Cameroun : journaliste condamné pour « insulte » au président Biya

New York, le 29 décembre 29, 2009Un journaliste camerounais, qui a été emprisonné ce mois-ci après sa publication d’un extrait d’un ouvrage impliquant le président Paul Biya dans une affaire obscure d’homosexualité au sommet de l’État,  a été reconnu coupable d’ « outrage au chef de l’État » lundi dernier.

Jean-Bosco Talla, directeur de publication de l’hebdomadaire Germinal, a été condamné par le juge Ibrahim Ba du tribunal de première instance de la capitale camerounaise Yaoundé à un an de prison avec sursis et à une amende de 3,15 millions de francs CFA (environ 6800 dollars américains), a déclaré au CPJ le rédacteur en chef dudit journal, Duke Atangana Etotogo. M. Talla, qui a une semaine pour faire appel, est resté derrière les barreaux à la prison centrale de Kondengui, en attendant le paiement de l’amende, a dit M. Etotogo.

 « Nous sommes profondément déçus par ce verdict », a déclaré le directeur exécutif du CPJ, Joël Simon. « De plus en plus, les pays démocratiques dépénalisent les délits de diffamation, en particulier contre des personnalités publiques », a-t-il ajouté.

Ces accusations découlent de la publication par Germinal d’un extrait d’un ouvrage publié en 2001 qui alléguait que la passation du pouvoir entre le président Biya et son prédécesseur Ahmadou Ahidjo en 1982 s’était opérée sur la base de pratiques homosexuelles entre les deux hommes. Le journal avait consacré un dossier spécial sur le vingtième anniversaire de la mort de M. Ahidjo en exil, un événement largement couvert par la presse locale. Ces allégations controversées et l’arrestation de M. Talla ont suscité un débat national sur la liberté de la presse et l’éthique du journalisme.

Dans un article daté du 11 décembre courant, intitulé « L’urgence d’une reprise en main du métier de journaliste », le directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République camerounaise, Joseph Anderson Le,  a accusé M. Talla de « porter atteinte à l’honneur et la dignité » du président en publiant de « pures élucubrations » et des « inepties » extraites d’un « ouvrage diffamatoire ». Cependant, d’autres personnalités comme les journalistes Jean-Baptiste Ketchateng et  Alex Gustave Azebaze, ont mis en doute la légalité de la procédure d’arrestation de M. Talla ainsi que sa détention au secret au Secrétariat d’État à la Défense du Cameroun.

Il convient de rappeler que le journaliste Lewis Medjo, directeur de publication du défunt journal, La Détente Libre, est aussi actuellement emprisonné par le gouvernement camerounais. M. Medjo purge une peine de trois ans de prison pour publication de « fausses nouvelles » à la suite de son traitement d’une information sur un décret présidentiel sur les membres de la Cour suprême du Cameroun.

 

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