The author, far left, interviewing Brazilian soccer players in 1975. (Courtesy Eugène Dié Kacou)
The author, far left, interviewing Brazilian soccer players in 1975. (Courtesy Eugène Dié Kacou)

In Ivory Coast, old struggles give way to new challenges

Independence came when I was attending school at the orientation college in Abidjan-Plateau, and when I was still sneaking to listen to the news on my father’s Grundig radio set. Today, I believe that genuine freedom of the press exists in our African countries. In Ivory Coast, for example, the new press law abolished prison sentence for press offenses. 

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Shortly after independence, when I began practicing in the broadcasting sector at Radio Télévision Ivoirienne (RTI), the country was under a single-party system. There was a lack of freedom of expression and it was risky to express yourself. I did so anyway and it brought me numerous suspensions. For instance, the thoughts of President Houphouët were read before any news bulletins. Then, we struggled through the National Union of Information Workers (SYNINFO) for such a practice to stop going on the air. In addition, we also fought for better salaries and for press freedom. This led to our 10-month imprisonment in Séguéla, as military prisoners. I was jailed with 17 other union members.

The restoration of the multiparty system in 1990 was followed by a flourishing of newspapers. This period was called the “spring of the press.” This may have been the source of the current problems plaguing the Ivorian media. Indeed, since there was no barrier to entering the profession, everybody jumped in the field without any real training.

The 2004 press law attempted to correct such trends. This law requires journalists, among others, to have a higher diploma delivered by a professional school of journalism. Under this law, the National Press Council (CNP) that I am running operates with much broader powers than the former National Press Commission under the military transition with General Gueï.

Now, there are nearly two dozen weekly and monthly newspapers and other periodicals in Ivory Coast. As achievements, I can mention the new press law and its prescriptions to professionalize the media sector, a step forward from the days of the single-party regime. Yet I think there is an excess of freedom because journalists are forgetting that there is a code of ethics to be respected, legislation to be complied with. This makes the task of the regulatory body that I am running difficult. I deplore the lack of training, the violation of the code of ethics of the profession, the violation of the press law, etc. I can also mention insults, personal attacks between journalists, abuses, incitement to hatred, revolt, libel, etc…

Once during the single-party period, a scoop that I thought relevant to report in the news bulletin brought me the wrath of two great heads of state. We had received a dispatch from the Ivorian Press Agency (AIP) saying that President Omar Bongo of Gabon was dealing with the apartheid regime in South Africa. As a young revolutionary journalist, I began the news bulletin with this item and made a few comments. Unbeknownst to me, the ambassador of Gabon had heard that Sunday news report and reported it to President Bongo, who in turn complained to President Houphouët. I was severely reprimanded a few days later.

Eugène Dié Kacou began his career in the press in 1962. He is the chairman of the National Press Council (CNP).

CPJ is running a series of blog entries to celebrate the 50th anniversary of the end of colonial rule in Francophone Africa.

En Cote d’Ivoire, de vieilles luttes font place à de nouveaux défis

L’indépendance est arrivée quand j’étais au collège d’orientation d’Abidjan-Plateau et alors que je me cachais encore pour écouter les informations à la radio Grundig de mon père. J’estime qu’aujourd’hui il existe dans nos pays africains une véritable liberté de presse. Par exemple en Côte d’Ivoire, la nouvelle loi sur la presse a supprimé la peine privative de liberté pour les délits de presse.

Quand j’ai commencé à exercer dans l’audiovisuel à la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) peu après l’indépendance, c’était sous le parti unique et il se posait un problème de liberté d’expression et l’on ne pouvait s’exprimer sans prendre des risques. Ce que j’ai fait et qui m’a valu des suspensions tout azimuts. En exemple on lisait les pensées du Président Houphouët avant le journal. A l’époque, c’est nous qui nous sommes battus à travers le Syndicat National des Agents de l’Information (SYNINFO) pour que cela cesse et soit retiré de l’antenne. Au-delà nous avons également lutté pour l’amélioration des conditions salariales et pour la liberté de presse. Cela nous a valu une incarcération de dix (10) mois à Séguéla comme prisonnier militaire. J’y étais avec 17 autres syndiqués.

En 1990 avec le rétablissement du multipartisme, il y a eu ensuite une floraison de journaux. Cette époque a été désignée “printemps de la presse”. C’est peut-être de là que sont parties les difficultés actuelles de la presse ivoirienne. En effet parce qu’il n’y avait pas de barrière à l’entrée du métier, tout le monde s’y est mis dès la restauration du multipartisme sans formation véritable.

 Ce sont ces difficultés que la loi de 2004 sur la presse a essayé de corriger. Cette loi exige entre autres de justifier d’un diplôme supérieur délivré par une école professionnelle de journalisme…Sous cette loi, le Conseil National de la Presse (CNP) que je dirige fonctionne avec des pouvoirs beaucoup plus étendus que l’ancienne Commission Nationale de la Presse sous la transition militaire avec le Général Gueï.

Le bilan aujourd’hui est qu’en Côte d’Ivoire l’on dénombre près d’une vingtaine de quotidiens hebdomadaires et mensuels et autres périodicités. Comme acquis je peux citer la loi nouvelle loi sur la presse et toute l’organisation qu’elle prescrit pour la professionnalisation du secteur de la presse, contrairement aux années sous le parti unique. Mais à mon avis il y a un excès de liberté parce que les journalistes oublient qu’il y a un Code de Déontologie à respecter, qu’il y a une loi à respecter et c’est cela qui constitue la difficulté avec l’organe de régulation que je dirige. Ce que je pourrai décrier c’est le manque de formation, la violation de l’éthique et la déontologie de la profession, la violation de la loi sur la presse. C’est encore les insultes, l’anti-confraternité, les injures, les incitations à la haine à la révolte, les diffamations…  

À l’époque du parti unique, un scoop que j’avais cru bon de diffuser au journal m’avait valu la colère de deux grands chefs d’état. Nous avions reçu une dépêche de l’Agence Presse Ivoirienne (AIP) disant que le Président du Gabon Omar Bongo commercialisait avec le régime apartheid de l’Afrique du Sud. En bon petit journaliste révolutionnaire j’ouvre le journal avec et naturellement je fais quelques petits commentaires. Ce que je ne savais pas c’est que l’Ambassadeur du Gabon avait écouté le journal ce dimanche et s’en était ouvert au Président Bongo lequel  s’en était plaint au Président Houphouët.  J’ai été sérieusement sermonné quelques jours plus tard.

Eugène Dié Kacou a commencé sa carrière dans la presse en 1962. Il est Président du Conseil National de la Presse (CNP) de Cote d’Ivoire.