Un deuxième journaliste burundais emprisonné en moins d’un mois

New York, le 11 août 2010–Les autorités du Burundi ont jeté en prison mardi dernier Thierry Ndayishimiye, directeur de publication de l’hebdomadaire privé Arc-en-Ciel, sur des accusations de diffamation liées à un article au sujet d’une présumée affaire de corruption gouvernementale. M. Ndayishimiye est le deuxième journaliste burundais écroué en moins d’un mois. 

M. Ndayishimiye a été convoqué par le procureur de la République à un tribunal de Bujumbura, la capitale burundaise, et il a été immédiatement écroué à la prison de Mpimba, a déclaré au CPJ son avocat, Gabriel Sinarinzi. Son arrestation résulte d’un article publié le 30 juillet dernier par Arc-en-Ciel accusant la direction de la Régie nationale d’eau et d’électricité (REGIDESO) d’un détournement de fonds public.  

La REGIDESO n’a pas réagi publiquement à ces allégations, mais un de ses dirigeants a porté plainte pour diffamation contre le journal. M. Ndayishimiye avait déjà  comparu le 6 août courant devant le parquet pour cette affaire, selon Eric Manirakiza, rédacteur en chef de la Radio Publique Africaine.

Il convient de rappeler que Jean-Claude Kavumbagu, directeur de publication du journal en ligne Net Press, a également été écroué le 17 juillet dernier par les autorités burundaises. Il est accusé de trahison pour un article ayant mis en doute la capacité des forces de sécurité burundaises à empêcher une attaque terroriste semblable aux deux attentats du 11 juillet dernier à Kampala, la capitale ougandaise. S’il est reconnu coupable,  M. Kavumbagu pourrait écoper d’une peine de prison à perpétuité.

« Les autorités burundaises ont lancé une répression systématique contre les journalistes et la société civile dans son ensemble pour censurer les opinions contradictoires », a déclaré Tom Rhodes, consultant du CPJ pour  l’Afrique de l’Est. « Cette attitude destructrice envers la presse doit cesser. MM. Ndayishimiye et Kavumbagu doivent être libérés immédiatement », a-t-il martelé.

Les deux journalistes sont écroués à Mpimba, le plus grand centre de détention du pays. Plus de 1.800 prisonniers sont incarcérés dans cette prison, qui est supposée avoir un effectif de 400 détenus, selon l’organisation des droits de l’homme basée en Suisse, International Bridges to Justice.

M. Kavumbagu avait déjà été emprisonné en 2008, après avoir été inculpé de diffamation pour un article ayant accusé le président burundais Pierre Nkurunziza de dépenses exorbitantes lors de son voyage en Chine pour les Jeux olympiques d’été de 2008. Il a été acquitté en mars 2009 après avoir passé sept mois en prison.