Le CPJ proteste la suspension de RFI en RDC

Le 19 juin 2009

Son Excellence M. Joseph Kabila

Président de la République Démocratique du Congo

s/c Ambassade de la RDC aux États-Unis d’Amérique 

1800 New Hampshire Ave. NW

Washington, D.C. 20009

Fax: (202) 234-2609

Monsieur le président,

Nous sommes alarmés par la décision du gouvernement de la RDC de suspendre indéfiniment les diffusions en modulation de fréquence (FM) de Radio France Internationale (RFI) dans les villes de Bunia et Bukavu situées à l’est du pays. Nous vous demandons ainsi d’user de votre influence pour annuler cette décision qui, selon nous, prive les résidents de cette partie de la RDC d’accès à diverses sources d’information sur le conflit dans leur région.

Le 10 juin courant, le ministre de la Communication de la RDC, Lambert Mende, annonçait la suspension par le gouvernement de RFI à Bukavu, la capitale de la province orientale du Sud-Kivu, pour des « raisons de sécurité nationale », selon l’Agence France-Presse (AFP). « Nous reprochons à RFI d’inciter les militaires à désobéir, à se révolter, à créer des troubles dans les casernes, alors que notre pays est en guerre », a écrit l’AFP, citant M. Mende.

Cependant,  M. Mende n’a cité aucun élément précis pour soutenir ces accusations générales qui ont été démenties par RFI.

Des journalistes basés à Bukavu ont dit au CPJ cette semaine que RFI a cessé de diffuser dans cette ville depuis fin mai dernier. La station diffusait des reportages critiquant la gestion de l’armée et la situation sécuritaire dans l’est du Congo par le gouvernement, ont-ils souligné.

Auparavant, le 4 mai dernier, M. Mende avait annoncé la suspension des diffusions de RFI dans la ville de Bunia, située dans la province orientale, selon les médias. M. Mende avait accusé RFI de « jeter de l’huile sur le feu  sur tous les conflits armés dans l’est du pays », d’inciter les militaires à la mutinerie et de propager des « thèses » appelant à la redéfinition des frontières de la RDC, selon les médias. Le gouvernement va couper les fréquences de RFI « une par une jusqu’à ce que nous soyons entendus », avait-il déclaré.

M. Mende avait également critiqué la couverture faite par une journaliste de RFI, Ghislaine Dupont, accusant cette dernière de « tenter de déstabiliser le pays ». En juillet 2006, le gouvernement de transition d’alors avait déjà expulsé Mme Dupont du pays sans aucune explication, selon des recherches du CPJ. Dans un courriel adressé au CPJ, Mme Dupont avait contesté ces accusations, affirmant que la décision était en représailles à des reportages sur la corruption au sein du parti au pouvoir et la mauvaise gestion de l’armée.

À Bunia et à Bukavu, les suspensions ont été imposées sur la base d’accusations très générales sans fournir d’éléments précis. Ainsi, les décisions semblent être arbitraires et basées sur des accusations non fondées. Nous estimons que les résidents de l’est du Congo ont un droit fondamental à diverses sources d’informations essentielles sur le conflit qui sévit dans leur région. Ainsi, nous vous demandons d’utiliser votre influence pour annuler ces décisions.

Veuillez acceptez, Monsieur le président, l’expression de nos salutations distinguées.

Joel Simon

Directeur Exécutif