Au Niger, le directeur d’un journal a été arrêté sans chef d’accusation

New York, le 11 octobre 2007—Le directeur d’un journal basé au nord du Niger déchiré par les conflits a été arrêté mardi dans la capitale nigérienne, Niamey,  sur présomption de liens avec la chaîne française basée à Paris,  Radio France Internationale (RFI) —une station ciblée par le gouvernement ces derniers mois pour la couverture qu’elle a faite sur une rébellion meurtrière des rebelles Touaregs, ont déclaré les journalistes locaux et les médias.

Ibrahima Manzo Diallo, le directeur du bimensuel « Aïr Info » basé à la ville d’Agadez située au nord du Niger, a été  arrêté par des policiers en civil à l’aéroport de Niamey alors qu’il était sur le point de prendre son vol pour Paris en vue de participer à un séminaire professionnel du quotidien français « Ouest France », selon l’Agence France-Presse (AFP).

M. Diallo a ainsi été placé en garde à vue sans chef d’accusation dans un commissariat de police de Niamey, et ensuite transféré  dans un endroit inconnu, ont déclaré les journalistes locaux.

Ali Diallo, le frère de M. Diallo, a déclaré à l’AFP que le policier qui a l’arrêté à l’aéroport l’a accusé de travailler pour RFI.

Aucun lien professionnelle n’existe entre RFI et M. Diallo, a dit au CPJ le rédacteur en chef adjoint du service Afrique de RFI,Wanda Marsadié. Cependant, le porte-parole du gouvernement nigérien, Ben Omar Mohamed, a refusé de faire des commentaires.

« Nous condamnons l’arrestation scandaleuse de Ibrahima Manzo Diallo sur la base d’accusations aussi ridicules », a dit le directeur exécutif du  CPJ, Joel Simon.

 « Une relation avec une agence de presse étrangère ne devrait pas être le motif d’une arrestation. Les autorités nigériennes doivent immédiatement libérer M. Diallo et cesser ces pratiques rétrogrades visant à intimider et à étouffer la presse », a-t-il ajouté.

Dans sa dernière édition, le 26 septembre dernier— la première depuis que le journal a repris son édition après une suspension de trois mois  imposée en juillet dernier par le gouvernement nigérien à cause de la couverture critique faite par ce journal sur son rôle dans ce conflit—« Aïr Info » avait publié une liste de quelques 20 personnes arrêtées dans la région sur présomption de liens avec les rebelles, selon AFP. Les autorités nigériennes avaient ainsi décrété un état d’alerte autour d’Agadez en août, donnant aux forces de sécurité le plein pouvoir d’arrestation et de détention.

Selon les médias, l’arrestation de M. Diallo fait suite à l’expulsion vendredi dernier d’un cinéaste indépendant français, François Bergeron. M. Bergeron a été placé en détention pendant un mois après son arrestation pendant qu’il tournait un film à Agadez, a souligné le quotidien français « Libération ».

A cause de sa couverture sur le conflit meurtrier qui sévit au Niger, RFI est ciblé par les autorités nigériennes qui ont ainsi interdit son envoyé spécial, Ghislaine Dupont, de se rendre au nord du pays, suspendu pour un mois  les diffusions FM de la station, menacé et emprisonné le correspondant Moussa Kaka.

Ce dernier, accusé d’être de connivence avec les rebelles,  a été jeté en prison le 24 septembre dernier sur des accusations de connivence avec les rebelles—une arrestation prétendument fondée sur des écoutes téléphoniques toujours pas rendues publiques.