En RDC, des agents de renseignements ferment une radio pour des reportages en « mauvais français »

New York, le 15 juin 2007— Des agents de renseignements congolais ont fermé une radio privée, l’accusant d’ « intoxication de la population » et « de diffusion d’informations en mauvais français ». C’est le sixième radiodiffuseur à être harassé cette année suite à des reportages par les forces de sécurité en République Démocratique du Congo.

Radio Canal Satellite est restée absente de l’antenne hier, après une descente musclée menée par trois agents de l’Agence Nationale de Renseignements congolaise (ANR) samedi dernier, selon l’organisation locale de défense de la liberté de la presse Journaliste en Danger, et des bulletins d’information.

« Les prisons du monde entier seraient pleines si mal parler français était un crime », a déclaré Joël Simon, directeur exécutif du CPJ. « Les autorités congolaises ne reculent plus devant quelconque prétexte pour museler les médias indépendants. Nous appelons les autorités à tout faire pour permettre à Radio Canal Satellite de revenir à l’antenne immédiatement ».

Les agents ont confisqué du matériel de la radio après que le personnel ait fuit les studios craignant des arrestations, ont déclaré des journalistes sur place au CPJ. Ils affirment que le directeur de Canal Satellite, Yves Beya, a par ailleurs reçu plusieurs menaces téléphoniques.

Gustave Amuri, le directeur adjoint de l’ANR à Tshikapa, à 650 km au sud-est de la capitale Kinshasa, a ensuite accusé la station de « fonctionner sans les documents de l’ANR », « d’intoxiquer la population », et « de diffuser des informations en mauvais français », selon la presse locale.

Des journalistes sur place ont affirmé qu’Amuri a cité trois exemples d’informations qu’il contestait, dont un reportage sur une dispute salariale entre des travailleurs congolais et leurs employeurs libanais à Kinshasa.

Les lois sur la presse du pays n’accordent pourtant aucun pouvoir à l’ANR concernant la régulation des médias.

Le mois dernier, le CPJ avait déjà nommé la RDC l’un des pays les plus rétrogrades au monde en matière de liberté de la presse.