New York, le 22 mars 2011–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) condamne les poursuites contre un journaliste camerounais pour des reportages sur un prétendu détournement dans une société de transport. En effet, Jean-Marie Tchatchouang, directeur de publication de l’hebdomadaire Paroles, a déclaré au CPJ qu’il a été inculpé de diffamation le 4 février dernier par un procureur de la ville commerciale de Douala.
Les accusations sont basées sur une plainte de Jean Ernest Ngallè Bibéhé, PDG de la Société camerounaise de transport urbain (SOCATUR), en réponse aux reportages de l’hebdomadaire Paroles sur des allégations largement rapportées selon lesquelles M. Bibéhé et son épouse Lydienne, directrice des ressources humaines de la SACATUR, avait détourné des subventions publiques et usé de pratiques abusives. Le journaliste est ainsi poursuivi pour possession et publication de lettres du personnel actuel et ancien de ladite société ayant exposé en détail ces allégations, a-t-il-dit. Le couple a publiquement rejeté ces allégations, qui ont fait surface en 2010 et rapportées par M. Tchatchouang dans le journal L’Anecdote, selon des journalistes locaux et des médias.
M. Tchatchouang a dit qu’il ne peut pas se payer un avocat, tandis qu’un verdict final est attendu mercredi, selon des médias.
« Nous demandons au panel de magistrats qui instruisent cette affaire de rejeter les accusations portées contre Jean-Marie Tchatchouang, car ces poursuites semblent être une tentative d’intimidation du journaliste pour le dissuader de faire des reportages sur des allégations de corruption », a déclaré le coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ, Mohamed Keita. «Nous exhortons le gouvernement camerounais à amender la loi pénale en vue de déférer les affaires de diffamation devant des tribunaux civils », a-t-il martelé.
Dans un article en date du 9 février dernier publié par le site Web d’information Camnews24, M. Bibéhé a accusé le journaliste d’avoir essayé de le faire chanter. M. Tchatchouang a nié cette accusation, disant que M. Bibéhé n’a jamais répondu à un protocole d’interview sur ces allégations que lui a adressé le journal en janvier dernier, selon les mêmes sources.
M. Tchatchouang a été arrêté par la police le 3 février dernier et détenu pendant une nuit. Il a ensuite été présenté devant un procureur qui l’a inculpé avant de le libérer après qu’il a payé la caution d’un million de francs CFA (soit 2100 dollars américains), a-t-il dit au CPJ.
Deux autres journalistes, Ive Tsogue du journal Les Nouvelles du Pays et Aristide Nguekam, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pélican, ont été interrogés dans le cadre de cette affaire, a dit M. Nguekam au CPJ.