ceux-ci,  l’assassinat  en mars 2010 du rédacteur en chef du journal basé à Montería, Clodomiro Castilla Ospino, qui a été abattu suite à ses reportages sur les liens présumés entre des groupes paramilitaires illégaux de droite et des politiciens locaux. Les journalistes colombiens, en particulier ceux dans les zones provinciales, ont dit qu’ils travaillent encore sous la contrainte extrême et pratiquent souvent l’autocensure.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,241 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 5ème avec un pourcentage 0,292.

6. L’AFGHANISTAN

L’Afghanistan est dans une tendance stagnante avec aucun nouveau meurtre de journaliste signalé ni aucune condamnation dans tous les sept cas non résolus au cours de la dernière décennie. Parmi ceux-ci, figure le meurtre en 2008 d’Abdul Samad Rohani, un correspondant du service en pachtou de la BBC et de Pajhwok Afghan News, une agence de presse indépendante afghane. M. Rohani a été tué de plusieurs balles près de Lashkar Gah, capitale de la province de Helmand, après avoir fait des reportages sur des liens présumés entre des narcotrafiquants et des responsables du gouvernement.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,235 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 6ème avec un pourcentage 0,240.

7. LE NEPAL

Six journalistes locaux, notamment des reporters et rédacteurs en chef, ont été assassinés en toute impunité au cours de la dernière décennie. Des cadres maoïstes sont soupçonnés dans certains de ces meurtres, y compris dans l’assassinat en 2007 du journaliste Birendra Shah, dont les reportages avaient critiqué l’insurrection armée maoïste d’alors. Après avoir rejoint le gouvernement en 2008, des dirigeants maoïstes se sont engagés à enquêter sur les nombreuses violations de la liberté de la presse qui avaient été attribuées à leur mouvement, notamment plusieurs attaques non mortelles et des enlèvements. Cependant, aucun progrès évident n’a été accompli pour que justice soit rendue.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,205 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 7ème avec un pourcentage 0,210.

8. LE MEXIQUE

Au Mexique, le niveau d’impunité a empiré pour la troisième année consécutive. Au moins 13 meurtres de journalistes sont restés non résolus au cours de la dernière décennie, dans un climat de corruption généralisée dans l’administration locale et les services de police. En 2010, Luis Carlos Santiago, un photographedu journal El Diario de Ciudad Juárez, a été tué par des hommes armés dans un parking d’un centre commercial. Ce meurtre s’est produit juste deux ans après que le chroniqueur judiciaire d’El Diario, Armando Rodríguez Carreón, a été abattu devant sa fille. Ces meurtres ont poussé le journal à réduire considérablement ses reportages au sujet du trafic de drogue et de la criminalité dans le pays, ce qui illustre les effets dévastateurs de la violence impunie contre la presse au Mexique. Le CPJ a documenté l’impunité au Mexique dans un rapport spécial en 2010 intitulé Silence or Death in Mexico’s Press (Silence dans la presse mexicaine, ou c’est la mort) et une délégation du CPJ a obtenu des promesses de réformes du président Calderón. Mais, tandis que le bureau du Procureur spécial a été renforcé, d’autres réformes proposées, notamment la fédéralisation des crimes commis contre la presse, tardent à se tenir.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,121 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 9ème avec un pourcentage 0,085.

9. LA RUSSIE

Aucun journaliste n’a été tué en représailles pour son travail en 2010, la première année depuis 1999 qu’aucun assassinat ciblé de journalistes n’ait été signalé en Russie. En outre, des condamnations ont été obtenues pour le double assassinat en 2009 de la journaliste Anastassia Babourova et de l’avocat des droits humains Stanislav Markelov. Mais, il semble que ces meurtres, commis dans une rue du centre-ville de Moscou par deux nationalistes radicaux, ont été beaucoup plus faciles boucler que les 16 autres cas non résolus au cours de la dernière décennie. Ces cas incluent les meurtres à forfait des journalistes d’investigation Anna Politkovskaya et  Paul Klebnikov, l’enlèvement et l’assassinat de Natalya Estemirova, qui faisait des reportages sur les questions de droits de l’homme dans le Caucase du Nord en proie à des agitations, et l’empoisonnement mystérieux de Yuri Shchekochikhin, rédacteur en chef d’un journal connu pour sa ligne éditoriale critique à l’égard du gouvernement russe. Lors de réunions avec une délégation du CPJ en septembre 2010, de hauts responsables des services d’investigation se sont engagés à réexaminer cinq cas d’assassinats de journalistes et ils ont signalé des progrès dans l’affaire concernant le meurtre de Mme Politkovskaya ainsi que dans d’autres.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,113 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 8ème avec un pourcentage 0,127.

10. LE PAKISTAN

Au moins 14 meurtres de journalistes sont restés non résolus entre 2001 et 2010. Parmi les victimes, figure Misri Khan, un journaliste chevronné et responsable de l’association locale des journalistes, qui a été tué de plusieurs balles en septembre 2010 alors qu’il entrait dans le siège du club de presse à Hangu, une ville agitée près de la frontière afghane. Selon ses collègues, il avait reçu de nombreuses menaces de groupes militants. En mai 2011, le président pakistanais, Asif Ali Zardari, a rencontré une délégation du CPJ et s’est engagé à relancer les enquêtes sur les cas non résolus et à prendre une position plus ferme dans la lutte contre la violence contre la presse en général.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,082 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 10ème avec un pourcentage 0,072.

11. LE BANGLADESH

Le classement du Bengladesh sur l’Indice de l’impunité s’est amélioré légèrement, reflétant ainsi la cinquième année consécutive sans assassinat de journaliste dans ce pays. Mais les autorités de ce pays n’ont eu aucun résultat dans l’élucidation des cinq meurtres de journalistes qui ont eu lieu dans la première moitié de la décennie. Toutes les victimes étaient des journalistes de la presse écrite qui avaient fait des reportages sur la présumé corruption et la criminalité locales. Parmi celles-ci, figure Nahar Ali, correspondant du quotidien en langue bengali Anirban, qui est décédé en avril 2001des suites de ses blessures après que des hommes masqués l’ont enlevé, poignardé et roué de coups quelques jours auparavant. Des journalistes locaux ont déclaré que le meurtre de M. Ali était lié à ses reportages sur la présumée corruption policière et les réseaux criminels locaux. À ce jour, les autorités n’ont procédé à aucune arrestation.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,031 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 10ème avec un pourcentage 0,044.

12. LE BRESIL

Le Brésil n’a pas parfois figuré sur l’Indice de l’impunité du CPJ au cours des quatre dernières années, ce qui illustre son record mitigé dans la lutte contre les meurtres de journalistes. Bien que les autorités aient poursuivi avec succès les auteurs d’un certain nombre de meurtres de journalistes, le pays continue d’être le théâtre de violences persistantes contre la presse. Le Brésil est de retour sur l’Indice cette année en raison du meurtre en octobre 2010 du journaliste de radio Francisco Gomes de Medeiros. L’affaire Gomes est devenue le cinquième assassinat non résolu de journaliste au cours de la dernière décennie au Brésil. Cependant, les autorités semblent faire des progrès dans cette affaire, en appréhendant le tireur ainsi que le cerveau présumé du crime, et en suscitant l’espoir que l’affaire peut être résolue.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,026 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

Ne figurait pas sur l’Indice de l’impunité de 2010 parce qu’il avait moins de cinq meurtres non résolus.

13. L’INDE

Avec sept meurtres non résolus de journalistes et aucune apparente volonté politique de poursuivre les auteurs de ces crimes, l’Inde a conservé sa place sur l’indice du CPJ. Parmi les victimes, figure le journaliste Prahlad Goala, qui a été assassiné en 2006 dans l’Etat d’Assam au nord-est, après qu’il a écrit une série d’articles sur la corruption présumée dans le service forestier local. La police a arrêté un fonctionnaire du service forestier peu de temps après l’assassinat mais l’a aussitôt libéré; d’autres suspects ont ensuite été placés en détention, mais aucune condamnation n’a été obtenue.

Pourcentage sur l’Indice de l’impunité: 0,006 meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants.

L’année dernière: pays classé 12ème avec un pourcentage 0,006.

 

METHODOLOGIE

L’indice de l’impunité du CPJ calcule le pourcentage des meurtres non résolus de journalistes par rapport à la population de chaque pays. Pour cet indice, le CPJ a fait une analyse des meurtres  de journalistes qui se sont produits dans la période allant du 1er janvier 2001 au 31 décembre 2010. Seuls les pays enregistrant au moins cinq cas non résolus sont incluss dans cet indice.

Le CPJ définit le meurtre comme une attaque délibérée contre un journaliste en représailles contre le travail de la victime. Les meurtres représentent plus de 70 pour cent des décès liés au travail des journalistes, selon des recherches du CPJ. Cet indice n’inclut pas les cas de journalistes tués dans des combats ou au cours de missions périlleuses telles que la couverture de manifestations de rue.

Les cas sont considérés comme non résolus si aucune condamnation n’a été obtenue. Les données démographiques issues des Indicateurs du développement dans le monde 2009 de la Banque mondiale ont été utilisées pour calculer le pourcentage de chaque pays.

Lors de la première élaboration de sa méthodologie en 2008, le CPJ a consulté Mary Gray, professeur de mathématiques et de statistiques à l’Université américaine de Washington. Mme Gray a été membre des conseils et des comités de certaines organisations comme Amnesty International. En 2001, elle a reçu le Prix d’excellence du Président de la République pour le mentorat en sciences, mathématiques et ingénierie.

L’Indice de l’impunité du CPJ s’intéresse plus particulièrement aux meurtres non résolus de journalistes. De façon continue, le CPJ tient à jour une base de données complète sur tous les journalistes tués dans l’exercice de leurs fonctions ainsi que des capsules narratives qui détaillent les circonstances de chaque cas. Notre carte interactive illustre les tendances par pays et par année.

 

TABLEAU STATISTIQUE

Les meurtres non résolus de journalistes pour 1 million d’habitants pour la période de 2001 à 2010. Seuls les pays comptant au moins cinq cas non résolus sont inclus. Les cas sont considérés comme non résolus si aucune condamnation n’a été obtenue.

Rang

Pays

Meurtres non résolus Population en Millions Calcul Pourcentage
1 L’Irak 92 31.5 92/31.5 2.921
2 La Somalie 10 9.1 10/9.1 1.099
3 Les Philippines 56 92 56/92 0.609
4 Le Sri Lanka 9 20.3 9/20.3 0.443
5 La Colombie 11 45.7 11/45.7 0.241
6 L’Afghanistan 7 29.8 7/29.8 0.235
7 Le Népal 6 29.3 6/29.3 0.205
8 Le Mexique 13 107.4 13/107.4 0.121
9 La Russie 16 141.8 16/141.8 0.113
10 Le Pakistan 14 169.7 14/169.7 0.082
11 Le Bangladesh 5 162.2 5/162.2 0.031
12 Le Brésil 5 193.7 5/193.7 0.026
13 L’Inde 7 1,155.3 7/1,155.3 0.006

Sources des données démographiques:
Les Indicateurs du développement dans le monde 2009, Banque mondiale.