Un journaliste nigérien emprisonné pour diffamation

New York, le 24 septembre 2009—Le directeur de publication d’un journal, placé en garde à vue depuis dimanche dernier au Niger, a été accusé de diffamation criminelle mercredi passé pour un article accusant un haut responsable du gouvernement d’implication dans un scandale de corruption, selon des journalistes locaux et des médias.

Ibrahim Soumana Gaoh de l’hebdomadaire privé Le Témoin, est détenu à la prison centrale de Niamey, la capitale nigérienne, en attendant son jugement prévu mardi prochain, selon le rédacteur en chef dudit journal, Amadou Tiémogo.

Un article paru dans l’édition du 14 septembre courant du Témoin alléguait que l’ancien ministre de la Communication du Niger, Mohamed Ben Omar, faisait l’objet d’une enquête judiciaire déclenchée par les conclusions d’une enquête parlementaire conduite l’année dernière, selon Tiémogo. Cette enquête a révélé le détournement de plus de 2 milliards de francs CFA (environ 4,5 millions de dollars américains) à la société nigérienne des télécommunications, SONITEL, et a ainsi conduit à l’arrestation de certains cadres, selon des médias. Gaoh a été convoqué dimanche matin par la police nigérienne à la suite d’une plainte déposée par l’ancien ministre Omar, a-t-il dit. 

« Gaoh est le second journaliste mis derrière les barreaux au Niger tandis que le  gouvernement continue les poursuites pénales de journalistes qui rendent compte de la corruption », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. « Ce journaliste devrait être libéré et les accusations retirées immédiatement », a-t-il martelé

Gaoh est le deuxième journaliste emprisonné au Niger après Abdoulaye Tiémogo, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Canard Déchaîné. Les recherches du CPJ montrent que des poursuites criminelles pour diffamation pèsent sur pas moins de trois autres journalistes nigériens, notamment Laoual Sallaou Ismaël de La Roue de l’Histoire, Ali Soumana du Courrier, et Abibou Garba du groupe de presse privé, Dounia.

Un amendement constitutionnel adopté en août dernier a abrogé la limitation des mandats présidentiels au Niger, permettant ainsi au président Mamadou Tanjda de briguer un nombre illimité de mandats. Il a également permis à M. Tanjda de resserrer son étau sur la presse au Niger en lui donnant le pouvoir de nommer la plupart des membres de l’organe de régulation des médias de ce pays.