Des radios privées du Malawi sont ciblées de censure pour leur couverture de l’actualité politique

New York, le 13 avril 2007 – Des retransmissions en direct sur radio de meetings de l’opposition en marge des élections présidentielles de 2009 ont conduit l’organe gouvernemental de régulation des medias audiovisuels à interdire cette semaine toute retransmission en direct sauf autorisée, selon les journalistes sur place et des reportages locaux. Les régulateurs de la capitale économique Blantyre accusent des stations non citées de diffuser des « messages de haine » mais n’ont fourni aucune preuve.

Toute station de radio et de télévision doit demander une autorisation de l’Autorité de régulation des communications du Malawi (MACRA en anglais) avant de réaliser une retransmission en direct, d’après un communiqué de presse de l’agence publié mardi. Le MACRA a menacé les contrevenants d’une sanction non spécifiée. « Récemment, le MACRA a remarqué avec grande préoccupation que des messages de haine sont diffusés par diverses stations de radio » a dit la déclaration.

Les recherches du CPJ n’ont trouvé aucune preuve qui appuie les allégations du gouvernement. Jointe par téléphone, la porte-parole du MACRA, Clara Mulonya, n’a pu indiquer les soi-disant messages de haine, disant que le gouvernement ne voulait pas les répéter.

La mesure gouvernementale vise réellement trois radios privées de pointe, notamment Capital Radio, Joy Radio et Zodiac Broadcasting Station; elles étaient les seules stations à retransmettre en direct des meetings de l’ancien président du pays, Bakili Muluzi, ont rapporté au CPJ des journalistes locaux. Muluzi, le propriétaire de Joy Radio, affronte celui qui fut son poulain, le président sortant, Bingu Wa Mutharika, dans une campagne houleuse. Les stations ont nié toutes les accusations du gouvernement, ont-elles dit au CPJ.

« Cette mesure équivaut à la censure et entrave la couverture de la campagne présidentielle » a dit Joël Simon, le directeur exécutif du CPJ. « Les autorités n’ont fourni guerre de preuves pour étayer leurs troublantes allégations selon lesquelles les stations de radio diffusent des messages de haine. Le MACRA doit immédiatement retirer cette décision. »

L’Institut national des médias d’Afrique australe, une association locale pour la défense des droits des médias, compte intenter un recours légal contre la mesure, a confié au CPJ son directeur Innocent Chitosi. Le MACRA, dont les membres sont nommés par le président du pays, fait déjà face à une poursuite en justice intentée par Joy Radio. Joy Radio estime que certains responsables du MACRA ne remplissent pas les qualifications requises par l’Acte sur les communications de 1998 et correspondantes à leurs fonctions, d’après des reportages locaux.

Ce n’est pas la première fois que le MACRA menace des radios privées au sujet de programmes d’informations critiques. En 2003, l’agence a annoncé que les stations de radio communautaires n’ont pas le droit de diffuser des bulletins d’informations, une mesure liée aux programmes à micro ouvert critiquant le gouvernement, d’après des recherches du CPJ. Le MACRA a aussi menacé les stations privées MIJ FM et Capital Radio à la suite de leur couverture politique.