Un directeur de publication camerounais aux arrêts

New York, le 15 décembre 2009Le directeur de publication d’un journal privé camerounais,  accusé d’avoir insulté le président Paul Biya, est placé en garde à vue depuis jeudi dernier, selon des journalistes et des médias locaux. 

Jean-Bosco Talla, directeur de publication de l’hebdomadaire Germinal a été arrêté jeudi dernier par la gendarmerie à Yaoundé,  la capitale camerounaise, et conduit au Secrétariat d’Etat à la Défense, siège de gendarmerie, pour un interrogatoire au sujet d’un dossier publié à la Une par ledit journal, selon les mêmes sources. Le dossier en question était un extrait d’un ouvrage publié en 2001 à Yaoundé par Daniel Ebalé Angounou, un ancien informateur du gouvernement camerounais, qui alléguait que la transmission du pouvoir par le défunt président Ahmadou Ahidjo à M. Biya en 1982 s’était opérée sur la base de relations sexuelles homosexuelles entre ces deux personnalités. Le dossier faisait partie d’une série de rapports spéciaux sur le vingtième anniversaire de la mort de M. Ahidjo en exil, qui a été largement couverte par la presse locale.

L’avocat de la défense,  Jean-Marie Ngoua, a déclaré au CPJ que M. Talla pourrait être formellement inculpé cette semaine en vertu de la loi sur la diffamation criminelle au Cameroun.

 « Jean-Bosco Talla ne doit pas être emprisonné pour avoir cité un livre », a déclaré le directeur adjoint du CPJ, Robert Mahoney. « Nous exhortons les autorités camerounaises à cesser d’user des lois pénales sur l’insulte pour emprisonner les journalistes », a-t-il ajouté. 

Le rédacteur en chef de Germinal, Duke Atangana Etotogo, a déclaré au CPJ que la gendarmerie a appâté M. Talla par un appel téléphonique provenant d’une présumée source qui voulait rencontrer le journaliste. M. Talla, qui a déjà fait l’objet d’arrestation et de menaces pour ses enquêtes sur le patrimoine privé du président Biya et d’autres dignitaires, est le second journaliste actuellement en garde à vue pour son travail au Cameroun, selon des recherches du CPJ. L’autre journaliste est Lewis Medjo du défunt quotidien populaire, La Détente Libre.