Une journaliste Rwandaise condamnée à la prison après publication d’une lettre ouverte

New York, le 20 avril 2007—Un tribunal de la capitale Kigali a condamné Agnès Nkusi-Uwimana, directrice de publication du journal bimensuel Umurabyo, à un an de prison. La condamnation fait suite à une inculpations liée à la publication d’une lettre ouverte dont l’auteur critique le gouvernement, d’après des journalistes locaux et l’association de défense de la liberté de la presse Journaliste en Danger. Nkusi-Uwimana est emprisonnée depuis le 12 janvier dernier en relation avec cette affaire.

Condamnée pour divisionnisme, sectarisme et outrage, Nkusi-Uwimana a aussi été condamnée à payer des dommages et intérêts de 400 000 francs rwandais (760 dollars américains), d’après les mêmes sources. Elle a plaidé coupable lors de son procès en échange d’une réduction de la peine de cinq ans requise par le parquet. Aucun avocat n’était présent a l’audience pour défendre Nkusi-Uwimana mais elle compte faire appel, ont affirmé au CPJ des journalistes locaux.

« Il est absolument inacceptable qu’Agnès Nkusi-Uwimana passe un an derrière les barreaux pour avoir publié une lettre d’un lecteur » a dit Joël Simon, le directeur exécutif du CPJ. « Sa condamnation est un nouvel exemple de l’usage inquiétant par les autorités d’accusations de sectarisme et d’outrage pour faire taire le journalisme au ton critique. Il est impératif que de telles pratiques cessent. »

L’inculpation de la journaliste fait suite à une lettre anonyme, publiée le 1er janvier, comparant les tueries ethniques durant le règne du président Paul Kagamé, dont le gouvernement est dominé par les Tutsis, à celles du régime Hutu précédent, d’après des recherches du CPJ.

Le régime de Kagamé a systématiquement utilisé des accusations de « divisionnisme » et de « sectarisme » pour faire taire les voix critiques, y compris les médias. Dans une déclaration publiée le mois dernier, la Ligue rwandaise pour la promotion et la défense des droits de l’homme a affirme que « des journaux indépendants comme Umuco et Rushyashya sont accusés d’idéologie de génocide et de séparatisme, sans preuve pertinente, dans le but de les museler » d’après le quotidien progouvernemental The New Times.