La Côte d’Ivoire frappe France 24 de censure politique

 New York, le 24 février 2010—Suite à la décision des autorités ivoiriennes de suspendre la diffusion de la chaîne internationale française, France 24, depuis ce lundi sur la base d’accusations non fondées de «  traitement non professionnel » de l’actualité politique dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) exprime sa préoccupation face à une mesure gouvernementale motivée par la censure politique.

S’adressant ce mercredi à l’agence de presse britannique Reuters, Frank Anderson Kouassi, président du Conseil national de la communication audiovisuel (CNCA) de la Côte d’Ivoire, a accusé la chaîne de télévision par satellite basée à Paris d’avoir rapporté « de manière péremptoire de nombreux morts» après la répression par les forces de sécurité d’une manifestation antigouvernementale vendredi dernier dans la ville de Gagnoa, au sud-ouest du pays. Le chef d’État-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI),  le général Philippe Mangou, a déclaré dans un communiqué officiel  à la presse le jour même de l’incident que les affrontements  avaient fait cinq morts et plusieurs blessés, selon des médias. M. Kouassi a plus tard dit au CPJ que France 24 a « traité l’information de façon déséquilibrée ». Pour sa part, dans un communiqué de presse sur son site Web lundi dernier, France 24 a déclaré qu’elle espérait que le CNCA reviendrait sur cette suspension qu’elle juge « injustifiée ». 

 « La suspension de France 24 prive les Ivoiriens d’une source essentielle d’information sur la situation politique critique qui sévit dans leur pays », a déclaré le directeur adjoint du CPJ, Robert Mahoney. « Nous exhortons les autorités à revenir sur cette suspension et à s’abstenir de toute censure des médias ». 

Plusieurs journalistes locaux interviewés par le CPJ ont déclaré que cette décision semblait être destinée à étouffer la couverture exclusive des mouvements d’opposition à travers le pays par France 24. Ils ont souligné que la Radio Télévision Ivoirienne (RTI), la seule télévision locale—un média de service public contrôlé par l’États’abstient de médiatiser les manifestations de l’opposition. D’ailleurs, en janvier dernier, des milliers de partisans de l’opposition ivoirienne avaient manifesté devant les studios de la RTI à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, pour protester contre ce qu’ils qualifiaient de monopole du président Laurent Gbagbo sur les médias de service public, selon des médias. Au début de ce mois, le Conseil national de la presse avait également suspendu trois parutions du quotidien privé Le Patriote, proche de l’opposition, à la suite de plusieurs articles critiquant certains membres du gouvernement, selon des médias.

 

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