The author, at left, is holding the mike for Upper Volta President Maurice Yaméogo in 1963. (Courtesy Roger Nikièma)
The author, at left, is holding the mike for Upper Volta President Maurice Yaméogo in 1963. (Courtesy Roger Nikièma)

A springtime for Burkina Faso’s press

I will continue to relive for a long time August 5, 1960, the day Upper Volta, as Burkina Faso was then known, proclaimed independence from France! As a presenter of the newly founded national radio network, I was on the air, which was open to listeners all night. Some listeners, with tears of joy on their faces would enter the studio singing or reciting epic poems! As much as I loved the radio days of my debut in journalism, I have mixed feelings about the first decades following Independence.

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The advent of the current regime in 1991 ushered a genuine flourishing of media in Burkina Faso. The small screen lit up to reach 80 percent of the territory. Private broadcast media filled the airwaves throughout the country and citizen lamda in the deep heartland could “talk on private or public radio.” The springtime of the press in the Land of People of Integrityis a glittering jewel. With our 50 daily newspapers and various periodicals, 23 TV stations and 140 radio stations, Burkina Faso can be proud.

Such was not the case during the decades following the dawn of independence, which were characterized by single-party rule, authoritarian regimes, including the revolutionary period. The press was totally governmental. Each of the regimes in power used it as “its thing,” particularly television. The bitter fact is that military regimes, as they were preoccupied with “safeguarding the state,” did not prioritize the deployment of a press that is “very assertive and does not respect the rules.” The ideological and political ambitions of revolutionary army captains who led the country led them to use the press as a weapon of their propaganda, but not for the actual development of the country. They were even, on occasion, the arsonists of titles existing in those days. Apart from some foreign publications received by privileged readers (local elites and expatriate subscribers) by mail or from a few local establishments, the only existing newspapers were a mimeographed bulletin, and a weekly which carried the voices of its masters.

Yet, at the time of independence, and I will always remember that, radio was truth itself! The exact time was that given by RN, the national radio network. Radio was powerful in those days. That’s why it was the thing of the rulers. That’s why it was and will remain the best development tool for African peoples. It is always the faithful friend. Radio was instrumental in the introduction of modern methods of agriculture. Its role in the fight against major endemic diseases is still of a paramount importance. Its intervention has always been beneficial, except in politics where single parties used it to excess for the conquest of supreme power. I experienced pathetic moments that recognized the place of the radio among (well-off) farmers of the time. “My radio,” a relative once told me “is better for me than a king’s meal. I’m never hungry when it is on. It is my daily cola nut. Whenever you come to visit me, do not forget batteries!”

For the last 20 years, the press in Burkina Faso has been experiencing a prodigious phase: freedom, pluralism, dynamism and enviable professionalism. However, judicious guidance is required to strengthen this laudable initiative of national leaders to ensure that media continues its expansion as the catalyst of democracy promotion, a pillar of development and a means to enshrine the values of citizenship. The regulatory state must take stimulating actions such as the issuance of press cards to all media professionals, the adoption of the collective agreement, the decriminalization of press offenses, the adequate training of media professionals and the effective abolition of censorship.

Roger Nikièma was the news editor of the national radio and television station of Burkina Faso. He studied journalism at the University of Sorbonne in Paris. Since 1996, he has been the director of Radio Salankoloto, a community radio station.

CPJ is running a series of blog entries to celebrate the 50th anniversary of the end of colonial rule in Francophone Africa.

Printemps de la Presse au Burkina Faso

Mais je vivrai encore longtemps la proclamation de l’indépendance ce 05 Aout 1960 !! En tant que présentateur de la radio nationale nouvellement créée, j’étais à l’antenne, ouverte à tous toute la nuit. Des auditeurs, le visage en larmes de joie franchirent la porte du studio chantant ou déclamant des poèmes épiques ! Autant j’adore la radio de mes premiers pas de journaliste, autant mes sentiments ont été mitigés pour les premières décennies des Indépendances.

L’avènement de l’actuel régime en 1991 occasionna l’épanouissement véritable de la presse au Burkina Faso. Le petit écran s’illumina même sur 80% du territoire. L’audio visuel privé s’exprima sur l’ensemble du pays et le citoyen lamda au Burkina profond put « parler à la radio privée ou publique. Le printemps de la presse du Pays des Hommes Intègres est une parure étincelante. Avec ses 50 titres de quotidiens et de périodiques divers, ses 23 TV et ses 140 radios, le Burkina peut être donc fier d’un tel patrimoine.

Il n’en a pas été ainsi depuis l’aube de l’indépendance caractérisé par le parti unique, les Etats d’exception dont la période révolutionnaire. La presse était totalement gouvernementale; chacun des régimes en place en faisait « sa chose ». La télévision surtout. Le constat est amer : les régimes militaires, préoccupés qu’ils étaient de bien « veiller sur l’Etat » n’ont pas privilégié un déploiement de la presse « très impertinente, qui ne respecte pas le règlement ». Les ambitions politiques et idéologiques des capitaines révolutionnaires qui animèrent la cité, usèrent largement de la presse comme une arme de leur propagande, mais non pour le développement réel du pays. Ils furent même à l’occasion, des pyromanes de titres existant à l’époque. Sauf quelques organes étrangers que les lecteurs privilégiés (élite locale et expatries abonnes) recevraient ou par la poste ou auprès de rares établissements de la place, les seuls journaux ici étaient un bulletin ronéotypé, un hebdomadaire qui reproduisait très souvent la voix de ses maitres.

Pourtant, à l’époque de l’indépendance, et je me rappellerai toujours, la radio était la vérité même ! L’heure n’était juste que celle donnée par RN/ la Radio Nationale. La radio était puissante à l’époque. La preuve : elle était la chose des gouvernants. C’est pourquoi elle fut et demeura le meilleur outil de développement pour les peuples Africains. C’est toujours l’amie fidele. La Radio a été unique pour l’introduction des méthodes modernes de l’agriculture; son rôle dans la lutte contre les grandes endémies est reste irréparable.  Son intervention a toujours été bénéfique sauf en politique ou les partis uniques en ont abusé pour la conquête du pouvoir suprême. J’ai connu des moments pathétiques qui consacraient la place de la radio auprès des paysans (aisés) de l’époque. « Ma Radio » , ma confié un parent, « est meilleure pour moi qu’un repas de Roi. Je n’ai jamais faim tant qu’elle parle. C’est ma cola quotidienne. Chaque fois que tu viendras me rendre visite, n’oublies par les piles ! »

La presse Burkinabé (ex Voltaïque) connaît depuis 20 ans une phase prodigieuse : liberté, pluralisme, dynamisme et professionnalisme enviable. Cette heureuse initiative des dirigeants doit toutefois, pour conserver et dynamiser son évolution harmonieuse, passer par un jalonnement judicieux de son chemin tout au long de son expansion et de sa confirmation comme un levain de la promotion de la démocratie, un levier du développement et un consécrateur de la citoyenneté. L’Etat régulateur doit poser des actes stimulateurs comme la généralisation de la carte professionnelle de presse, l’adoption de la convention collective, la dépénalisation de la presse, la bonne formation des professionnels et la suppression effective de la censure.

Roger Nikièma a été directeur de la radio nationale et de la télévision nationale du Burkina Faso. Il a étudié le journalisme à l’université de la Sorbonne à Paris. Depuis 1996, il est le directeur de Radio Salankoloto, une radio associative.